Non, mais vraiment, c’est quoi ce titre ? La Davis ne sait plus quoi inventer pour animer son blog de mère juive déjantée ! D’ailleurs, ça fait un moment qu’elle ne nous parle plus de ses gosses…
J’aime bien, moi, quand elle nous raconte sa vie, j’ai l’impression de lire le « Voici » de la communauté, mais sans les images, ça me détend !
Vous plaisantez ? Pas plus tard que mercredi dernier, j’ai posté une VDM Miami. Je n’arrêtais pas d’y parler de mes gueux. Surtout de mon fils, qui vient tout juste de fêter ses onze ans ! Faut suivre aussi !
T’as vu ? Si on ne lit pas tout ce qu’elle poste, c’est limite si on se fait pas engueuler, maintenant ! Bref, passons… voyons voir ce qu’elle raconte. En tout cas, avec un titre pareil, ça promet !
J’ai remarqué que dans la vie de tous les jours, nous avons souvent deux personnalités (voire plus, mais après, faut consulter !). Nous disposons d’un certain tempérament avec nos amis, le cordonnier, la caissière du Super, plutôt calme et posé. Tandis qu’avec notre famille proche, nos enfants et notre conjoint, nous en avons un autre en stock, différent (voir totalement différent !).
Heureusement que nous disposons de ce « recul » vis à vis des étrangers, sinon, on ne s’en sortirait plus ! On dirait tout ce qui nous agace ou qui nous passe par la tête, sans filtre, à longueur de journée, et on serait en bagarre (et en galère) avec beaucoup, beaucoup de monde :
– Bonjour Madame la Boulangère, je voulais vous dire que je déteste votre nouvelle couleur ! Elle me fait penser à une Tshoutshouka pas assez cuite. Bonne journée. À demain.
Il serait impensable d’avoir ce style de remarques avec les gens qui ne nous sont pas proches (et encore, même avec les proches, c’est souvent délicat de leur dire la vérité, surtout quand cela concerne leur nouvelle couleur de cheveux !). Oui mais voilà, à force d’être très/trop naturelle à la maison, il nous arrive parfois, sans nous en rendre compte, que cela devienne : LA DÉBANDADE !
Que dis-je ? Nous pratiquons parfois l’escalade des scandales, de l’agacement et des cris, sans aucune retenue !
Bien qu’il soit normal en privé de relâcher la pression du « politiquement correct » que l’on réserve en public, allons-nous parfois trop loin au niveau de ce lâchage complet envers ceux qu’on aime ?
Eh oui !
Combien de fois je me suis surprise à prendre une voix fluette et calme envers ma voisine de palier (Yung-Li ! Je l’adore, même si je n’ai jamais su pourquoi, il y avait autant d’asiatiques que de juifs dans mon building !), pour que dans la même seconde, je me retourne vers mes gosses, et me mette à leur hurler dessus, sous prétexte que s’ils ne pressent pas le pas, nous allons être en retard ! S’ensuit généralement un flot de reproches de mon grand, comme quoi je le stresse dès le matin, alors que lui aurait plutôt besoin de calme et de douceur, pour commencer sereinement sa journée d’écolier. (J’adore les petits écoliers, même si j’ai une nette préférence pour les Pim’s à l’orange).
Et le conjoint ? On en parle, de sa moitié, avec qui il est d’autant plus difficile de se contrôler, car il a souvent le don de nous agacer (soyez sans crainte, il parait que c’est réciproque !). Comme si nos amoureux disposaient d’un bouton ON et OFF, qu’ils activent à leur guise, en un rien de mots, et nous font partir au quart de tour. Limite hystérique, alors que quelques minutes avant, nous étions cette femme douce et agréable, en mode « mute ou veille » (mais non pas vieille ! VEILLEEE !)
À certains moments de la journée, selon mon humeur, (ou selon son humour souvent douteux !) Mon homme arrive le premier à me faire perdre mes moyens, en augmentant malgré lui, le volume de ma voix. Exactement de la même manière qu’une poissonnière qui vend son poisson frais sur le marché :
– TU VEUX SAVOIR CE QUE J’AI FAIT DE MA JOURNÉE ? DU MENAGE ET DES GOSSES PARDIEU ! TU PEUX PAS EN DIRE AUTANT ? C’EST QUAND LA DERNIERE FOIS QUE TU LEUR A DONNÉ LE BAIN OU QUE TU AS CHANGÉ LE SAC DE LA POUBELLE ? HEIN ? QU’EST-CE QU’IL DIT ? OUI, BAH ALORS, NE TE MÊLE PAS, ET NE T’AVISE PAS DE ME FAIRE LA MOINDRE CRITIQUE !
Le soir de cette fameuse réplique, à force d’avoir été « naturelle », non seulement mon mari était resté sans voix, mais j’en avais perdu la mienne !
Au moment de me mettre au lit, le cœur lourd d’avoir autant hurlé, je m’étais remémoré mes premières années de mariage…
Lors de nos premiers Chabbats, que j’avais passé seule avec mon époux, il n’était pas rare que certaines fois, une lumière soit éteinte par inadvertance, ou qu’une chaine de télé soit allumée « par accident » pour regarder Secret Story. Bien que cela me choquait, à cette époque, je ravalais mon choc, et ne disais rien.
