Si vous saviez le nombre de fois où j’ai répondu OUI, alors qu’au fond de mon cerveau je voulais dire non alors que c’est juste par crainte de paraitre trop pas sympa ! C’est vrai que, lorsque l’on dit non à quelqu’un, c’est soit parce que l’on refuse de lui rendre service, soit parce que l’on n’est pas d’accord. Automatiquement, on va droit vers le mot : CONFLIT ! Je ne sais pas pour vous, mais perso dès que Mister Non et Madame Conflit, les jumeaux diaboliques, se pointent sur ma route, j’essaye au maximum de les éviter. Je les crains tellement que j’en tombe carrément malade. Bah oui, c’est tellement plus pratique ! Allez hop, soixante-douze heures hors service et le problème est résolu par magie. Et puis, il arrive un moment où cette méthode ne marche plus, où l’on doit affronter ce redoutable NON, quitte à se faire violence.
Dans mon cas, cela s’est passé au début de l’été, quand j’ai décidé de prendre en main mon compte Instagram.
Je me suis mise à poster de manière un peu (beaucoup) plus active mes looks du jour ! Le but était d’augmenter mon nombre d’abonnés, dit de followers, pour faire connaitre mon univers. Telle une romano vadrouillant dans les rues de Paris au pied de Notre-Dame, je quémandais auprès de chaque bonne dame : « s’il vous plait, suivez-moi sur Insta ! S’il vous plait, suivez-moi sur Insta ! »
Walya ! Dans quoi je m’étais embarquée ! Très vite, j’ai reçu des propositions descentes : « tu veux devenir l’une de nos ambassadrices pour de la nourriture pour chat !? Ton profil nous intéresse ! », puis, des indécentes : « salut, tu veux vendre des élastiques sportifs pour avoir un corps de rêve en moins de 4 semaines ? Ou alors, je te donne mon adresse et on fait de l’élastique ensemble ! ». Et puis, il y a eu THE proposition, celle dont tu penses qu’elle va changer ta vie :
–Bonjour, je suis Mr Best-Seller. Oui, c’est bien moi, en personne. Je vous appelle parce que je vous suis depuis un moment, et j’adore vos livres.
Là, j’étais propulsée sur la planète con-sécration !
–La bonne nouvelle, c’est que je suis aussi éditeur/producteur et souhaite que l’on collabore pour écrire tous les deux.
–Really ? Mais c’est merveilleux ! Quel genre de livres ? Un peu déjantés comme les Junes ou plus sérieux comme les autres ?
–Ah ça ! Cela va dépendre de pas mal de paramêtres.
–Ah bon, lesquels ?
–C’est top secret.
– ???
– En plus d’éditer vos livres, je voudrais proposer votre personnage à des producteurs afin qu’ils en fassent une série. Ayant travaillé dans le milieu du cinéma, je sens ces choses-là, vous allez cartonner !
–Vous pensez ?
–Oh oui ! Je vous vois déjà en haut de l’affiche (c’est pas les paroles d’une chanson ça ?!). Le plus beau c’est que je viens juste de raccrocher avec une de mes connaissances. Je ne peux rien vous dire pour le moment, à part un petit indice… Steven.
–Steven qui ? Steven Benhamou ? Moi aussi je le connais, il est dentiste dans le 17e arrondissement de Paris ! Il fait des blanchiments de folie.
–Mais non, voyons ! Steven Spielberg !
Là, j’ai eu un fou rire car s’il m’avait sorti un autre réalisateur un peu moins connu, j’aurais pu lui donner un peu plus de crédibilité.
–Bon, je vous envoie le contrat. Vous regardez et on en discute. Surtout, pas un mot à personne !
N’empêche, j’ai vraiment reçu une proposition écrite de sa part. Après l’avoir faite lire par mes sœurs, mes deux amies avocates, ma mère (la fille qui a du mal avec la notion de discrétion), le Roi du Maroc (qui n’est pas un tendre avec les Éditeurs/producteurs/ Best-selleriens), le Monsieur avait juste besoin d’une poulette en talons résidant aux États-Unis pour faire avancer ses projets à lui.
Du coup, il fallait lui dire non. Plutôt que de rédiger ce mail, j’aurais préféré prendre la fuite au Chili juste par peur d’affronter cette conversation gênante. Même si je savais que je prenais la bonne décision, j’appuyais sur les touches en tremblant. Sa réponse ne se fit pas attendre car, une minute plus tard, je reçus un OK. Et soudain je réalisai que, particulièrement cette semaine-là, j’avais dû dire non à beaucoup de gens : j’avais dû recadrer un gars qui voulait utiliser ma marque et mon nom pour démarcher des gens sans rien me donner en retour ! Ben voyons, Hector !
J’ai dû dire non à cette dame qui voulait que je lui écrive sa thèse gratuitement en 3 semaines : « oh ça, à part faire votre shopping et vous pavaner, vous ne faites rien de votre vie. Faites une Mitsva / Bonne action ! » Ah bon ? Mais de qui elle parle ?.
À la copine qui voulait que je lui garde son chien pendant deux semaines le temps de son séjour chez des amies dans les Hamptons.
Au final, cet été, j’ai dû dire NON un bon nombre de fois, car contrairement à ce que je croyais, refuser de côtoyer des personnes malveillantes ou profiteuses ne veut pas dire « se la raconter », « être hautaine », « prendre la grosse tête ». Le NON est un bouclier nécessaire pour se protéger de tous ceux qui sont beaucoup plus opportunistes qu’altruistes !
Plus tard, en repensant à l’éditeur/producteur/best-sellerien, je me demandais si je n’étais pas passée à côté de la chance de ma vie. Et puis, j’ai commencé à me poser les bonnes questions. Quel est ce coup de fil que j’attendais finalement ? En y réfléchissant bien, je n’en attends aucun parce que j’ai compris que la seule personne qui pourra provoquer des opportunités, c’est moi ! Eh oui, si je continue de travailler dur, c’est moi qui vais provoquer l’appel béni de la maison Hachette. Bah oui, tout le monde achète chez eux ?.
Je vous souhaite de pouvoir toujours NON sereinement et sans jamais culpabiliser !