Mais t’as tout pour être heureuse !


Pas tout le monde ne se lève du bon pied, en écoutant le chant du coq ou celui des oiseaux. Parfois on est dans le speed et dans le spleen ! Eh oui, il nous arrive d’être bien, et puis subitement, on l’est plus. On se met à voir tout en noir, à déprimer, jusqu’à se sentir abattu !
C’est souvent pour trois fois rien, en plus ! Perso, quand c’est comme ça, j’essaye de me raisonner, me tape la main sur le front, et me dis :
– Non, mais attends, chérie (oui, parfois, je m’auto surnomme), c’est bon, t’as un mari, des bambinos, un toit au-dessus de ta tête. Tu manges tellement à ta faim que tu cherches à perde ces foutus trois (huit) kilos, en plus. D’ailleurs, standing ovation pour le cheesecake de Chavouot. Ils devraient mettre une pancarte avant achat : Now you cheese, mais sur la balance, faut pas vous étonner si ce sera no-cheese !
Bref, je me secoue mentalement, et me dis :
– T’abuses, meuf, de te laisser aller. Tu donnes trop d’importance à tes « petits trucs de rien du tout ». Il y a des gens qui ont de vrais problèmes, qui souffrent de maladie, de drames, ou que sais-je encore ! Y a plus qu’à faire le code de ton téléphone, et c’est le défilé des malheurs et des bad news ! Alors bouge, et arrête de te comporter comme une mauviette nunuche. Affronte !
Et ça marche ! Pour un temps… parce que parfois, je me surprends encore à ressentir cette saloperie de moral en berne* ! Celui-là revient en force sur le tapis de course ou celui de la chambre de mes petits. En général, lorsque je suis dans cet état, j’appelle soit une amie pour papoter, soit ma mère (si elle répond), et je crois bien qu’il m’est même arrivé de me confier à la prof de mes gosses (la fille qui est limite désespérée, et qui mélange tout et n’importe quoi).
Alerte Junes ! Alerte Junes ! QUAND VOUS SENTEZ QUE ÇA NE VA PAS FORT, NE PARLEZ PAS À VOTRE MARI ! LE TAUX D’EMPIRAGE DE SITUATIONS EST TRÈS ÉLEVÉ ! CODE ROUGE ! CODE ROUGE !
Ma parole, quand j’essaye de lui parler, c’est le premier à me répondre, un œil sur le foot, un œil à scruter ce qu’il y a à manger sur la table. Non, non, j’exagère, et puis c’est pas beau de faire des généralités. Je reste convaincue qu’il y a des tas d’hommes qui écoutent leur femme avec attention, qui leur demandent sincèrement ce qui ne va pas. À essayer de toutes leurs forces de la comprendre, et de se mettre à sa place (il était marié l’Abbé Pierre ? Où Walou ?). En tout cas, pour ma part, j’entends encore résonner sa voix mélodieusement grave et suave (non, pas suave, juste grave !) :
– Mais t’as tout pour être heureuse. Qu’est-ce que tu veux de plus ? Au fait, les enfants ont déjà mangé ?
Alors que faire…
Eh bien justement, c’est l’occasion de vous conter non pas fleurette, mais une petite anecdote qui m’est arrivée la semaine passée :
Un matin, je prends un petit dej’ express avec une amie. De fil en aiguille, elle me parle de son frère qui n’a pas de copine, et personne dans sa vie. Entre deux bouchées de pain qui m’ont sûrement bouché le cerveau, je repense à une autre histoire qui n’a rien à voir, dont le seul lien est le mot : frère. Je me mets à lui expliquer que le frérot de mon amie vient de révéler à sa famille qu’il n’aime pas les filles.
D’un coup de massue à l’autre, il leur balance qu’il fréquente un gars qui n’est pas de la même religion que lui. La réaction de la famille est, qu’elle s’oppose à cette union mixte. Je conclus (dommage que je ne me suis pas étouffée avant) :
– C’est pas ouf maintenant ? T’es d’accord que dans ce cas-là, on s’en fout de la religion, franchement ? (Ça va, criez pas au scandale. Ce n’est qu’une opinion parmi cinq milliards d’autres.)