Je ne voulais pas que ma pratique de la Thora devienne un bouclier derrière lequel j’allais me réfugier chaque fois que je réalisais qu’il n’était pas comme moi ! Car il fallait se l’avouer, notre écart judaïque, à tous les deux, était aussi grand qu’une danseuse étoile est capable d’en faire, sur ses pointes ! (J’ai écrit tout mon article pour placer cette phrase ! Ne me jugez pas !)
Car comme disait ma grand-mère :
– Ma Fille, la beauté ne se mange pas en salade ! Et ton homme, comme tous les hommes, tu vas te le manger jour et nuit, alors évite de grogner, et mange !
Et elle avait raison, j’avais pris la décision de m’unir avec quelqu’un de différent, ce n’était pas pour que maintenant, je me mette à lui faire « la morale », parce que je me retrouvais dans la salle de bain dans le noir complet, jusqu’à la sortie des trois étoiles. Non, non, non, je devais élaborer une autre stratégie envers mon mari (avec mon fils, c’est différent, je me dois d’être exigeante, car cela fait partie de l’éducation que je lui donne, car je suis SA MÈRE).
De ce fait, je devais être indulgente, car je n’en avais pas le choix ! Combien de fois je suis allée le voir pour lui dire au creux de l’oreille :
– Mon chou, est-ce que la prochaine fois, tu pourras faire attention avec la lumière, parce qu’après, je suis un peu en galère !
Les huit premières années, généralement il me répondait :
– Tu veux que j’aille te la rallumer ?
On aurait pu se laisser tenter, mais non… il fallait être crédible avec soi-même, et ne pas accepter ce Chabbat qu’il me proposait avec « benefits » :
– Non, surtout pas ! Juste, essaye de t’en rappeler pour la prochaine fois, d’accord ?
Je ne voulais pas qu’il m’associe Chabbat ou Yom Tov, au monstre du Loch Ness à deux têtes qui se met à rugir, chaque fois qu’il allait faire ce que je considérais comme une erreur !
Alors après tout ce temps, c’était bien beau de faire « la Tsadekette » de la religion, et « la poissonnière » pour le reste. Il était grand temps de se ressaisir !
Le lendemain de cette fameuse nuit, je pris la décision de faire plus attention à ne pas devenir cette poissonnière que je devenais au fil des années.
Cependant, la difficulté est de se donner les moyens d’être aussi « une Tsadekette », en faisant appel à son indulgence, sa patience, et son amour évident envers son enfant qui casse un verre, qui ne veut pas dormir à onze heures du soir, alors que l’on est soi-même épuisée. De ne pas perdre ses nerfs déjà à bout face à ses enfants, et leur mordant-répondant…etc… Des tas de situations où il serait normal de s’énerver, même si au final, cela ne changera rien !
Vous allez me dire que je suis trop marrante d’écrire, ces « pseudo-résolutions », parce que quand quelque chose nous agace, il est bon pour la santé de ne rien laisser sur le cœur et d’en parler !
Bien sûr qu’il faut en parler et pas qu’un peu ! Personne ne dit le contraire, mais on peut tout dire sans hurler. Les salles de sport sont pleines de poissonnières refoulées, qui ne font que s’exprimer ! Un sac de farine fait tout aussi bien l’affaire si on a le trop plein d’énergie et qu’il faut frapper dedans aussi fort que possible pour se défouler (Et en plus, ça muscle vachement les bras.)
Alors ladies and gentlemen, nous avons le choix d’être les héroïnes de nos vies, et celle de notre entourage. Dire les choses, il le faut coûte que coûte, car la communication bâtit des relations aussi bien amicales, que familiales et amoureuses, mais les messages passent mieux quand ils sont dits sans perdre sa voix au passage :
– OUI ! MONSIEUR, C’EST 15 EUROS LA SOLE ? C’EST CHER QU’IL DIT ? MAIS VA CHEZ UNE CONCCURRENTE SI T’ES PAS CONTENT !
Ou bien :
– Oui monsieur, c’est bien 15 euros la sole, vous avez de bons yeux à ce que je vois. La sole a toujours été chère, vous avez raison, mais c’est l’un des meilleurs poissons rapport/qualité prix. Et je peux vous garantir que vous ne trouverez jamais mieux qu’ici. Je vous ai mes deux douzaines pour votre petite famille comme la dernière fois ?
Alors, je lance le Challenge « Poissonnière VS Tsadekette » pour que nos vies soient plus douces. Je suis persuadée que sans volume vocal, il n’y aura que de l’admiration dans le regard de ceux qui nous entourent et le jour où l’on poussera une vraie gueulante, genre « trop c’est trop ! », l’impact de nos mots aura une portée beaucoup plus forte. Tout le monde sera au garde à vous. Votre famille comprendra la valeur de votre requête, et leur attitude changera du tout au tout.
Du coup, on s’énerve plus quand ça fait plus de trente ans qu’on explique à son mari :
– L’éponge rouge c’est pour la viande, l’éponge bleue c’est pour le lait !
– TRENTE ANS VOUS DITES ? MAIS FOUTEZ LUI DANS LA BOUCHE, QU’IL S’ETTOUFFE AVEC LA ROUGE ET LA BLEUE, UNE BONNE FOIS POUR TOUTES, QU’IL COMPRENNE A LA FIN !
Non, je plaisante ! C’est qu’il va vous falloir encore plus de patience et encore plus d’amour (et tout un stock d’éponges !). Good Luck mes Tsadikims et tsadekettes !
Je vous embrasse, et vous retrouve très vite ! Énorme bisou
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