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–Mais comment tu t’y prends trop mal avec elle ! Avait été la phrase qui avait déclenché mon monologue d’hystérique (sic les personnes qui vivent avec moi !).
Tout a commencé quand la nouvelle a été rendue officielle : La maman des jumelles (moi !) est une grosse teubé ! Une godiche, quoi ! C’est Miss K. qui a donné l’alerte à toutes les autres profs. Même, si avant le confinement, il y avait un gros doute sur ma personne, là c’est confirmé. À ma décharge tout est en anglais, même si je pense que ceci n’est qu’un faux prétexte. On aurait pu croire que le niveau CE1 était à ma portée, mais je ne me souviens pas qu’à cet âge, on me demandait de faire la différence entre les « similes and metaphors ». (Shkoun les smilies ? Apparement, c’est les comparaisons). J’ai même levé la main pour que la dame m’explique une deuxième fois le concept mais j’ai été mise sur Mute pour ne pas perturber la classe. Faut pas être susceptible surtout !
Le cauchemar commun de Fifille 1 et moi-même. Comme elle avait un test le lendemain, je n’avais pas le choix que de la faire réviser. Dans le salon, j’ai essayé de lui faire comprendre le concept des soustractions.
–Alors ma chérie, j’ai 3 doigts. Si j’en enlève 2, il m’en reste combien ?
–Bah tous les autres.
–Bon, j’ai 4 sucettes.
–On a des sucettes ?
–Non. Donc mais si j’ai 4 sucettes. J’en ai mangé 3. Il en reste combien ?
–Mais tu m’as dit qu’on en avait pas des sucettes ! Et si t’en manges 3, ça veut dire que t’en as mangé beaucoup et que tu ne m’en as pas laissé.
La vla qu’elle mettait ses petits bras sous les aisselles pour montrer qu’elle était super énervée contre moi. Après elle s’était mise à pleurer de grosses larmes, me suppliant de la laisser tranquille.
D’un côté, je voyais bien que ça servait à rien d’insister. De l’autre, elle avait son test le lendemain et je voulais vraiment qu’elle le réussisse. Le mari qui était à côté, (Il n’avait que le son pas l’image, puisqu’il bossait les yeux rivés sur son écran), s’était mis (on ne sait pourquoi !) à donner son avis.
–Faut dire toi aussi, tu t’y prends mal avec elle.
MESSIEURS NE FAITES JAMAIS ÇA ! SURTOUT QUAND VOTRE FEMME A JUSTE BESOIN D’UN PSEUDO SOUTIEN !
–Bah alors vas-y, toi ! Essaye de lui apprendre alors !
–Mais je bosse, moi !
–Bah alors te mêle pas !
–Ça va j’ai rien dit ! Me saute pas dessus.
–Si. Tu as dit que je m’y prends mal ! Tu crois que c’est facile peut-être !?
–Je sais pas moi ! Essaye une autre méthode, parce que là, t’es en train de la dégouter de l’école.
–Mais, je fais ce que je peux !
–Non mais je rêve ! Déjà que je me colle les Zoom de 9h à 15h00 pour être au taquet mais en plus, tu me fais des reproches. Ne me sors pas qu’elles doivent être autonomes, elles restent pas en place. Rajoute à ça que je me couche tous les soirs à minuit pour assurer mon boulot, je te prierai de rien dire.
–Oui mais t’en fais trop, toi aussi !
–Si j’en fais trop !? C’est juste que je fais ce qu’il y a à faire sinon PERSONNE ne fait rien dans cette maison.
–Mais moi je veux bien t’aider à débarrasser la table.
Pourquoi certains hommes se mettent toujours dans une posture d’apporter son aide ! Alors qu’eux aussi vivent dans la même maison. C’est un mystère jamais résolu par la science jusqu’à ce jour !
D’un coup, c’était comme si j’avais été propulsée sur la planète Neptune. Là où il est permis de crier sans retenue. De laisser le linge s’accumuler sans que quelqu’un vienne ne vienne réclamer ses sous-vêtements propres. Car oui, miraculeusement personne ne demande jamais pourquoi il y a à disposition toujours un stock de propre, rangé dans sa commode.
Ancrée dans la planète terre, je m’étais mise à taper un scandale, pour ensuite pleurer (réaction très mature à l’aube de mes 39 ans !) et conclure que de toute façon je n’en faisais jamais assez. Après 2h de revendication ou ma voix est souvent montée dans les aigües, j’étais partie me prendre un bain.
tout à coup, j’entendis le bruissement d’une feuille. Quelqu’un avait glissé un mot sous la porte. La curiosité prenant le dessus, je sortis du bain pour choper le papier. Là, je découvrais une soustraction : J’ai 1 maman. Si j’enlève celle que j’ai, il me reste combien de maman ? La même parce qu’elle est la meilleure. Merci maman pour tout ce que tu fais. Avec dessus les initiales de tous les membres de ma famille.
Enroulée dans ma serviette, je savais que c’était le Roi du Maroc qui avait orchestré cet armistice. En sortant de la salle de bain, j’avais laissé toute mon épuisement mental s’évaporer dans le siphon (en même temps qu’une poignée de cheveux. J’en perds des tonnes !). Ce que je retiens de cette période, à part le fait que depuis le 5 mars, j’ai le sourcil broussailleux, les ongles pas fait depuis deux mois, (même pas en rêve j’essaye toute seule. Une fois je l’ai tenté, on aurait dit qu’une grand-mère mal voyante qui s’était essayée à la peinture sur soie), les racines de trois kilomètres qui font ressortir mes cheveux blancs, texture nylon, j’ai décidé d’arrêter de m’acharner à vouloir remplir toutes les cases : MENAGE/ REPAS/ ECOLE/ BOULOT/ COUPLE/ SPORT/ BIEN-ÊTRE/ DIETETIQUE. À lâcher l’affaire sur plein de trucs.
Le mieux c’est de faire ce que l’on peut. Le reste on s’en balance ! Nous ne sommes pas des esclaves dans une plantation de coton ! N’oubliez que nous sommes de la main d’œuvre gratuite qui œuvre pour la bonne marche de nos familles. Et si quelqu’un n’est pas content, au lieu de se plaindre, bah il peut très bien le faire lui-même. Car le plus important c’est de KIFFER chaque jour d’être en bonne santé.
Je vous embrasse. Vive la fin du Omer qu’on puisse se crever les tympans à écouter de la musique. Gros bisous.
Ps : Je vous partage les liens d’articles que j’ai lu sur le même sujet car apparement, c’est normal !
https://www.burnoutparental.com/le-burnout-parental-et-le-confineme
https://www.lefigaro.fr/decideurs/management/confinement-cinq-cles-pour-eviter-le-burn-out-20200416
