Bonjour, Je vous propose le 2ème épisode de la petite religieuse de la rue Mouffetard. Lien à télécharger et à imprimer avant la fête de Soukkot.
Le 1er épisode est ici : https://www.junes-davis.com/2021/09/05/la-petite-religieuse-de-la-rue-moufftard/
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Hag Sameah.
LA PETITE RELIGIEUSE DE LA RUE MOUFFETARD / EPISODE 2
Afin de réactiver notre mémoire déjà bien pleine, je nous remets les noms des principaux personnages. Pas d’inquiétude, en deux petits coups de cuillère à pot, vous allez être plongés dans l’histoire de La petite religieuse de la rue Mouffetard.
Shirel Mulhouze : petite religieuse en chocolat et héroïne qui n’a encore jamais pris d’héroïne mais qui est belle et bien droguée du sucre.
Jennifer, Séphora, Vanessa, Paméla : les sœurs Mulhouze.
Evelyne et Erold Mulhouze : les parents, mariés depuis 30 ans, s’aiment d’amour et de bouloux.
Madame Bérosse : propriétaire de la boulangerie de quartier « Aux bonnes bouchées ». Elle est aussi commère que très bonne commerçante. Chaque mois, elle affiche un chiffre d’affaires mirifique. En gros, elle cartonne !
Lucien Bérosse surnommé le « marcellois » par Shirel : fraîchement sorti d’une école de pâtisserie se trouvant à Arcachon, Lucien passe son temps entre la boulangerie de sa mère et la salle de muscu.
Andrea de Rothschild (oui, comme la célèbre famille), mari de Séphora et fleuriste.
Éden Khalifa : mari de Jennifer.
Yvette Khalifa : la victime retrouvée morte au 8 de la rue Mouffetard, le premier soir de Rosh Hachana.
La grand-mère : elle vit chez les Mulhouze depuis un paquet de mois, atteinte d’un sévère Alzheimer.
Emilia Vanilla : redoutable inspectrice rousse aux jambes interminables.
Entre le 4ème et le 5ème étage du 8 rue Mouffetard, le sang de cette pauvre Yvette Khalifa avait recouvert une bonne partie du tapis qui couvrait les marches des escaliers. Plus les jours passèrent, plus Carmen-Esperanza Lopez 3ème du nom, la gardienne de l’immeuble ne s’était pas décidée à nettoyer les tâches d’hémoglobine. On aurait pu penser que c’était par fainéantise mais c’était mal connaître cette force de la nature. Celle-ci ne rechignait jamais devant un travail à accomplir. De plus, c’était une fée du logis très appréciée des habitants du quartier et de ses alentours. Mais alors pourquoi ne voulait-elle pas retirer ces vilaines tâches qui rappelaient à tous le drame qui avait eu lieu ?
Lorsqu’elle était petite, c’est-à-dire il y a environ 40 ans, Carmen-Esperanza pas encore Lopez 3ème du nom, en compagnie de sa mère, avaient posé ses valises dans la petite loge et l’appartement annexe, réservés aux gardiennes d’immeuble. Elle se souvenait avec émotion de la somptuosité des lieux et notamment du tapis de couleur rouge vif qui venait tout juste d’être posé. Avec le temps, au grand regret de Madame Lopez, le revêtement de sol avait perdu de sa superbe et avait viré rose pâle. D’ailleurs Shirel Mulhouze avait toujours eu peur qu’avec l’âge sa couleur de peau ne subisse les mêmes ravages que la moquette et devienne bien plus pâle qu’elle ne l’était déjà !
Pour revenir à Carmen, elle avait à maintes reprises envoyé des courriers à la copropriété afin qu’il soit remplacé mais elle n’obtenu jamais de réponse favorable à sa demande. Grâce au sang de la malheureuse Madame Khalifa qui avait coulé à flot, le tapis avait retrouvé sa couleur d’origine. Même si Carmen-Esperanza Lopez 3ème du nom, très croyante se signait chaque fois qu’elle y pensait, elle était secrètement contente. Cette nouvelle couleur de tapis lui rappelait son enfance et sa défunte maman et du coup ne comptait rien nettoyer jusqu’à nouvel ordre.
D’ailleurs depuis cette fameuse nuit beaucoup de choses s’étaient passées pour tous les habitants de l’immeuble situé au 8 de la rue Mouffetard et plus précisément pour ceux qui résidaient au 5ème étage porte gauche. Le 2ème jour de Roch Hachana, soit le lendemain du drame, touchée en plein cœur la famille Mulhouze, les pièces rapportées, les cousins et les tantes, n’avaient pas pu avaler le moindre morceau de la pièce montée prévue comme dessert pour clôturer le déjeuner de fête. Même Shirel qui d’habitude n’a jamais su résister à une touche sucrée, a refusé d’être servie. Toujours aussi choquée par la vue inédite d’un corps sans âme, notre petite religieuse savait en son for intérieur que son cerveau allait mettre du temps à chasser cette image de son esprit.
