Junes Davis

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Quand tu écris un livre pour ton père ça donne quoi concrètement

Quand tu écris un livre pour ton père ça donne quoi concrètement

Il y a 2 ans mon père a eu l’idée enchanteresse de vouloir écrire un livre où il racontait ses aventures professionnelles. Je ne sais pas du tout pourquoi il a tout de suite pensé à moi, pourtant je ne lui avait rien fait de mal. Après réflexion, j’ai tilté qu’il a peut-être vu en moi l’écrivain de la famille. Après (énormément) d’hésitations, et plusieurs (jours) minutes de réflexion j’ai accepté de relever ce défi. A cette occasion, j’ai aussi compris que la frontière entre un esclave et travailler pour l’un de ses parents est bien mince. Etant donné que le décalage horaire n’a jamais été un obstacle à la communication pour papa (c’était plus pour moi que c’était plus compliqué, mais ça franchement qui s’en souci hein ! C’est pas comme si j’avais un mari, une maison, des enfants, un boulot à gérer, non point du tout !), les appels stridents de 3h00 du mat’, me laissent un souvenir effroyable.

Dans un état semi-comateux, l’œil collant du mascara de la veille, le petit filet de bave sur l’oreiller, je me réveillais en sursaut par l’appel téléphonique de la nuit. Au début, je décrochais complètement flippée qu’il ne soit arrivé quelque chose à l’un des membres de ma famille. La bouche pâteuse je répondais :

– QU’EST CE QUI Y A ? Qu’est ce qui se passe ? QUI EST MORT ?

–Mais personne, calme-toi. Bon, regarde, j’ai eu une idée pour le chapitre sur Torah et Féminisme. Tu sais que j’ai toujours été un grand défenseur des droits de la femme.

–Et du sommeil ! T’as été un grand défenseur du droit du sommeil ?

–Je t’ai réveillé ? Pourtant tu ne dors jamais.

–Ok je ne suis pas une grande dormeuse mais je suis une humaine comme Beila dans Twilight. On parle demain. Bye.

– Ecoute moi bien, si tu me raccroches au nez, je vais très mal le prendre.

–Tu peux pas. T’as besoin de moi. Bye.

En faisant lourdement abstraction du côté susceptiblo-maroco de mon papounet, je devais illico PESCO retrouver la tranquillité de mes nuits, car mon Roi du Maroc menaçait de me priver de moufletas pour la prochaine mimouna. Et ça c’était impensable !

Prenant le problème à bras-le-portable, avant le dodo, je mis mon tel sur silencieux et expliquais à mon padré la fonction audio sur Whatsaap. S’il avait une idée qui lui venait à l’esprit, il ne fallait pas qu’il hésite à me l’enregistrer. Je crois que j’ai pas du bien tout lui expliquer car cela donnait ça :

–Allo bonjour… Bonjour ma fille… allo… c’est papa. Tu m’entends ? Bon rappelle-moi quand t’es debout.
Lui a vite laissé tomber cette fonction du tel mais moi je gardais la mienne. Au petit matin, nos échanges donnaient ça : –C’est bizarre je t’ai appelé, t’as pas répondu.

–Je crois que l’on a déjà abordé le concept du sommeil.

–Ne sois pas insolente. Bon on reprend ?

–Je dois emmener les enfants à l’école.

–Et ton mari ?

–Papa, je te rappelle !

–Quand ? Quelle heure ? Tu crois que je suis à ta disposition ?
–DÈS QUE JE PEUX, BYE ! MAIS BYE QUOI !

Plusieurs fois je me dirigeais vers le commissariat le plus proche pour porter plainte pour harcèlement téléphonique contre son propre père (qui plus est, un Rabbin!) mais cela aurait été mal vu. Et puis, finalement est venu le moment fatidique où j’avais assez de matière pour rédiger son livre. Je pouvais me concentrer sur le remaniement du texte brut. En gros c’est comme si tu faisais le tri de ton armoire : “Je garde. Je jette. Je mets jamais cette jupe mais je la garde parce que je l’adore”. En commençant à bosser dessus seule, je compris que je tenais une revanche personnelle qui datait de 16 ans en arrière ! Eh oui, il arrive à la Davis d’être rancunière.
Pour comprendre, se plonger dans le tome 1 de mon livre de la vie déjantée. Lors de mon mariage, nous avions donné au traiteur l’arbre de vie (très bon), un nombre d’invités exact. Comme nous n’avons pas fait de grande soirée, juste après la syna, nous avions prévu 200 personnes. Donc tous les invités de la syna ne pouvaient pas être invités pour le cocktail. Un mois avant le mariage, je demandais à mes parents de me noter sur une feuille leur nombre d’invités. Bizarrement j’obtenais de vagues réponses de leur part.
À chaque fois que je questionnais mon père sur le sujet, sa réponse restait évasive. La seule chose qu’il m’avait demandée, c’était un exemplaire de mon invitation du mariage. Quelques jours avant le jour J, me levant vers midi (c’était une autre époque), j’entendis mon père demander à des gens qui étaient dans notre salon que je n’avais jamais rencontré de ma vie s’ils étaient occupés le 4 décembre.

–Non, rien de prévu.

–Je vous invite au mariage de ma fille. D’ailleurs la voilà. Ma chérie, va me chercher ma sacoche. Je vais donner à monsieur Elkouby une invitation.

Super, supra, méga énervée je vais chercher sa sacoche. En tirant violemment dessus, qu’est-ce qui se passe ? Tout le contenu de la sacoche se répand au sol et je vois au moins 500 invitations DE MON PROPRE MARIAGE étalées par terre. Choquée, je vais le voir et lui demande des explications. Au lieu d’être gêné, il se met à rire comme un fou car apparemment depuis deux mois il distribuait à chaque personne qu’il croisait une carte d’invitation photocopiée en couleur (papa fait les choses bien). Résultat : Nous étions plus de 800 personnes. Madame Wizman, le traiteur avait voulu nous hacher comme son foie tant cela avait été ingérable.
Du coup avec son livre, je tenais ma revanche ! Sans rien lui dire, j’ai tout remanié à ma sauce. Je ne vous dis pas la surprise quand il l’a lu. Quand il m’a demandé des explications, je lui ai rappelé ce souvenir. Et comme il a beaucoup d’humour, il a rit exactement de la même manière qu’il y a 16 ans.

On rigole, on rigole mais en réalité si je lui ai écrit ce livre et me suis galérée ma mère (pardon maman, c’est une expression !) c’est parce qu’il m’a toujours soutenue. Il  a été le premier à m’encourager à devenir écrivain. Il a tout fait pour que j’arrête de me soucier du regard des autres et surtout du mien si cruel parfois ! Plus jeune, chaque fois que je faisais une crise de maladie périodique, peu importe s’il était à une réunion au sommet, il lâchait tout pour venir me chercher, jusqu’à me tenir les cheveux quand je vomissais ma mère (bon là je mérite une tannée de ta part!) L’amour et l’admiration que j’éprouve pour lui est éternel. Ce livre est un modeste cadeau en comparaison à son soutien indéfectible même quand j’entreprends les projets les plus fous ! Je vous laisse découvrir « Mémoires d’un Rabbin à sa fille » qui aime vraiment beaucoup son père. À toute, je dois me connecter en zoom avec ma psy pour soigner mon complexe d’electre ! Bye.

Pour commander le ?, c’est pas ici.

Mémoires d’un Rabbin à sa fille

Ps : J-2 semaines avant ma tournée française youhou ! Pour participer contactez-moi sur junesdavis55@gmail.com

 

 

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