Elle s’appelait Sarah de Tatiana de Rosnay

Comment je suis tombée sur Elle s’appelait Sarah.

Je me souviens très bien du jour où mon amie (portant le même prénom écrit que sur la couverture) me tendait ce roman de Tatiana de Rosnay. Elle m’a juste dit « Lis ça, tu vas voir ». Comme une chienne galeuse au vortex de la méfiance, je reniflais ce petit bouquin de quelque 400 pages. J’avoue que je n’étais guère attirée par le regard triste de la petite fille sur la couverture. Or, après l’avoir lu, je n’aurais pas imaginer une autre couverture justement !

Je demandais si le titre du livre, du moins sa version française, avait un rapport avec la chanson de J.J Goldman.

Mon amie me répondait par l’affirmatif. Je le lui pris des mains et promettais de m’y mettre après la célébration de Rosh Hachana/ La nouvelle année. Quelques jours plus tard, après avoir avalé,  plusieurs pommes plus que de raison (enfin surtout le miel qui allait avec !) , patraque au niveau intestinal, je tâtonnais vers ma table de chevet et emportais mollement le livre des Sarah’s.

Me confinant dans mon placard à balais qui me sert de dressing (oui déjà à l’époque j’optais pour rester dans un endroit limité ! Pour vous prédire l’avenir, c’est 10 dollars. Le tirage au tarot, c’est 15. Cash uniquement accepté), je me laissais embarquer à ne plus pouvoir m’arrêter de tourner les pages.

Six heures plus tard, affalée comme par terre, suffocante, sans arriver à avaler ma propre salive, je pleurais  toutes les larmes qu’un corps peut humainement verser. Ce bijou littéraire ne brillait pas par son papier en lui-même, mais par son bouleversant contenu qui avait fait le job ! Les mains tremblantes, je reposais délicatement le livre avec la même impression qu’un train Eurostar m’était passé dessus. À ma manière, j’étais passée sous la Manche tant j’avais été en apnée pendant toute la durée de ma lecture.

Durant des jours Elle s’appelait Sarah me hantera.

Je recommencerai même à pleurer par vague en repensant à ce récit poignant, fort, troublant, traumatisant mais si beau, qu’il vous retourne vos tripes. Nous avons tous lu de terribles témoignages de l’horreur des camps, de la cruauté sans limite des nazis. (D’ailleurs spécial énervement contre la série Hunter sur Amazon prime qui a réussi à inventer des scènes encore plus horribles que l’atroce réalité #lejeuxd’échec. Comme si cela pouvait être possible !). Le cheminement émotionnel de cette troublante double narration de deux époques différentes, nous laisse un goût acide dans la bouche. Bien sûr je ne spolierai rien, mais un petit résumé s’impose :

Au début, il y a Julia Jarmond, journaliste d’origine américaine, maman d’une fille d’une dizaine d’année, qui est mariée à Bertrand. Le couple vit à Paris et mène une petite vie tranquille. Le journal américain qui emploie Julia lui commande un article à l’occasion du soixantième anniversaire de la rafle du Vel’ d’Hiv’.  Alors, elle qui connaissait vaguement ce qui s’était passée, elle se mit à étudier à fond cette période, jusqu’à presque en devenir une obsession. Contre toute attente, ses recherches vont l’amener à fouiller dans le passé de sa belle-famille française et de cette petite fille Sarah, du même âge que sa fille…

En parallèle, nous avons le récit de Sarah qui a été pris lors de la rafle. Sarah cache son petit frère dans un placard fermé à clé, lui promettant de revenir le chercher en gardant la clé sur elle. Sauf que la petite fille se retrouve prisonnière avec des milliers d’autres personnes, au Vélodrome d’Hiver, rasé depuis. 

Hormis le fait que l’on est totalement transporté par Sarah et le point de vue de Julia. Je me suis rendue compte que je ne connaissais pas bien, du moins dans les détails les jours qui ont précédé la rafle. Bien sûr, comme tout le monde, je savais que c’était la police française qui l’avait organisée, en promettant aux allemands un nombre supérieur de juifs que ces immondices avaient demandés. Mise à part cela, je n’avais jamais vraiment cherché en profondeur ce qui s’était passée. Du coup pour essayer de combler ma pathétique ignorance, j’ai dans la foulée, visionné le film la Rafle avec Gad Elmaleh et acheter quelques livres liés au sujet.

Bien plus tard, encore marqué par Sarah’s key (le titre dans sa VO) je me suis lancée dans le film avec Kristin Scott Thomas, parfaite dans son rôle de Julia ! C’est un bon film mais beaucoup plus « smooth » /édulcorée que le livre. Ma foi, tant mieux ! En somme, je vous recommande vivement le livre si vous ne l’avez pas encore lu, mais il faut avoir le cœur bien accroché.

Si vous êtes à tendance suicidaire, ou que vous broyez du noir pendant cette période de confinement, je vous propose de le lire dès qu’un vaccin contre ce maudit virus sera disponible (j’espère très bientôt !).

Si vous êtes de super humeur et appréciez être à la maison, lisez-le. Cela dit aucune réclamation ne sera pris en charge dans l’établissement Davis pendant cette période. Mon avocat m’a lâché après que j’avais conseillé à sa femme de lire l’un des livres de C. Dikens les grandes espérances. Cette cruchonne est venue pleurnicher sur sa robe d’avocat, en avançant l’argu que Le livre des Baltimore de J. Dicaire était en bien en dessous de ses espérances à elle. Si on confond tout aussi, je ne suis en rien responsable. Je vous embrasse mes chéris, à très vite.

Ps : Amazon recommence à livrer mes livres. Foncez !

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