Pour remédier à ces tristes pensées, bien après que tout le monde avait eu regagné son appartement, cette même nuit du 1er soir de Rosh Hachana, frappée d’une violente insomnie, notre petite brioche dorée s’était forcée à se souvenir des moindres détails du déroulement de la soirée, ainsi que les bruits qui avaient précédé la macabre découverte.
Du fin fond de son lit, remontant la couverture jusqu’à son petit nez, la petite dernière Mulhouse s’était demandée si elle pouvait confier ses doutes, à Ortal Duval et Omar Sharif, ses deux meilleurs amis. Elle était certaine que quelque chose clochait dans toute cette affaire. Il n’était pas logique qu’une Commandante en cheffe soit envoyée sur les lieux d’un banal accident d’escaliers. De plus, la quantité de sang qu’avait perdue la belle-mère de sa sœur était anormalement abondante étant donné les circonstances de son décès.
Elle conclut à voix haute :
– Oui tout ça mérite d’être étudié de près et deux sons de cloche valent mieux qu’un !
Ortal Duval n’aimait ni les enquêtes policières, ni résoudre des énigmes et avait en horreur des séries télé telles que : NCIS, Peacky Blinders et les experts mais ce qu’elle haïssait par-dessus tout, c’était Colombo et Derrick. Par contre elle aimait beaucoup Shirel et sa famille surtout depuis que… Non, non pas maintenant. Nous y reviendrons plus tard. Accompagnée de sa mère, Ortal avait assisté au premier repas du nouvel an juif organisé chez les Mulhouse. Toutes les deux n’étaient pas des témoins de l’affaire puisqu’elles étaient rentrées chez elles juste après le traditionnel repas du nouvel an juif. Le deuxième meilleur ami de Shirel, Omar Sharif était un ami en or mais seulement la moitié du temps. Elle pouvait compter sur lui une fois sur deux à cause d’une règle bizarre qu’il s’était imposé lui-même.
Depuis deux mois, Omar utilisait son téléphone portable les lundis, les mercredis, les vendredis et le dimanche jusqu’à midi. Accro à cet appareil, il lui était arrivé de se coucher très tard, à cause du temps passé dessus. Quand ce n’était pas YouTube, c’était Tweeter ! Quand ce n’était pas Tweeter, c’était Instagram ! Quand ce n’était pas Instagram, c’était le journal L’équipe et des milliers de sites sportifs qu’il consultait sans pouvoir s’arrêter ! Cette passion pour le foot, il l’avait depuis l’enfance. Étant footballeur amateur et opticien, oui les deux, afin de mener à bien ces deux activités, il était essentiel pour Omar d’avoir une hygiène de vie impeccable. Surtout s’il voulait atteindre le niveau sportif qu’il souhaitait. Omar était si accro à ses applications préférées que le temps passé sur son téléphone avait eu des conséquences désastreuses sur son niveau sportif. Sermonné plusieurs fois par son entraîneur, il avait dû trouver une stratégie radicale pour remédier à son problème. La seule solution, du moins en attendant de se faire soigner correctement, avait été de confier son téléphone à Shirel trois jours et demi par semaine. Depuis tout allait pour le mieux… si ce n’est… non, non, pas maintenant, nous y reviendrons plus tard aussi car nous avons plus urgent à poursuivre.
Le lendemain à l’heure du petit déjeuner, en apercevant les membres de sa famille, Shirel constatait les mines d’enterrement de chacun. Une bonne partie s’entrainait pour les funérailles d’Yvette Khalifa. Ils étaient prévus seulement deux semaines plus tard. Eh oui, le délai était très long voire interminable ! Cette minable de police judiciaire (pour reprendre les propos de Vanessa !) avait besoin de procéder à une autopsie approfondie sur le corps d’Yvette et ne pouvait le rendre avant.
– C’était le protocole, avait-on répondu à Jennifer.
La nuit de la tragédie, vers les 5 heures du matin, cette dernière était rentrée de l’hôpital. Elle avait trouvé ses parents à la table de la cuisine en train de boire leur café. Trop perturbés, ni Evelyne, ni Erold n’avaient pu fermer l’œil de la nuit. Pour Madame, c’était chemise de nuit à broderie anglaise. Pour Monsieur, c’était robe de nuit. Erold tenait beaucoup à sa liberté de mouvement et sentir l’air frais passait au travers du tissu léger.
Dans un état épouvantable de fatigue, de remords et de culpabilité, sans prendre le temps de respirer entre deux phrases, l’aîné des sœurs Mulhouze avait tenté de tout expliquer à ses parents. Tantôt elle pleurait, tantôt elle avalait des gorgées de café, ou croquait dans un croquant, parfois les trois à la fois. Ce qui rendait particulièrement difficile le déchiffrement d’informations. Le lendemain, toujours dans le même état cyclique émotionnel, chaque fois que Jennifer quittait une pièce, tout le monde s’accordait à dire que sa réaction était étrange dans la mesure où il était de notoriété publique qu’elle et sa belle-mère se détestaient cordialement.
