La semaine dernière, j’ai dû me rendre à Paris, pour trois jours express.
J’y suis allée non seulement pour rencontrer certains d’entre vous, mais aussi parce que j’avais plein de rendez-vous à honorer qui ne se trouvaient pas forcément à la rue Saint-Honoré.
J’avais bien choisi ma semaine parce que c’était celle où mes parents déménageaient. Niveau stress pour ma mère, cela se jouait entre la bataille navale et le jeux puissance 4 ! Du coup, mieux valait ne pas trop rester dans les parages, d’autant plus que j’avais ma propre boule au ventre à gérer, puisque pour ce mini-voyage j’avais dû laisser à la maison le Davis et les Davis juniors.
Rien que de m’imaginer sans eux pendant ces quelques jours avait été très dur, mais pour eux, ça allait être vachement sympa ! C’est bien connu, quand maman n’est pas là, il n’y a pas que les souris qui dansent. J’ai su que j’allais manquer un peu à mon fils quand sur le pas de la porte, il amanifesté un peu trop d’enthousiasme envers la coutume « du jeté d’eau ».
Il parait que si on jette un peu d’eau sur une personne qui part en voyage, cela porte chance, et augmente ses chances de revenir. La scène de mon départ aurait pu être touchante si mon fiston n’avait pas pris soin de me vider littéralement la bouteille d’eau sur le dos.
Quand j’étais montée dans le taxi pour m’emmener à l’aéroport, j’étais tellement trempée que mes larmes sont passées totalement inaperçues. Ce n’était pas plus mal parce que si ma grand-mère était encore vivante, elle m’aurait botté le derrière en me disant de faire ce que j’avais à faire, et d’arrêter de me comporter comme une mauviette !
Je me suis vite reprise en me concentrant sur le programme de ces prochains jours qui s’annonçait « Maousse costaud ». Je devais faire un maximum de choses en un minimum de temps.
D’ailleurs, la veille, j’avais même été tentée d’acheter le costume de
« Flash » chez Duane Reade, pour aller encore plus vite. Il était vendu juste à côté des crèmes solaires.
*Note de J.D: Les magasins comme Duane Reade, CVS ou Walgreens, sont plus connus sous le nom de Drugstore. Le principe est que l’on trouve tout et
N’IMPORTE QUOI, 24/24, 7/7j. Il en existe autant que les Starbucks, de façon à ce que les amerloques ne soient jamais en galère de sopalin, papier toilette ou pinces à cheveux. J’avais trouvé le concept tellement fascinant, que pendant mes deux premières années New Yorkaises, j’y avais passé ma vie !
C’était ma grande passion de l’époque. Venant de Genève, la ville où le temps s’arrête à partir de 17h, et 18 les soirs de nocturne, ce genre de magasins, c’était l’Eldorado pour moi ! Même qu’une fois à deux heures du mat’, j’ai du descendre pour acheter du lait, et quelle fut ma surprise de trouver une scie électrique ! Sérieux, à part un serial killer, je vois pas qui peut en avoir besoin en plein milieu de la nuit !
En souvenir de cette période « découverte », tous les vendredis après l’école avec mes enfants, on y va forcément faire un tour.
Donc quand ce jour-là, j’avais voulu payer le costume du super héros, le monsieur de la caisse m’avait prévenue, en souriant s’il vous plait, que les super pouvoirs n’étaient pas vendus avec, du coup, je l’avais reposé !
J’insiste sur le « en souriant » parce que lors de mon voyage dans la capitale, j’ai appris que d’être cool et sympa, c’était loin de cooler/couler de source. Il m’a fallu plusieurs situations parisiennes pour m’en rendre compte. Au fur et à mesure de ces trois jours, je notais dans mon cerveau qui me sert de calepin vivant, les quelques idées pour relancer l’économie française, qui, soyons honnête, ne va pas fort ! Et je me suis dit que mon rapport allait être pour Macron.
Commençons tout de suite par le secteur de la vente :
Je rentre dans une boutique pour trouver une robe sympathique en prévision de l’une de mes soirées dédicace. Il n’y a pas de selfies, pour le shopping français, c’est Paris qui gagne à plate couture, parce que les fringues sont souvent très coutures ! Je parcours les rayons, quand j’entends qu’on m’énonce la phrase de base de toute vendeuse qui fait son boulot :
– Bonjour Madame, si vous cherchez quelque chose, n’hésitez pas à me demander, je reste à votre disposition.
– Ça tombe bien, je cherche une robe avec des manches pour ce soir.
– Ah ça tombe très bien, on vient de recevoir quelques modèles. Venez, je vous les montre.
– OK !
– Voyons voir… pour vous, étant donné que vous avez le teint fade et terne, il vous faut une couleur vive pour vous redonner bonne mine.
NO WAY ! Je ne peux pas croire que la gueuse m’ait sorti cette phrase ! En plus, elle vient de me faire un « 2 en 1 » !
