Dossier femme d’influence. Portrait 2 : Rachel Freier

La semaine dernière je vous partageais un article sur la Rabbanite Jungreis. Cette semaine je vous fais (re) découvrir cette femme d’influence au destin exceptionnel : Rachel Freier. La première femme ultra-orthodoxe à avoir été élue juge aux États-Unis. Pour l’avoir rencontrée, pas plus haute que les 1m 50, elle dégageait un fort charisme. Dans cet article, vous trouverez le lien pour visionner l’intégralité du documentaire qu’Arté lui a consacré. Qui a dit que les super héros devaient tous porter une cape ? Chana Tova.

Lumière sur la jeunesse de Rachel Freier, le parcours exceptionnel de cette femme juive.  La juge Freier est née à Borough Park, à Brooklyn. Elle est l’aîné d’une famille de cinq enfants. Alors qu’elle fréquentait le lycée Bais Yaakov à Borough Park, elle a suivi un cours de sténographie juridique, et a obtenu son diplôme en 1982. À 19 ans, elle épouse David Freier, avec qui elle a eu six enfants. En 1994, afin de soutenir son mari qui étudiait la Torah au Kollel, elle a d’abord travaillé comme secrétaire juridique pour des avocats bien plus jeunes qu’elle. Puis, elle s’est rendue compte qu’elle en voulait plus ! À l’âge de 30 ans, déjà maman de trois enfants, elle entre à la Brooklyn Law School. Quatre ans et trois enfants de plus, elle obtint son diplôme. En 2006, elle passe le barreau de l’État de New York. En 2016, elle a fait campagne et a été élue juge de l’État de New York. Devenant ainsi, la première femme juive hassidique dans toute l’histoire des États-Unis, à être élue juge au tribunal civil de New York et, à occuper une fonction publique.

Pionnière dans le domaine de la femme juive hassidique observante de la Torah, à de nombreuses reprises, elle a dû s’expliquer auprès des non-juifs et des juifs pratiquants ! Son parcours intrigue, dénote et dérange certains ! Comment une maman de six enfants, venant d’un milieu ultra strict orthodoxe de Brooklyn a osé, visé ce poste ? Je précise qu’elle fait ses Hallot/son pain tous les vendredis, ce qui prouve qu’elle ne néglige aucun domaine, surtout pas celui d’être une femme d’intérieur. Mais quel est donc son secret ? « Ne lâchez pas vos normes ! N’abandonnez jamais ! » sont ses réponses.

D’après le documentaire qui retrace sa carrière, je rajouterai que sa persévérance, sa foi inébranlable envers D., le soutien permanent de sa famille, et sa volonté de fer sont des ingrédients qui ont été indispensables à sa réussite ! Pour ce qui est des épreuves à surmonter, Madame la Juge n’est pas en reste. Elle a fondé Ezras Nashim en 2011, un service d’ambulance composé de femmes juives bénévoles et orthodoxes. Depuis des années, les ambulances Hatzala étaient dirigées uniquement par des hommes et détenaient le monopole. De par son initiative, Ruchie forme un groupe de femmes volontaires pour intervenir en cas d’urgence. Proposant ainsi un service supplémentaire pour les femmes. On peut comprendre que certaines d’entre elles, n’étaient forcément à l’aise d’accoucher en direct live par l’un de leurs voisins de palier. Bien entendu, ni la race, ni la religion ne doivent rentrer en ligne de compte quand il s’agit de sauver une vie. Cependant, à compétence égale entre un homme et une femme, avoir le choix de consulter l’un ou l’autre était une nécessité mais aussi un acte révolutionnaire et de pur féminisme ! Si pour nous, hors système cela parait logique, du côté des hommes un tel changement était impensable. Les chefs de corps d’ambulances ont d’ailleurs rejeté en bloc l’idée, allant jusqu’à lui envoyer des menaces de mort afin qu’elle cède sous la pression et abandonne pas son idée. Perso, quand je reçois un message négatif sur une phrase que j’ai écrite dans l’un de mes articles, je mets trois jours à m’en remettre. Ce qui en dit long sur sa force de caractère et de son combat !

La mise en place d’Ezras Nashim fut très compliquée, jusqu’au jour où le New York Post et JEMS Magazine critiquent ouvertement Hatzalah et dénoncent leur pratique discriminatoire qui ne permette pas aux femmes de se joindre à eux. Après moult péripéties, elle obtint gain de cause. « Je n’ai jamais voulue être considérée comme quelqu’un qui se détourne de sa communauté, mais plutôt travailler au sein de sa structure » dit-elle.

Après cette rapide biographie, je me suis posée pas mal de questions sur cette femme d’influence « Où puise-t-elle son énergie ? Comment a-t-elle trouvé le juste équilibre ? Est-ce qu’il faut minimiser certains obstacles et se mettre des œillères pour atteindre ses objectifs, tout en mettant ses émotions de côtés !? ». Les réponses ne sont pas si simples. Peut-être faut-il s’efforcer de faire le tri dans ses priorités, donner de l’importance à certains évènements plutôt qu’à d’autres. Si je décide que cela m’atteint, cela m’atteint. Si je décide d’avancer, j’avance ! On dit que l’humain n’utilise que 15 pour cent de ses capacités intellectuelles, Ruchie est la preuve que l’on peut aller toujours plus loin tout en étant en accords avec la Torah, d’être au service de son pays et de sa communauté.

Pour la petite histoire, il y a quelques mois, mon amie Cohava m’avait envoyée le documentaire avec pour légende : Regarde et tu vas comprendre. Cette nuit-là, je l’ai regardé trois fois. J’étais subjuguée par ce que je considère comme le rêve américain où le « tout est possible arrive si on le veut vraiment ». Of course, sa carrière et les combats qu’elle a menés n’avait rien d’idyllique bien au contraire, mais elle a su les surmonter avec brio. Ce qui est amusant, c’est que le lendemain, je rentrais dans un magasin (5 étages le magasin, avec plus de 1000 personnes dedans !), et je tombais nez à nez avec elle ! Je n’arrivais pas à croire ce clin d’œil qu’Hashem m’envoyait. C’est quand même dingue que la vielle, je ne savais pas qui elle était, et le lendemain je la vois à trois blocs de chez moi. Je l’accoste et lui fais savoir toute mon admiration. En plus, d’être super abordable, elle m’a demandée de transmettre un message à la communauté francophone : Suivez toujours les commandements de la Torah mais avec votre propre style ! Voilà qui est transmis Madame la Juge. Affaire suivante.

Lien pour visionner le documentaire :

https://youtu.be/L5NeS32p8EAhttps://youtu.be/L5NeS32p8EA

On se retrouve la semaine prochaine avec Charlène Aminoff.

Chana Tova ! Je vous souhaite une très bonne année. On mise tout sur celle-là, parce que celle qui vient de se passer c’était un peu les montagnes russes. Gros bisous.

 

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