– Oui mais enfin, de là à la voire morte, il y a un monde. Avait contre argumenté Paméla.
Selon Séphora, elle l’avait même aperçue se frapper la poitrine à plusieurs reprises, marmonnant entre deux sanglots « si seulement j’avais su ! Si seulement j’avais su su ! ». Cela dit, comme Jennifer n’avait jamais su pleurer et parler en même temps, personne n’était vraiment sûr des dires de la vegan de la famille.
Comme prévu, le 2ème jour de Roch Hachana, les Mulhouze et les pièces rapportées s’étaient tous rendus au commissariat du 5ème arrondissement de Paris pour établir leur déposition auprès de la redoutable inspectrice-Commandante en Cheffe, Emilia Vanilla. Les parents, les sœurs et Andréa de Rothschild, tous avaient attendu leur tour pour expliquer leur lien avec la victime, et où ils se trouvaient au moment du drame. Seul Éden ne s’était pas présenté. Ravagé de chagrin, les policiers, loin d’être sots, s’étaient montrés cléments et lui avaient accordé quelques jours de répit avant de se présenter à son tour pour établir sa version des faits.
Le fils désormais totalement orphelin était au plus mal. Des années auparavant, Monsieur Khalifa père était mort à la suite d’une méchante chute de patins à glace. Dans la mesure où il était en train de rouler un gros patin à une femme qui n’était pas la sienne, le destin, de mèche avec la grande faucheuse avaient agi ensemble pour lui régler son compte.
Eloïse Bagnolini, secrétaire de la station de police du 5ème arrondissement de Paris, trouvait que cette famille qui venait de débarquer « en troupeau » était beaucoup trop bruyante, beaucoup trop typée et beaucoup trop nombreuse. Elle qui vivait seule avec Martine, sa tortue marine, avait hâte de les voir déguerpir afin de rentrer chez elle et manger sa soupe devant la dernière saison de Lucifer fraîchement sortie sur Netflix. Elle aimait beaucoup les hommes maquillés d’eye-liner.
Vivant son baptême de déposition, Evelyne Mulhouze avait rapporté la pièce montée non entamée pour l’offrir à l’inspectrice Emilia Vanilla. Ayant reçu une solide éducation, il était impensable pour elle d’arriver les mains vides chez quelqu’un. Son mari, Erold avait essayé de donner son point de vu mais comme toujours cela s’était finit par une bagarre verbale :
– Mais enfin, cette Zora la Rousse ne t’a pas invitée chez elle à boire un café ! Elle veut savoir si l’un de nous à buter Yvette !
– Oh Erold, surveille ton langage, les enfants sont là ! Et nous n’avons tué personne ! Baisse d’un ton je t’en prie, tout le monde nous regarde !
– Tout le monde nous regarde parce que tu as une pièce montée sur tes genoux ! De plus, les enfants sont pratiquement tous mariés, donc ils sont assez grands pour entendre m’exprimer comme je veux !
– Et Shirel alors ?
– Quoi Shirel !?
– C’est encore une jeune fille.
– De un, elle est avec l’inspectrice ! De deux, le problème aurait été réglé depuis longtemps si tu m’avais laissé faire !
– Ah non, pas encore cette idée ridicule !
– Le cousin de ma mère est un homme très bien ! C’est même lui qui s’est proposé. Nous devons être honorés. Il a dit que cela ne le dérange pas du tout de rendre service. Il a toujours aimé les petites grosses.
– OOOOOH Erold ! Comment as-tu osé parler de la prunelle de nos yeux à ce fainéant d’Albert ! Quelle horreur ! Il est tout maigre et il lui manque une dent ! C’est ça que tu souhaites pour notre bébé !?
– Elle n’est plus un bébé, ta fille ! Et jure-moi que tu ne vas pas offrir notre dessert à poil de carotte. Je vais sûrement retrouver l’appétit après être passé au détecteur de mensonges.
– Erold ! Heureusement que notre sucre d’orge n’est pas là pour entendre tes idioties ! De toute façon, vue l’ambiance à la maison personne ne va la finir alors autant que cela serve à une pauvre dame qui travaille.
– Mais tu es tombée sur la tête ! Tu sais combien cela gagne un inspecteur de police !? Elle est loin d’être pauvre !
– Que tu es bête ! Je disais la pauvre car elle n’a pas d’alliance au doigt. Ni le droit, ni le gauche. J’ai bien regardé ces deux mains hier. Ça m’avait drôlement choquée. Une femme de son âge, seule…
– Ça doit bien gagner dans les 3000 euros, plus les avantages de la fonction, parking privé, chauffeur, exemptée d’impôts…
– On a peut-être quelqu’un parmi nos connaissances qui fera l’affaire.