*Qu’est-ce que le « 2 en 1 » ? *
Le « 2 en 1 » n’a rien à voir avec du shampoing + après-shampoing. C’est quand par exemple, vous avez une conversation houleuse avec votre interlocuteur, mari/sœur/ami, et que celui-ci veut vous achever, en employant volontairement deux adjectifs négatifs en une seule et unique phrase :
– Tu es moche et bête !
– T’es une idiote doublée d’une grosse débile !
– T’es nulle et en plus tu n’as aucun goût ! Etc.
Ce qui rend la personne en face particulièrement agressive ! (Qui ne le serait pas ?)
C’est pour ça qu’en cas de violente dispute, j’opte souvent pour « le sandwich ». Le sandwich sert à faire passer une remarque négative tout en douceur. D’abord, vous lui dites un truc sympa, après, vous glissez ce que vous pensez, et ensuite, vous concluez toujours par une phrase positive : « Cela ne change rien au fait que tu restes formidable » Et hop ça passe comme une lettre en colissimo.
Mais revenons à cette séquence shopping où je suis sur le point de crier « Oh
my Gosh », parce que je me rappelle très bien qu’il n’y a pas longtemps, quand
je suis allée chez Bloomingdale’s (57 et Lexington, super sympa), le vendeur m’avait complimentée d’adjectifs plus faux les uns que les autres, en me répétant en boucle : « You look amazing ! I love your shoes ! I love your glasses ! ». Il me racontait n’importe quoi, mais JAMAIS il n’aurait osé me parler de mon teint !
La différence de mentalité est tellement flagrante, que je décide d’en rire, et de pousser l’étude jusqu’au bout, en lui posant carrément la question :
– C’est trop marrant ce que vous venez de me dire, vous savez que je pourrais me vexer, ou me sentir mal !
– Vous savez, c’est pour vous que je dis ça, moi, après mon boulot, je rentre chez moi, et je n’y pense plus. Bon, je vous la montre, cette robe ?
Plus tard au téléphone, lorsque je raconte l’anecdote à Micka, il me dit :
– Fallait laisser tomber, Mimine ! Sinon, au final, tu ne m’as pas dit le prix de la robe ?
– Non mais t’as entendu ce qu’elle m’a dit ?
– Oui, mais t’as payé combien ?
– Tu ne trouves pas ça énorme ?
– Si, mais combien ?
Etc.
Heureusement que mon étude ne s’est pas arrêtée là. Lorsque le lendemain, je suis sortie d’un rendez-vous près de l’Opéra (je trouve que c’est l’un des plus beaux monuments au monde !), et qu’il a commencé à pleuvoir, en bonne
franco-new yorkaise qui se respecte, j’ai levé ma main pour héler un taxi.
Je ne me voyais pas me galérer à dévaler comme une guenon les escaliers du métro, avec ma valise remplie de livres, qui pesait 15 kilos. Quelques minutes plus tard, eurêka, il y en a un qui s’est arrêté à ma hauteur. Le chauffeur a baissé sa vitre, et m’a demandé :
– Bonjour, vous allez où ?
– 17ème.
– Désolé, c’est pas mon chemin !
Et il démarre !
Sans me démonter, même si je voulais démonter le taximan, j’ai refait le mouvement du doigt en l’air pour en appeler un autre. Je n’ai volontairement pas appelé un Uber, parce que la veille, en tant que chef des Chats noirs, il m’était arrivé une histoire totalement dingue et poignante à la fois, que je vous réserve pour mercredi.
Au bout de dix dégoulinantes minutes, il y en a un qui a daigné s’arrêter. Ouf ! Sauvée ! Je suis rentrée dans la voiture et l’ai remercié vivement. Je lui ai indiqué l’adresse, et il m’a dit :
– Ah mais ma petite dame, vous auriez mieux fait d’y aller en métro.
_ Euh… oui, je suis au courant, mais j’ai une très grosse valise que je viens de mettre (seule) dans votre coffre.
– C’est vous qui voyez, je dis ça pour vous, moi vous savez après…
– oui je sais, vous rentrez chez vous, et vous n’y pensez plus !
– Exactement !
Je vais pour me reposer, parce que je ressens le jet lag, mais le chauffeur se met à parler. Oh boy ! Il m’explique qu’il s’appelle Bernard, mais que son petit nom c’est Bébert, mais attention, il n’a rien d’un berbère. Je l’entends pouffer de rire de sa propre blague !
Oh purée ! Je sens que le trajet va être long ! Comme on est bloqués dans la circulation, il me pose des questions auxquelles je réponds poliment, et de feu en feu, je lui confie que j’habite de l’autre côté de l’atlantique. Il me demande si je n’ai pas sauté au plafond quand Trampoline a gagné les élections. Trump+sauter = Trampoline, qui nous rend un chauffeur totalement hilare ! (C’est vrai que son jeu de mot est sympa, mais de là à taper sur le volant… faut pas pousser !)
