– Pardon ! Pardon ! Excusez-moi Monsieur, pouvez-vous me laisser passer, je n’ai qu’un achat à régler !
Le monsieur au chapeau melon sans bottes de cuir m’avait regardé de la tête aux pieds avant de marmonner un vague : « allez-y ». Depuis que je ré-habite à Paris, j’essaye de me ré-habiter à cette façon qu’on les gens de vous dévisager. Non pas parce que vous avez l’air folle ou avez du persil entre les deux, mais parce que tout le monde regarde tout le monde.
Cela dit à quelques jours de Kippour, je venais de demander à un parfait inconnu trois fois de suite pardon et de deux manières différentes. En marchant vers mon AIRBNB (c’est la tannée pour trouver une location ! J’en suis à ma 20 ième visites !), je me disais que mise à part ce côté « So french ! » de se montrer ultra poli dans des situations quotidiennes, quand était-il des pardons sincères !? En portant mes courses à bout de bras, contractant le ventre croyant me faire les abdos (je sais pas pourquoi je fais toujours ça !) j’étais en train de penser à cette ancienne copine avec qui j’étais en froid depuis un moment. Pourquoi ce froid polaire entre nous ? Eh bien selon les codes de la convention DAVIS, elle le méritait ! Je me souviens que pendant des semaines, j’avais recueilli ses confidences sur ses prises de bec avec sa belle-mère. L’une était partie racontée à son fils qu’elle soupçonnait sa femme de le tromper avec un autre. Accusation gravissime, monstrueuse et honteuse ! Oui, tout ça à la fois ! La situation entre les deux femmes avait tellement dégénérée que poussées par une haine mutuelle et viscérale, ma copine avait traité sa belle-mère « de coureuse de remparts » ! J’avais répondu à Jo qu’elle aurait pu s’abstenir de cette insulte moyenâgeuse qui s’attaquait aux mœurs de sa belle-maman. Oh my Lord ! Cela avait jeté un sacré froid et avait vite mis un terme à notre conversation. Plus tard, elle m’avait même envoyé un long message m’accusant d’avoir manqué de loyauté envers elle, comme quoi j’avais pris la défense de sa pire ennemie blabblala. Sur le coup, je l’avais trouvé bien sévère avec moi. Puis la réalité me frappait : même lorsque nous étions au top de notre relation, j’étais souvent mal à l’aise alors à quoi bon demander lui pardon « de ma maladresse ». Du coup, j’avais fait le choix de ne pas répondre parce qu’il arrive un moment dans ta vie, ou t’as plus l’envie de te prendre la tronche avec tes copines. D’ailleurs je lis un livre super : « Dire non est tellement jouissif » de Sarah Knight.
Au fil de l’eau, la disparition des notifs WhatsApp de Jojo m’avait quelque peu soulagée. Alors pourquoi me sentais-je coupable ? Pourquoi chaque fois que je repensais à Jojo, j’avais mal au ventre en respirant (Tu sais cette sensation désagréable comme quand tu dois passer un examen). En rangeant les courses, je pris la décision d’y remédier.
En faisant apparaitre le génie de lampe, à la vieille de Kippour, je lui confiais que je me trouvais vachement hypocrite de reprendre contact et de demander pardon, juste parce que c’était la fête ! En tournoyant sur lui-même il me sortait que justement les Sélihot, le mois Tichri et Kippour, servait d’introspection personnelle et donc rien à voir avec l’hypocrite. Bien au contraire ! Tous les pans de nos vies doivent être analysés en détail car notre pratique de la Torah n’est que dans le détail ! Sans eux, on vit une Torah approximative. Pardonner nous libère de ce costume inconfortable « de victime », prisonnière de nos rengaines du « Elle a pas été sympa avec moi. Elle m’a mal traitée ! etc… »
Alors avec l’homme bleue, d’emblée, nous avons écarté le fameux message que l’on transfère en continu à tous ses contacts avec pleins d’émojis et de pommes pour souhaiter de passer de bonnes fêtes. Faisant apparaître mon téléphone, j’optais pour une autre option de génie : La voice note. Ce n’est pas aussi courageux qu’un appel mais pour une lâche comme moi c’était déjà pas mal ! Surprise ! Quelques minutes plus tard, Joséphine me laissait un message en retour. J’étais ravie de l’entendre me parler de ses dernières vacances à Mykonos « Où il y avait TOUT LE MONDE ! » Avec en prime : « Tu m’as grave manqué ! Faut absolument que l’on se voit ! ». De peur de déraper de nouveau, je décidais d’attendre Souccoth pour la rappeler pour de bon.
On peut appliquer la même stratégie avec ses parents, ses frères et sœurs, son mari et même l’un de ses enfants avec qui on est en froid ! Décider de leur pardonner c’est libérer c’est se sentir bien plus léger et stopper un certain nombre de maladies. J’avais lu ce livre de Rav Cohen qui expliquait que chaque fois que l’on avait mal quelque part, cela correspondait à quelque chose que l’on n’avait pas réglé avec nous-même, ou avec une tierce personne.
En gros on s’en fout des actions de l’autre, c’est comment tu vas réagir qui va faire toute la différence. Pas la peine de savoir « comment pardonner » si on a la volonté de le faire en joignant ensuite une action ! Hashem s’occupera du reste.
Je vous fais de gros bisous et te souhaite de passer un super Kippour. Gmar Hatima Tova !
Session de rattrapage pour ceux qui n’ont pas encore téléchargé le 1er épisode de la Petite Religieuse de la rue Mouffetard. Ici L’épisode 2 arrive après Kippour.
https://www.junes-davis.com/2021/09/05/la-petite-religieuse-de-la-rue-moufftard/
Je vous partage aussi mon article sur « Quoi lire à Kippour quand on est à la maison ? »