Le visage de mon amie se décompose, et m’indique clairement que j’ai fait une boulette de mie. Elle me demande :
– Est-ce que tu insinues par hasard que mon frère est gay ?
Et vla que je bafouille un « mais non, non pas du tout ! RIEN À VOIR ». Vlan que je m’excuse à toute berzingue, et vas-y que je re-redemande pardon, alors que ma cop’, elle est tout à fait passée à autre chose.
Tellement gênée, et de peur de l’avoir vexée, je n’ai plus le contrôle de ce qui sort de ma bouche. Je me mets à suer, à être dans la peau moite de Chandler Bing. Je n’arrête pas de parler, et de formuler des blagues qui ne veulent rien dire ! (Y a pas un frein à main de ce système buccal, un moment ?)
Le petit dej’ se finit, je m’assure 613 fois qu’elle n’est pas vexée à cause de ma maladresse : 248 fois d’une façon positive, 365 fois d’une façon négative. (Elle était facile, celle-là, je la ressors tout le temps, je crois qu’il faut que je me recycle #Nicolas Hulot, si tu me lis !). Si j’avais pu, je me serais jetée à plat ventre à sa jambe, l’aurais enroulée de mes bras jusqu’à la sortie du café en criant : Pardon-pardon-pardon, mais le peu de dignité que j’ai m’en a empêché.
Je dis au revoir à Copina, qui m’assure qu’elle est OK. Je la quitte et je fonds en larmes. Parce que j’en ai profité pour penser à tous mes autres petits et grands soucis. Parfois, mieux vaut y aller pour de bon. J’appelle ça « les pleurs groupés ». Trois raisons pour le prix d’un pleurage. C’est comme chez Primark avec leur lot. Ils me piquent toutes mes idées, ces voleurs !
Je renifle sauvagement, en me disant que je suis débile de craquer, surtout pour ça ! C’est lamentable, pitoyable, hors propos, hors sujet. Et puis d’un coup, je me demande : et ça gêne qui ? Mais pleure, bon sang, vas-y ! Parce qu’à force de m’interdire de penser : « purée, comment cette situation me gave, mais me gave ! », je me mets à pleurer pour un rien, justement !
Et bien, figurez-vous que juste après m’être dit : « c’est bon, tu peux », tout était parti ! À force de retenir mes émotions négatives sur le moment, je n’ai fait que les retenir en moi ! En les acceptant, elles n’existent que pour un court instant, et c’est tout ! Parce que D. merci, la vie n’est pas faite que de situations catastrophiques, en mode drame, tout va mal, on va tous crever à cause de nos déchets. (#Nicolas hulot, faut vraiment que tu me lises, je parle grave de toi, ce matin ! Deux fois, en plus !).
La société nous culpabilise tellement pour tout, qu’on arrive à se culpabiliser de se soucier de petits riens, qui peuvent, dans certains cas, nous miner. Alors que ce sont ces petits riens qui composent notre quotidien justement !
Accepter simplement que rien n’est jamais comme on l’avait prévu dès le départ, et que D. est au-dessus de nous (moi, quand je serai mère, j’aurai des canapés blancs en tissu, et aucun gosse n’y touchera, tu verras ! La bonne blague !) : ça ne va que rouler, ma poule (ou bien mon poulet, si vous êtes un homme). Je vous embrasse mes chéris. À très vite.
J’en profite pour vous écrire que je serai en Israël à partir du 4 juillet jusqu’au 22. J’organise trois évènements, me contacter sur junesdavis55@gmail.com.
Tous mes livres sont en vente sur junesdavis.com
* Je surkiffe Stéphane Bern ! Le gars, c’est un puits de savoir. J’ai vu toutes ses émissions sur Versailles, qui a été une super matière pour mon prochain roman : « Le Temple du Temps », que j’ai d’ailleurs presque fini, hé, hé !)

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