À chacun de mes anniversaires, je me plais à faire le bilan de l’année qui vient de s’écouler. Comme je viens de fêter mes 15 ans de mariage, je n’ai pas pu m’empêcher de faire mon petit constat, en entrainant mon mari avec moi. Non pas, pour nous passer mon couple au grill ou au peigne fin et nous trouver des poux, (merci, on en a déjà plein !) mais pour nous poser un peu. Avons-nous avancé ? Reculé ? Stagné ?
Bizarrement mes réflexions n’ont emmenées vers mes souvenirs de jeune fille. Comme beaucoup de ma génération, j’ai été bercée par les Walt Disney, (visionnés sur cassette), avec une notion bien particulière enfoncée dans mon crâne, qu’un prince viendra forcément me sauver (De quoi ? On sait pas !), moi, la princesse. On devait débuter notre histoire par un peu de tendresse (par le fameux baiser de la fin). Avoir pleins d’enfants et vivre heureux jusqu’à la fin des temps.
Petite parenthèse, en comparant les dessins animés d’aujourd’hui à ceux d’hier, non seulement les scénaristes ont largement rectifié le tir avec la girl power Raiponce, Mulan, Frozen, et j’en passe, même Jasmine dans la nouvelle version, ils l’ont rendus indépendante. Ils l’ont libérés de l’obligation de se marier avec un Prince pour avoir le droit de régner sur Agrabah ! Notons qu’ils ont aussi supprimé le côté sombre/triste/dépressif auquel nous, enfant, avions eu le droit. Exemple marquant avec la mère de Bambi qui meurt !
Le petit poucet qui se fait abandonner dans la forêt par ses parents car ils ont plus d’oseille pour s’occuper de lui. Rémi sans famille, cet orphelin qui va subir la perte de tous ses potes (ils vont tous clamser au fur et à mesure) ! Et pour finir avec la « worst story ever » Princesse Sarah, ou après la mort tragique de son père en Inde (je me souviens de détail, moi ! Ma mémoire est saturée de n’importe quoi, je vous jure !), elle se retrouve à faire la boniche pour Madame Mangin. De nos jours, cette tarée de directrice serait jugée pour maltraitance infantile, et aurait pris 50 ans de prison, minimum ! Avec ce topo, il n’est en rien étrange que parfois j’ai encore du mal à voir la vie en rose comme Édith chantait.
Cela dit, pendant mes périodes de célibat, je rêvais tout de même de mon prince charmant. Je l’imaginais beau gosse (forcément !), sympa, marrant, gentil, et en prime s’il était un poil relige, cela aurait été le pompon ! Il aura fallu du temps et « plusieurs princes potentiels » avant d’un trouver un, qui ne se comporterait pas trop mal avec moi et que j’aimais suffisamment pour l’épouser. Est-ce que l’homme à qui j’avais dit oui correspondait trait pour trait à mon prince ? Euh… Non ! Tout comme lui d’ailleurs ! Il m’a plusieurs fois avoué, qu’il n’aurait jamais pensé se marier avec une fille comme moi. Aouch ! Ouais, ça fait sacrément mal dans ce sens là ! Alors que s’est-il s’est passé ? Avons-nous abandonné nos rêves d’enfants ? Et maintenant, durant toutes nos années communes, n’avions-nous pas été lui comme moi, déçus, contrariés, blessés par la personnalité de l’autre !?