– Tickets restaurants, 13ème mois, invitation à l’Élysée…
Et Tandis que ses parents discutaient bruyamment de l’autre côté du couloir, ladite bébé était en train de se faire cuisiner par le plus haut fonctionnaire du bâtiment. En tant que Commandante en Cheffe, Emilia Vanilla n’était pas à sa première enquête. Elle avait la réputation de mener les interrogatoires à la dure et en avait fait craquer plus d’un. D’ailleurs, c’était un 4ème greffier qui avait pris la place vacante le matin même. Les trois précédant n’avaient pas tenu le coup. La pression et la masse de travail imposés par la Commandante les avaient fait fuir.
Ce n’étaient pas les questions pointilleuses de l’inspectrice qui avaient le plus dérangées notre petit bavarois. Depuis le début de l’entretien, Shirel avait pensé qu’il n’avait pas dû être facile à Mademoiselle Vanilla d’arriver à un tel grade, avec un physique pareil. Sa ressemblance avec le mannequin Émilie Ratachovsky était troublante. Seule la chevelure était différente. Au lieu de traquer les criminels des rues de Paris, la policière aurait pu facilement choisir une carrière de top model international. Même sous les halogènes jaunes qui donnent à n’importe qui un teint couleur fenouil vieillie, Emilia Vanilla gardait le sien frais et de couleur pêche ! Cette fabuleuse et perturbante crinière flamboyante, ces yeux de biche et ses longues jambes dissimulées sous un ample pantalon noir, avaient dû être un sérieux handicap dans le monde des forces publics dominé par les mâles ! D’où peut-être cette dureté excessive dans la voix. En louchant sur sa taille de guêpe, Shirel était piquée au vif et ne s’était jamais sentie aussi mal dans sa peau. C’était comme si, se trouver dans la même pièce d’un corps aussi parfait avait amplifié ses défauts. Maudits plats riches ! Maudites salades cuites ! Aux diables les cakes, les soufflés au chocolat, les chaussons aux pommes, les cannelés bordelais, les pains perdus, les sabayons… la liste de tous les plats et pâtisseries qu’elle avait englouti dans sa jeune et gourmande vie était bien trop longue pour continuer ! Le constat était terrifiant voire affligeant ! Même si chaque bouchée avait eu un goût du paradis, cette accumulation de plaisirs coupables était un désastre pour sa silhouette. Capitons, peau d’orange, vergetures, cellulite à gogo, tout était bien trop incrusté sous sa peau. Elle aurait tout donné pour avoir le ¼ du corps de Mademoiselle Vanilla.
Il était évident que celle qui se trouvait en face d’elle n’avait jamais eu à choisir entre une brick à l’œuf, ou au thon, ni entre un banatage ou une boulette de viande farcie ! Elle n’avait pas non plus été élevée aux graines de couscous, au bouscoutou et il n’a jamais été question de Msoki, de Mohria, ou encore de pain italien ! Madame Vanilla mère avait dû nourrir sa fille au yaourt 0 % et la salade verte et bonjour, au revoir, bonne nuit ! La vie était si injuste ! Il fallait que Shirel perde ses 12 kilos en trop ! IL LE FALLAIT ! Coûte que coûte et peu importe combien d’efforts cela allait lui coûter ! C’était crucial pour son avenir ! En maigrissant elle serait enfin heureuse et peut-être… peut-être que Le Marcellois finirait par la regarder ! Enfin il ne fallait pas trop rêver ! Quoi que, elle pouvait aussi se faire aider par le cousin au 3eme degrés de la belle-mère de la coiffeuse de sa sœur Vanessa, qui n’était autre que le célèbre et éminent chirurgien esthétique de la place de Paris, Sydney Fitoussi ! Bon sang, ce n’était ni le lieu, ni le moment de penser à toutes ses potentielles améliorations physiques !
Shirel s’en voulait d’être aussi superficielle et de manquer autant d’estime d’elle-même. Plutôt que de penser à se faire charcuter ses cuisses grassouillettes, elle ferait mieux de travailler sa confiance en elle. Et puis soudain elle fut triste. Il était évident que Lucien Bérosse qui attendait son tour pour être interrogé, allait tomber sous le charme de l’inspectrice. Il n’en saurait être autrement. Comme la vie était mal faite ! Comme la vie était cruelle !
– Dis donc jeune fille, vous m’écoutez ?
– Oui, bien évidemment !
– Vous n’en aviez pas l’air !
– Si, si, je vous écoute avec la plus grande attention !
Un petit mensonge est souvent plus utile pour masquer une cruelle vérité.
– Donc qu’en pensez-vous ?
– Plait-il !?
– VOUS N’AVEZ PAS ÉCOUTÉ UN TRAÎTRE MOT DE CE QUE JE VIENS DE VOUS DIRE !
Le greffier, les crayons, l’ordinateur, et même la policière qui passait près de la porte venaient tous de sursauter.