Au bout de quelques minutes, dehors, il pleut toujours des cordes, il me demande si c’est pas mieux qu’il me dépose à la prochaine bouche de métro, ce sera plus simple pour moi !
J’ai envie de lui demander tout bêtement :
– Je comprends pas, vous ne voulez pas gagner une course ?
Et là, je me sens encore obligée de le comparer aux taxis new-yorkais, où les chauffeurs s’en tapent complètement de nous déposer quelque part, même pour trois dollars ! Ils font leur taf et basta ! Je préfère garder mes remarques jusqu’à ce qu’il me dépose chez moi.
Mais…la cerise sur le cupcake dont il va vraiment falloir discuter, ce sont : les grèves ! Il y en avait dans tous les arrondissements, les chics compris, même si je n’ai pas vraiment compris ce que les grévistes revendiquaient !
Le soir même de cette journée pluvieuse, j’avais retrouvé mes parents pour diner dans un restau. Je vous passe le côté bizarre de se retrouver tous les trois, alors que depuis des années, on ne se voit qu’avec ma tribu. On papote, on rit, on regarde la carte, et on décide de commander. Le serveur arrive, et je lui dis ce que je veux :
– La salade cocktail s’il vous plait.
– Oui madame, cependant, nous ne servons plus de salade verte, car nous n’avons personne pour la vérification. Nous avons remplacé toutes nos salades par des endives.
– Parfait, ça ira avec mon teint !
– Pardon ?
– Rien, rien.., c’est bon pour l’endive cocktail !
– C’est noté !
Au moment du dessert, je veux me commander une coupe de framboises chantilly en ce jour spécial d’anniv (ma mère revendique que les jours d’anniv, on devrait faire la fête aux mamans, puisque ce sont elles qui ont le mérite de nous avoir mis au monde. Pas faux !) Le gentil serveur me dit :
– Désolée madame, mais nous ne servons plus de framboises, car elles ont été déclarées non cacher.
– Ah… OK, tant pis, je vais prendre un thé à la menthe, alors ?
– Je m’excuse, mais nous ne servons plus de thé à la menthe fraiche, pour les mêmes raisons que la salade verte. Nous n’avons personne pour faire ce travail de vérification.
– Pas de problème, mais par pure curiosité, pourquoi c’est encore proposé au menu ?
– Parce que nous n’avons trouvé personne pour nous changer la carte.
– ……………
Sur le chemin du retour, assise sur la banquette arrière de la voiture de mes parents, je crois bien que je somnolais pas mal, quand je me suis imaginée tomber du ciel en douceur sur le perron de l’Elysée, à l’aide du parapluie de Mary
Poppin’s. J’avais une boite de macarons sous le bras, pour être reçue par monsieur Macron.
Brigitte était là à m’attendre pour m’escorter jusqu’au bureau de son mari.
Je la complimentais sur son sac (elle a toujours des beaux sacs sur les photos), elle me faisait remarquer que j’avais bonne mine (dans ta tronche, vendeuse des Galeries !) tout en me présentant le Président. Je lui tendais mon classeur rose, où il serait noté toutes mes idées :
Pour le commerce : une formation d’au moins un mois aux States, pour apprendre tous les rouages de la vente !
Pour faire passer l’envie aux grévistes de faire la grève : on envoie tous les gens de la CGT faire le job du Pancardiste pendant deux mois. Le job consiste à tenir un carton toute la journée avec écrit des tas d’informations. Je vous jure qu’après une simple journée, on bénit n’importe quel autre boulot au monde !
Celui qui veut monter son entreprise ou restau, l’état ne le taxera pas pendant un an, afin qu’il puisse engager du personnel (comme quelqu’un pour vérifier la salade verte et les feuilles de menthe, par exemple). Notre entretien durera des heures et des heures, jusqu’à ce que Mister Macron me sourie et me demande :
– Avouez Madame Davis, que vous aimez quand même la France, même avec ses défauts ?
Et là, ce serait à mon tour de sourire, et de lui dire :
– C’est vrai que même avec ses défauts, j’aimerai toujours mon pays quoi qu’il arrive, car il est encore peuplé de tous les gens que j’aime (vous et mes parents), parce que cet amour est fait pour Durée ! Allez, finissez pour
moi tous ces Macarons, Monsieur Macron, parce que je voudrais qu’on aborde l’idée du Erouv*.
– Le quoi ?
Etc.
Je vous fais des gros bisous, et vous retrouve mercredi pour le UBER-OUT que j’ai vécu.
Big Kisses to all of you !
Erouv : Le Erouv délimite la zone dans laquelle certaines activités normalement interdites (comme l’action de porter) peuvent être réalisées lors des jours de chabbat, et de certaines fêtes juives.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chabbat
Mes livres sont disponibles sur junesdavis.comRubrique : La Genèse et l’Exode.