Junes Davis

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Quand tu te retrouves à parler devant 80 femmes voilées ….

Mais comment ? Comment je me suis retrouvée devant un public féminin 100 % féminin et musulman à répondre aux questions d’une journaliste ? Je vous dis tout… Attention vers la fin chronique totalement déjantée.

Parfois, je me dis que nous créons nous même des situations soit saugrenues, soit de galériennes ! Là, c’était un peu des deux… On est dimanche matin. Il fait beau. Je suis dans le quartier du Marais. Jusque-là tout est okay. Je m’avance devant un panneau où l’on peut lire écrit en gros MODEST FASHION (Modest c’est l’équivalent de Tsniout chez nous.). Je montre mon badge virtuel pour entrer dans cet évènement Fashion où j’ai été invitée par les organisatrices de cette journée exceptionnelle Modest et Fashion. On m’a demandée de participer à cette rencontre inter-communauté. Le sujet du jour était la mode et la religion : Peut-on être Fashion tout en suivant nos codes religieux ?

Heureusement, ce sujet c’est un peu mon dada. Ne comprenant pas trop encore mon rôle à jouer là-dedans, j’avais écrit : why not. 

Donc le cerveau complètement vide n’ayant aucune idée de ce que j’allais bien pouvoir dire, j’y suis allée ! La fille hyper préparée. C’est horrible parce qu’à chaque fois que je dois parler, je fais les choses à l’arrache. Pourtant j’aimerais tellement être différente ! Préparer un speech, faire des recherches mais oï rien que de m’imaginer m’assoir devant mon ordi j’ai mal à la tête (c’est ballot quand on est écrivain !).

Je regarde autour de moi et découvre des tas de stands pour femmes musulmanes avec maillots de bain ultra couvrants, tenues de henné, des Burqas… ! Comme je suis à des millions de kilomètres de mon milieu, je ne me sens pas forcément hyper à l’aise. En même temps, qui ne le serait pas ? Va mettre une femme voilée en plein événement feuj dans le 19e avec la chanteuse Mazal au micro et Mariacha Dray devant un autre micro, c’est pas dit qu’elle s’en sorte mieux que moi.

Le pas fébrile, je m’avance à travers les stands et on m’indique que le “talk” : c’est en haut. Je monte à l’étage et très vite les chaises se remplissent pour écouter les intervenantes. En un décollage de faux cils (j’en perds toujours un, soit au-dessus de ma tasse de café, soit quand je parle à un client, la classe !), je suis assise juste à côté d’un docteur en mode. Je ne savais même pas que ça existait comme métier. On nous pose des questions et Docteur Fashion n’hésite pas à citer les femmes juives américaines qui dans les années 80 en avaient marre de s’habiller avec des fringues pas modernes, inspirées de l’ancien temps. Ce sont elles qui ont créé une sorte de mouvement où la modernité se conjugue avec la Tsniout en trouvant un juste milieu qui existe toujours aujourd’hui. je trouve la docteur Fashion méga intéressante. Je l’écoute avec beaucoup d’intention alors que d’habitude j’avoue que je suis plus focus (et terrorisée) sur ce que je vais raconter. Très vite on nous pose des questions et chacune répond avec sincérité sur les difficultés que nous rencontrons au quotidien à allier nos codes vestimentaires & la mode. La journaliste nous parle du combat à mener pour revendiquer qui nous sommes. Plutôt que de jouer les féministes à deux euros, j’explique en toute franchise que je ne vois absolument pas en quoi « s’habiller Tsniout » est une lutte (À part sous 40 degrés et t’as envie de crever) ! Affirmer son rapport avec D. par le vêtement tout en évoluant dans la société est juste top.

Je sens une vraie connexion avec l’assistance et aussi bizarre que cela puisse paraître, ne regrette pas d’être venue. 

Comme je l’ai déjà écrit dans mes précédents articles, je vous avoue que depuis quelques mois c’est pas la joie. La nuit dans mon lit, on peut facilement me confondre avec un zombie de Walking Dead tant ma bave et mes pleurs se mélangent parfaitement. Seulement voilà, dès que je dois prendre la parole (je remercie ceux qui prennent le risque de me la donner) ou écrire un post ou une chronique, mes émotions sont sur pause. Imaginez le carnage si un jour on me redonne le micro et je le lâche plus sous prétexte que cela me fait du bien. La folle dingue qui ne s’arrête plus. Au bout de 20 minutes, les organisateurs ont des gouttes qui perlent le long de leur colonne vertébrale et appellent des bodygardes pour m’évacuer. Quatre bonhommes dont Kevin Costner accompagné de Whitney Houston accrochée à son bras, me soulèvent pour me faire lâcher prise. Comme je ne veux pas, je crie : RENDEZ-LE-MOI ! RENDEZ-LE-MOI ! JE VAIS MIEUX ! JE VAIS MIEUX ! Sous le choc, les invités sortent leur téléphone pour filmer toute la scène qui sans pitié à la seconde la balanceront tout en story ! On m’évacue de force de la scène mais je m’accroche aux marches et continue de hurler au micro : JE VEUX ENCORE VOUS PARLER ! LAISSER MOI ENCORE VOUS PARLER ! NE ME LAISSEZ PAS ! On me coupe le son et en un autre cil se barre ! Kevin Costner me pousse vers le trottoir. Whitney remix “will always love you” par “we don’t love you ! Get OUT ! ” Dépitée et toute décoiffée, je veux enfourcher ma trottinette à quatre roues mais Will Smith arrive ! Il m’annonce qu’il a quitté Jada. Il s’est enfin rendu compte à quel point elle était trop toxique pour lui ! Dans l’après-midi, il s’est fait accoster par un petit Habad qui lui a mis les Tefillins. Pour la première fois de sa vie, il comprend qu’il est juif. Son père le lui avait dit sur son lit de mort mais par le choc du décès il avait occulté l’info (En vrai je sais pas si le père de Will Smith est mort mais on s’en fout, c’est pour l’histoire ! ). Du coup il me propose d’aller boire un verre et on se retrouve au Tib’s du 19e à commander une salade aux fausses crevettes et on parle toute la nuit. La première partie de la nuit aura servi à déterminer s’il aimait les fausses crevettes et l’autre, s’il aimait le concept des aliments faux reconstitués pour faire vrai.

Blague à part, quoi qu’il se passe dans votre vie, à n’importe quel âge, il est primordial d’avoir un domaine qui n’appartient qu’à soi. Sans le conjoint, sans les enfants, sans les amis, sans la famille. Juste soi ! Cela sauve de tellement de choses et qui sait… Peut-être qu’au détour d’une soirée vous vous retrouverez chez Rosetta dans le 17e en compagnie de Quentin Tarantino…

Je vous embrasse fort !

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