Légèrement terrorisée, les mains agrippées à sa chaise en plastique, notre loukoum reprit contenance et demanda d’une voix fluette si la Commandante pouvait lui répéter ce qu’elle venait de lui dire et promis de lui donner toute l’attention qu’elle mérite. Las, la jolie rousse lui répondait :
– Laissez tomber. J’ai déjà tout ce qu’il me faut pour mon rapport. Faites entrer votre mère. Au revoir.
En se levant, Shirel posa l’ultime question qui lui brûlait les lèvres depuis qu’elle eût mis le pied au commissariat :
– Pourquoi pensez-vous que c’est un meurtre plutôt qu’un accident ? Et comment se fait-il que ce soit vous que l’on ait envoyé sur les lieux en pleine nuit ? J’imagine qu’une personne telle que vous, n’avez pas que ça à faire.
Emilia Vanilla fut choquée par l’audace de la petite jeune fille qui se trouvait en face d’elle. Au cours de son interrogatoire, il lui avait paru évident que ce joli beignet avait l’esprit vif. Elle savait en reconnaître un, étant donné qu’elle n’en croisait pas souvent. Juste avant, elle était même prête à lui proposer un petit travail. Il lui aurait été bien utile que la petite Shirel collecte des informations un peu partout dans le quartier et surtout vers une personne spécifique pour elle. Dommage que celle-ci lui ait jeté ce fameux regard qu’elle connaissait par cœur « Trop belle pour être Commandante. On sait très bien ce que tu as fait pour en arriver là ». Si seulement les gens avaient conscience de la masse de travail qu’elle avait fourni ces cinq dernières années et surtout de quel milieu elle venait. Enfin bref, acceptant pour une fois de baisser son masque « de l’épouvantable Emilia », elle donna un indice à la petite du 5ème étage.
– Justement rien n’est banal dans cette affaire. Quelques jours avant ce qui s’est passé, j’ai reçu des alertes.
– Des alertes ? Vous voulez dire des indices ?
– Oui, j’ai été prévenue par des lettres anonymes.
– Cela veut dire que vous saviez que quelque chose allait se passer et vous n’êtes pas intervenu à temps pour sauver Madame Khalifa ? Mais c’est un scandale !
A peine avait-il fini sa phrase que Shirel avait été mis à la porte par le greffier. Même si son temps était écoulé, Shirel ne comptait pas s’arrêter là et était bien décidé à tout découvrir par elle-même ! Rapidement, ce fut au tour de Madame Mulhouze de prendre la place de sa fille.
En rentrant dans la salle d’interrogatoire, Evelyne Mulhouze tenait sa pièce montée en équilibre entre ses mains. Sous le regard complètement ahuri des employés et de la Commandante, la porte du bureau ouverte, Evelyne demandait à la ronde si quelqu’un pouvait avoir la gentillesse d’aller chercher des cafés, des assiettes, des fourchettes en plastique et des serviettes en papier.
S’adressant à Éloïse Bagnolini, l’heureuse propriétaire d’une tortue marine, qui revenait des toilettes, Evelyne Mulhouze lui demanda de lui rendre ce petit service. Elle conclut même par un « Et si vous faites vite, promis je vous mets un bout avec de la pâte d’amande de côté. Vous allez voir c’est délicieux. » Étonnement, Éloïse s’exécuta ! Comme elle n’était jamais invitée nulle part, elle avait toujours rêvé de goûter ces fameux choux, fourrés de crème anglaise que composent une pièce montée.
Ne croyant ni ses yeux, ni ses oreilles, la Commandante en cheffe demanda immédiatement que ce cirque s’arrête.
– Quel cirque ? avait demandé Evelyne tout étonnée.
– Madame Mulhouze, nous ne sommes ni à un mariage, ni à une Bar-Mitsva ! Nous sommes dans un commissariat de police et je mène une enquête criminelle. Un meurtre a été commis.
– Un meurtre !? Allons, allons pourquoi prononcer un mot aussi vilain. Une aussi jolie bouche que la vôtre devait être remplie de mets raffinés.
– Bon, Madame Mulhouze…
– Appelez-moi Evelyne.
– Madame Mulhouze, lors de notre première rencontre vous m’aviez confiée être une amie d’enfance de la victime n’est-ce pas !?
– Oh oui. Yvette et moi avons grandi dans le même petit village. Ah merci Mademoiselle ! Que vous êtes charmante. Ces cafés sentent divinement bon. Vous serez adorable d’en faire un à mon mari aussi. Je crois qu’il vient juste de s’endormir. Ne vous laisser pas impressionner par ses ronflements ! Mettez-lui juste du café sous le nez et ce sera très bien. Tout à l’heure je passerais vous déposer ce que je vous ai promis. Dit-elle en attrapant le petit couteau et commençait à couper à part égale les choux, tout en les disposant sur des petites assiettes.
– Avec la pâte d’amande, hein ?