La réponse est OUI mais il serait injuste de ne pas reconnaitre que nous avons été tout aussi surpris par nos qualités mutuelles ! Ok, il n’est pas comme je pensais mais qu’est-ce qu’il est généreux. Ok, il ne m’aide pas à la maison, mais il a eu la gentillesse de me prendre une femme de ménage etc etc… Lors des grosses disputes conjugales ou les reproches fusent comme des fusées, plein de fois je lui ai balancé à la tête, qu’il aurait mieux fait d’épouser à ma place une sorte de mixte entre Bree Van Der Camp et Jenner Keydal-Kadarchian. Lui rêvait de repas de gala tous les soirs, en mode cordon bleu, avec les courses généreusement sponsorisées par un fond social imaginaire ! Oui, car Bree/ Jenner est économe, pas dépensière pour un sous (c’est le cas de le dire). Avec cela, elle se serait débrouillée pour être sapée toujours de folie en cousant elle-même ses fringues, grâce à des chutes de tissue trouvés chez Emmaüs. Sans oublier qu’avant que Monsieur rentre du boulot, les enfants auraient été 365 jours/ans brossés, douchés, avec les devoirs faits et auront des résultats excellents, se coucheront tôt mais pas trop tôt, juste Ciel ! Car il faudra laisser un espace-temps pour qu’il les voit « vite-fait », pour leur faire un bisou. Juste après, il aurait pu s’affaler sur le canap’ les yeux rivés sur son téléphone, télé and Co. Tout ça pendant que Bree/Jenner s’occupera du rituel du soir. Ensuite, elle et sa taille mannequin, perchés sur des talons de 12, viendront lui proposer un verre de brandy accompagné d’un boulou fraichement coupé ! Sans oublier que tous les soirs, elle lui lavera les pieds à l’huile de coco pour le remercier d’être un être aussi exceptionnel. Il m’arrive encore de conclure mes nombreuses tirades de femme blessée « de ne pas me sentir assez à la hauteur » :
–J’ai bien compris que je ne suis pas celle qu’il te faut. Je te souhaite de trouver celle qui te rendra heureux mais je te conseille d’aller en Chine. Ces dernières années, ils ont fait des prouesses fantastiques concernant les androïdes FEMININS. ALORS VA MOURIR AVEC TON MENAGE ET FOUS MOI LA PAIX SALE GUEUX !
-Junes, je t’ai déjà dit que si tu veux m’insulter, utilise des mots de notre siècle !
Ce qui prouve bien, qu’on ne tombe jamais vraiment sur la personne avec qui on s’était imaginé faire sa vie (saloperie de prince !) ! Cependant, en réalisant ce fameux bilan marital, j’ai réussi à découper en trois parties les « phases » du couple. Elles indiquent que notre vision des choses est souvent déformée…
Partie 1 : Les cinq premières années. On essaye de dealer avec ce nouveau caractère avec lequel on doit vivre tous les jours. Ce qui entraine forcément la phase de déception mutuelle !
–Il me fait pleurer et IL VA DORMIR !? C’EST QUOI CE BORDEL !??
Partie 2 : Les cinq autres années. On commence à comprendre le fonctionnement interne de l’autre, ce qui nous donne assez de force pour mener certaines guerres sur lesquelles on ne transige pas :
–Les enfants iront en école privé que tu le veuilles ou non ? Oui ça coûte cher, mais c’est comme ça !
Partie 3 : Maintenant. On est globalement plus sereins. (J’ai écrit globalement!!). On arrive à anticiper ce qui pourrait contrarier l’autre. En cas de désaccord, sur l’échelle de Richter de l’énervement on est passé de 8 à 3. On ne se dit plus « c’est mort, il va me quitter, c’est surrrrr ! » mais plutôt « OMG ! Vla la période relou. Pourvu que celle-ci passe vite pour qu’on passe à autre chose. »
La bonne nouvelle, c’est qu’au cours des années passées ensembles on a eu l’occasion, de se montrer solidaires face aux enfants, la famille, aux changements de boulot. Ainsi le fameux prince de nos rêves commence peu à peu à prendre le visage de celui qui partage notre vie. Lui finit aussi par comprendre qu’après trois jours, l’androïde féminin serait bien ennuyeuse et qu’il serait en surpoids morbide. Bah oui, manger tous les soirs des plats riches, tu prends du gras. Les bains de pieds à l’huile de coco lui auraient donné le psoriasis. Quant aux talons de 12, eux, non sponsorisées par un fond social imaginaire, couteront le prix de bambou à la longue, donc finalement sa petite femme en UGG/ Timberland, bah elle n’est pas si mal. Avec le temps, on apprend à s’aimer, se faire confiance et comprendre que l’herbe n’est pas si verte ailleurs. Chez le gazon des voisins, il y a tout autant de traces de pas, des ronces non-coupées, et de terrains abimés par endroit. La satisfaction c’est de se dire qu’au moins notre jardin on l’entretient du mieux que l’on peut, on sait qu’il y a du boulot, mais il n’est pas plus beau ou moins beau que celui d’à côté, c’est juste LeNotre ! À nous de le sublimer à deux ♥️. Bon anniv Mister Davis.
Je vous embrasse fort mes chéris.
Ps : Juste par prévention, j’ai quand même pris mon billet pour la Chine, afin d’aller foute le feu à l’usine d’androïde féminin.
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