Si chaque fois que l’on m’avait dit cette phrase j’avais reçu un dollar, j’aurais pu racheter la Trump Tower dans laquelle j’habite. Mais est-ce vraiment si grave après tout !? Je vous raconte aujourd’hui une anecdote très personnelle pour répondre à cette question. Bisous.

« Le mieux est de ne se soucier de personnes et de faire sa vie ! Que tout le monde aille se faire voir ! Voilà ! » avait été l’une de mes nombreuses résolutions que j’avais prise il y a deux ans. C’était à la suite d’un pamphlet assez spectaculaire (mais pas dans le bon sens) qui avait été publié sur ma personne, venant d’une personne que j’avais aidé à s’émanciper sur les réseaux. J’avais nommé l’affaire le Junes GATES ! J’en avais eu ma claque que l’on me prenne pour un self-service, on passe avec son plateau, on prend ce qu’on a besoin et on laisse Juju sur le bas-côté comme un produit même pas éco-réutilisable. Mais alors pourquoi, du moins dans mon cas, je n’arrivais pas à changer pour autant !?
À notre décharge, en tant que juif, ce n’est pas facile de s’y retrouver ! Surtout si tu as un pied dans la Torah et un autre sur Madison Avenue à écouter Fun Radio (le vieux truc !). Tu peux vite devenir schizophrène, bipolaire ou carrément folle à te demander : Mitsva ou Mitsva pas !? Surtout si tu lis Elle Magazine (genre la référence !) qui te balance à longueur d’articles que tu dois trouver le bonheur à travers toi, vivre pour toi, alors que selon notre Torah tu dois te soucier et donner un minimum à l’autre. Avouons que c’est vachement difficile de trouver un juste milieu ! Pour y remédier, je me suis mise à prendre « ce problème » qui est une marque de faiblesse pour le syndicat des nondistes (les gens qui savent dire non et envoyer balader quand il faut !), et d’entamer une vraie thérapie.
Trente-huit séances plus tard, je commençais à saisir le concept du « non », à comprendre comment poser des limites surtout aux blatus sans gênes : « Slt junes Lol, tu me fais de la pub gratuite Lol ! Salut, je peux avoir un livre mais je veux pas payer ? » et d’arrêter de me sentir hyper mal si je ne pouvais répondre à la seconde à un message ou à quelqu’un qui avait besoin de renseignements ou d’un conseil.

Peu à peu je prenais confiance en moi, et devenais une personne qui me ressemblait de moins en moins, ce qui voulait dire que je ne jetais pas mon argent pas la fenêtre Et puis un jour en pleine séance je reçus un message étrange. Le mieux c’est que je vous raconte l’histoire depuis le départ :
Je devais avoir 14 ou 15 ans. Sur les coups de 4 heure du matin, ma maman m’avait secouée comme un cocotier pour que j’aille garder les enfants de notre voisine. La pauvre dame venait de perdre sa grande sœur, alors que son mari était en déplacement. Le regard hagard, aussi fraîche qu’un vampire devant une gousse d’ail, je me souviens avoir enfilé le premier truc qui m’était tombé sous la main afin de faire ce que l’on attendait de moi.
Je m’étais mise quand même à pester contre ma mère qui m’avait tirée de mon sommeil et d’une phrase elle m’en avait vite dissuadée :
–Ma fille arrête de grogner et va rendre service.
–Et les autres (mes frères et sœurs) ils ne peuvent pas y aller eux ?
–Non. Je compte sur toi.
Aussi bougonne qu’un bouledogue autrichien, je m’étais abstenue de tous commentaires, et étais descendue pour me rendre au trottoir d’en face.
En arrivant chez la voisine, elle était si bouleversée qu’elle avait à peine échangé trois mots avec moi. Avant de prendre ses clefs de voiture, elle m’avait juste invitée à me reposer sur le canapé. Après son départ, une petite tête était passée par le salon et avant même d’avoir le temps de réaliser qui était le propriétaire de ce petit corps, il était reparti dans sa chambre. Sur les coups de 9h, la voisine était revenue. Et moi j’étais rentrée. Pendant des années, je n’ai plus du tout repensé à ce service rendu.
Malgré tout, en grandissant j’avais pris goût à rendre service « pour rien ». Mille et une fois, je me suis retrouvée dans des situations de vraie galérienne qui m’ont souvent portées plus préjudice qu’autre chose. Ce qui rend assez dingue mon mari qui règne pleinement sur deux pays : le Maroc et celui de l’art de de savoir dire non sans jamais culpabiliser !
En pleine séance avec ma thérapeute, je reçus le message d’une jeune fille qui me demandait si j’étais bien Madame unetelle, fille du Rabbin untel. Tandis que ma thérapeute me parlait, je répondis très rapidement par l’affirmative. Sa réponse ne s’était pas fait attendre. Je ne pouvais faire autrement car sa réponse elle sur mon écran. Elle me racontait qu’une nuit sa mère avait perdu sa sœur dans un tragique accident de voiture. Étant l’aînée de ces quatre petits frères, même si elle était très angoissée à l’idée de les garder, elle avait quand même proposé à sa mère de le faire car personne n’allait se déplacer en pleine nuit pour les surveiller. Et puis, je m’étais pointée à peine cinq minutes après le coup de fil de sa maman qui demandait de l’aide au Rabbin de la ville. J’étais restée jusqu’au retour de sa mère.
Selon ses dires, je lui avais enlevé un poids énorme de sa poitrine de petite fille, alors que je n’en avais même pas conscience. Cela faisait des années qu’elle me cherchait sur les réseaux et tenait à me remercier. La vie a fait qu’elle m’est retrouvée ce jour-là, à cette heure-ci précisément ! Pourtant D. bénisse on peut dire que je suis sur-présente sur la place web. Je n’avais jamais autant réalisé à quel point un minuscule effort de ma part avait eu un aussi grand impact.
En pleine séance ou j’essayais de trouver par tous les moyens des solutions pour me débarrasser « de cette horrible » envie de rendre service tout le temps, mes larmes ont commencé à couler le long de mes joues. Ce message était une piqure de rappel des cieux ! Bien sûr qu’il était urgent de réduire mes ardeurs, surtout avec la copine qui abuse toujours de ta personnalité car elle sait à tendance à toujours dire oui. La Torah elle-même nous demande d’effectuer de bonnes actions de façon modérée mais qu’est-ce que ça fait du bien de savoir qu’on a pu être utile !
Bien que cela rend toujours aussi dingue mon mari de savoir que je réponds à une foule de personne juste pour me rendre utile ou que je fasse plein de trucs qui ne me ramène pas de profit (argent ou bien-être !) je m’en fous. Of course, il faut mettre des limites et de la distance car c’est nécessaire pour l’autre, mais en vrai si je me fais passer pour une fille « trop accessible » ou « trop gentille » bah, je m’en tape royale. Si rendre service est une marque de faiblesse dans notre époque, alors je suis volontiers une femme faible. Comme dit mon papa, n’ayons jamais peur de se montrer trop bon. On te le rendra au centuple le jour où tu t’y attendras le moins car si toi tu oublies tes bienfaits, Hashem, Lui est toujours là pour nous les rappeler !
Gros bisous mes amis.