– Mais bien sûr avec la pâte d’amande mon petit. C’est le meilleur. Allez à tout à l’heure et fermez la porte derrière vous.
Faisant un effort surhumain pour ne pas hurler sur l’une de ses suspectes, Emilia déterminée à commencer son interrogatoire, prit sur elle pour ne rien dire de déplacer à cette bonne femme bien en chair qui lui tendait une petite assiette. Sans prêter plus attention au geste, elle reprit son interrogatoire.
– C’est étrange, vous ne paraissez pas très triste pour une personne que vous connaissez depuis au moins 60 ans !
– Eh ! pointant son couteau sur son interlocutrice, vous croyez que j’ai quel âge ? J’ai 55 ans et j’ai connu Yvette quand elle avait 10 ans. Donc cela fait 45 ans !
_ POSEZ-MOI CE COUTEAU !
_ Oui bien sûr ! Excusez-moi. Voilà je le pose même s’il est en plastique. Écoutez jeune dame, vous voyez bien que je ne ferai pas de mal à une mouche. Qu’est-ce que vous avez à être si méfiante !? Mangez un bout de sucré, cela va vous détendre un peu.
– NOUS NE SOMMES PAS DANS VOTRE SALON MADAME MULHOUZE.
– Je le sais bien ! Je ne comprends pas pourquoi vous refusez les petits plaisirs de la vie. Allez, prenez-moi une petite cuillère. Jeune homme pouvez-vous me trouvez des serviettes en papier? Votre collègue les a oubliés.
Dérouté le greffier regarda sa chef et contre toute attente celle-ci donna son accord d’un signe de tête.
_ Bon maintenant que nous sommes toutes les deux, pouvez-vous me dire à quelle heure vous avez vu la victime vivante ?
_ Oh arrêter avec votre victime, là ! On parle d’Yvette ! Elle n’avait rien d’une victime. Sinon vous êtes mariée, parce que je ne vois pas d’alliance à votre doigt.
– Non. Pourquoi vous affirmez que Madame Kalifa n’avait rien d’une victime ?
– Je n’insinue rien mais c’est vrai que depuis le jour où son mari est décédé c’était devenue une teigne. C’est votre mère qui doit avoir de la peine de ne pas encore avoir de petits enfants.
– Que s’est-il passé depuis que son mari est décédé ? Ma mère s’en fiche complètement ! Cela se voit que vous ne la connaissez pas.
– Une vilaine histoire de patins. Yvette ne s’en jamais complètement remise ! J’espère que vous n’êtes pas comme ces filles d’aujourd’hui. Vous savez avec leur beau discours : « Je suis forte qui n’a pas besoin de mari et d’enfants pour être épanouie ! ». Moi, cela ne me regarde pas mais ce serait dommage. Même si vous avez dépassé la trentaine, il y a encore de l’espoir. Je dis toujours à ma fille… À moins que vous aimiez l’une des nôtres. Petite coquine !
– Je NE SUIS PAS … ! Bon, bon, bon reprenons calmement et répondez à ma question : Quelle est cette histoire de patins ?
– Son mari était un vrai coureur de jupons. C’est à sa mort, qu’Yvette l’a appris et qu’elle a tournée aigrie. Beaucoup de monde la détestait. Je comprends que toute cette affaire vous tient à cœur. Pas de maris, pas d’enfants à tenir dans vos bras. Personne n’aime les femmes aigries, mêmes les femmes ! Faut pas croire ! De nos jours, elles ne se contentent plus d’une petite rasée en moto, habillée comme un homme. Faut être coquette, savoir cuisiner. J’ai même lu que de nos jours avec votre compagne vous pouvez avoir des enfants. Sinon, il fait quoi votre papa dans la vie ?
– Mon père ? Policier. Pouvez-vous me faire une liste des personnes qui détestaient Madame Khalifa ? Et comme je vous l’ai déjà dit, je ne rentre pas la catégorie que vous décrivez !
– Ah mais voilà. Vous avez développé le complexe.
– Quel complexe ?
– Le complexe de celui qu’on voit toujours en noir et blanc.
– Le quoi ?
– Vous connaissez le complexe de celui qui a décidé d’allonger les gens sur un divan. C’est lui qui l’a inventé !
– Mais de quoi vous parlez et quel est le rapport avec l’enquête ?
– Vous savez bien quand il faut tuer la mère pour être avec son père.
Le greffier qui se retenait de rire depuis un bon moment, ne put s’empêcher de rire aux éclats.
– Commandante, je crois qu’elle parle de Freud.
– Voilà, Freud ! Bravo jeune homme ! Vous êtes brillant !
– Merci greffier, j’avais saisi ! Alors Madame Mulhouze, vous faites allusion au complexe d’œdipe dont je ne souffre absolument pas ! Il a été introduit en 1899 et a été inspiré de la mythologie grecque. Mon père était un policier corrompu qui a fait honte à la profession que j’essaye d’exercer avec vous en ce moment même. Je n’ai rien à voir avec lui. Je pense qu’avec vous, je n’ai pas le choix d’aller droit au but. Pourquoi avez- vous voulu tuer Yvette Khalifa ? Pour venger votre fille ? Pour un héritage ?
– Vous pensez sincèrement que j’ai tué Yvette ?
– Je cherche des preuves pour vous innocenter !
– Vous savez bien que j’étais en train de dormir quand c’est arrivé. Mon mari pourra vous le confirmer. Moi je dis que vous devriez chercher du côté de la sorcière.
– La sorcière ? Quelle sorcière ?
– Madame Uzan qui habite un peu plus haut dans la rue. Elle et Yvette ont toujours été rivales. Surtout depuis que l’une a été surprise dans la bouche du mari de l’autre. Elle lui a toujours mis un œil, cela m’étonne qu’elle ne soit pas encore morte.
– Mais de quel œil parlez-vous ?
– Ce que je dis c’est que Madame Uzan a toujours été jalouse d’Yvette.
– Et elle habite où exactement cette Madame Uzan ?
– Au 22. Bon, maintenant que j’ai fait la moitié de votre travail, goûtez- moi enfin un petit bout. Cela me fera plaisir de savoir que vous avez au moins quelque chose dans le ventre, avant de rentrer chez moi. Je dormirai plus tranquille.
De manière totalement incompréhensible, la redoutable inspectrice fut très touchée par cette dernière phrase. Cela faisait combien de temps que quelqu’un ne s’était pas soucié de savoir si elle avait mangé quelque chose !? Alors une chose impensable se passa : sous le regard bienveillant d’Evelyne Mulhouze, Emilia plongea sa fourchette dans l’un des trois choux fourrés à la crème pâtissière et l’avala d’un coup. Elle avait oublié à quel point c’était bon. Depuis 8 ans, elle s’était interdite de manger le moindre mets sucré. Par crainte de se montrer humaine devant son témoin et son greffier, Emilia émue se cacha derrière son écran pour pleurer et souhaita une bonne après-midi à ce qui ressemblait beaucoup au style de maman qu’elle aurait beaucoup aimé avoir durant son enfance.
C’est sur cette image toute chou que nous allons du côté de notre petite crêpe au Sarrasin. Shirel était en train de s’en préparer une. Nous étions le lendemain de la célébration de Kippour. Tout s’était plus ou moins bien passé durant ces 25 heures de carême placé sous le signe du pardon. Contrairement aux années précédentes, un voile de tristesse planait au-dessus de la famille Mulhouze.
Néanmoins, notre petite religieuse de la rue Mouffetard paraissait plus apaisée et avait hâte de célébrer sa fête préférée qui n’était autre que Soukkot. Beaucoup de ses coreligionnaires avaient une grande préférence pour Hanoukka, fête des lumières, ou Pourim, sorte de carnaval de Rio mais beaucoup plus habillés et sans les danseuses à plumes. L’âme d’une nomade, notre cake aux citrons confits adorait le concept de vivre pendant 8 jours sous une cabane et de dormir à la belle étoile.
Bien qu’elle habitait en plein cœur de Paris et qu’une année sur deux le temps ne jouait pas en sa faveur, rêvant d’aventures, elle se souciait guère des intempéries. Parée pour affronter les températures extérieures, elle n’hésitait jamais à s’emmitoufler dans trois sacs de couchage pendant toute la durée de la fête. À Soukkot il est coutume de vivre dans sa Soukka comme l’on vivrait dans sa propre maison. La particularité de la cabane des Mulhouze, c’est qu’elle était installée sur le toit de leur immeuble. Lorsqu’il faisait encore assez doux pour rester un petit moment dehors, notre entremet vanille-chocolat adorait s’arrêter regarder les toits de Paris. La vue était splendide ! Au petit matin, sa mère n’hésitait jamais à lui porter un solide petit déjeuner. Ultime récompense pour tout celui qui faisait cet effort de respecter la fête jusqu’à ses moindres détails.
Shirel aimait aussi beaucoup les quatre espèces que composaient le bouquet de cette fête dite de pèlerinage. Cet assemblage avait une forte signification. Le loulav, palme de dattier, l’hadass, branche de myrte, l’arava, branche de saule et l’etrog, le cédrat représentent les caractéristiques de différentes personnalités du peuple juif tout entier. Tenant les quatre éléments l’un tout contre l’autre, tout en récitant la prière, cela signifie que malgré nos différences nous ne faisons qu’un. Cette réflexion rappela fortement à Shirel la chanson préférée de sa grande sœur Jennifer Arnold & Willie. À l’époque pas si lointaine où celle-ci souriait, chantait, et dansait pour un rien.
Depuis le décès de sa belle-mère et l’enquête en cours, l’aîné de la famille était inconsolable et passait ses journées à pleurer, se lamenter et culpabiliser. Elle et son mari n’avaient même plus la force de s’occuper de leur fils. Toutes les femmes de la famille avaient pris le relais pour prendre soin du petit garçon. Même Andréa de Rothschild le fleuriste, l’avait pris en charge tout un dimanche en plus de son fils.
Prenant sa crêpe avec elle, elle monta sur le toit pour vérifier une nouvelle fois que tout avait bien été mis en place pour la fête des cabanes qui débutait dans quelques heures. C’était son père qui s’était chargé de tout. Erold avait tenté de faire participer Éden mais au bout de 10 minutes, celui-ci avait pris l’une des nappes pour tenter d’essayer ses litres de larmes avec. Son beau-frère était inconsolable, ce qui était comme qui dirait tout à fait normal. Sa semaine de deuil avait été interrompue par les fêtes. Éden avait eu la triste sensation de ne pas avoir rempli son rôle de fils. Il affirmait même que sa mère était toujours parmi eux.
Avec un peu d’avance sur l’horaire des festivités, Shirel avait pris place sur l’un des tabourets et avait posé son assiette en plastique sur la fameuse table sans nappe. (Elle avait été irrécupérable !). Le spectacle de sa crêpe dégoulinante d’emmental la faisait déjà saliver. Hélas, comme à chaque fois qu’elle s’apprêtait à engloutir l’équivalent du PIB en calorie de toute l’ex-URSS, une petite voix en elle venait lui gâcher son plaisir :
–Mais arreêêete euh ! Foutue pour foutue autant me kiffer la panse !
En ouvrant grand la bouche, Shirel enfourna sa crêpe et ferma les yeux de bonheur. Ne souciant guère du fromage dégoulinant sur les côtés de sa bouche, et de la tomate qui était ressortie de l’autre côté de la crêpe, Shirel mit un temps infini avant de réaliser que quelqu’un était en train de la regarder. Pire… quelqu’un était en train de lui parler ! Mais le pire du pire, c’est que cette personne était la dernière personne qu’elle souhaitait voir pendant cet ultime kiffe aux antipodes du glamour.
En silence, le Marcellois s’était glissé sous la Soukka pour poser son bouquet garnit contre l’un des trois murs de la cabane. Surpris de tomber sur celle qui faisait augmenter dangereusement les rythmes cardiaques de son cœur, il l’avait pris quelques secondes pour la contempler. Ne pouvant résister plus longtemps, prenant une voix qu’il souhaitait suave, le voilà s’entendre dire :
–Hum, ça a l’air trop bon ce que tu manges ! Tu partages ?
Trop occupée à s’essayer d’un revers de la main le contour de ses lèvres, Shirel ne voyait pas la lueur malicieuse qu’emmenait des yeux du Marcellois… La suite au prochain épisode. On se retrouve le… Ah mais je ne peux pas vous laisser comme ça ! J’avais écrit plus haut que j’allais vous parler d’Ortal Duval et de Omar Sharif ! Pour tout vous dire l’histoire entre ces deux -là est assez simple. Omar est amoureux d’Ortal depuis longtemps. Le problème c’est qu’Ortal voit tellement la vie en noir, à se plaindre de tout et de tout le monde, à l’exception de Shirel, de la famille Mulhouze, qu’elle ne laisse aucune place pour le reste et surtout pour quelqu’un. « C’est en acceptant de changer de lunettes que l’on se rend compte à quel point on avait une mauvaise vue. »
Étant opticien à mi-temps, Omar répète cette phrase à tous ses clients. Lui qui passe 6 heures par jour à conseiller sur le choix des verres et des montures aurait bien aimé qu’Ortal passe les portes de son magasin pour lui demander une paire de lunettes même si elle avait 10/10 dans chaque œil. En plus de proposer des verres minéraux, organiques, polycarbonate, unifocaux, bifocaux, anti-reflets, anti-lumière bleue, Omar rêvait de proposer des verres où la tolérance, le respect et la beauté intérieur d’Ortal Duval seraient une évidence pour tout le monde.
Hélas il n’était pas le chef du Khalif mais juste un parent de la famille Kalifha. Malgré un père musulman, il était le cousin germain d’Éden Kalifha. Sa mère était donc la sœur d’Yvette.
En rangeant l’un de ses rayons il pleurait la mort de sa tante et repensait encore à sa belle Ortal et tout cet amour qui ne servait à rien à part le faire souffrir. Il s’en fichait qu’elle était en fauteuil roulant depuis 2 ans. Lui, il l’aimait telle qu’elle était, et bien avant l’accident de canoë kayak. D’ailleurs c’était le cadeau que son papa lui avait laissé avant de rejoindre Mahomet. C’était lui l’entraîneur d’Ortal Duval. Monsieur Sharif avait péri en lui sauvant la vie. Mais nous y reviendrons plus amplement car cette histoire mérite de bien tout poser pour être bien racontée. À très vite.
Hag Sameah ! Passez de super fêtes de Soukkot.