C’est avec une certaine impatience que je vous raconte comment s’est passé mon voyage en France. Dans mes bagages, j’avais emporté, sans être une empotée, non seulement mes livres, mais aussi mon mari et mes enfants. Ça ne devrait pas être d’abord le mari, les enfants, et après les livres ? Mais non, point du tout, car j’avais des soirées dédicace/conférences en perspective, qui allaient m’obliger à les « délaisser » pour quelques heures.
Oui, je sais, c’est bizarre, Davis qui donne des conférences maintenant ! Où va le monde, je me le demande, mes amis ?
Dès mon arrivée sur le sol parisien, j’étais légèrement nerveuse, parce que le lendemain soir, j’étais invitée par mon amie Dorithe Elbaz, qui est de l’association Jewel- Jewish Women Leadership, à prendre la parole sur le thème de l’audace, à la synagogue des Tournelles. Pendant cette soirée, il était prévu qu’une autre intervenante nous raconte également son parcours.
Toute la journée, j’étais nerveuse à l’idée de parler devant ce public féminin, dont la plupart des participantes ne me connaissaient pas plus que ça. Gloups ! Je me fais les pires films en imaginant qu’elles n’aimeront pas mes blagues/ma tronche/ma façon de parler etc. ! Le pire serait que je me mette à bafouiller, à trébucher, et m’écrouler par terre comme une pouliche ! Allez, j’arrête de faire ma mauviette, et je mise tout sur cet éclair au chocolat de chez Contini que je suis en train de mordre pour m’éclairer les idées ! La pâtisserie française, y a que ça de vrai !
Le soir, quand le Roi du Maroc me conduit pour m’emmener dans cette mythique mais pas mystique synagogue, je suis à un niveau de stress MAXI, surtout quand il me pose des questions à ne pas poser :
– Qu’est ce t’as ? T’as l’air nerveuse !
– Un peu mon neveu.
– C’est ta conférence, qui te rend comme ça ?
– Oui, en passant.
– Oh ça va ! Tu vas pas « nous soûler » parce que tu vas bredouiller trois mots devant des bonnes femmes.
Non là, vraiment, ce n’est pas le bon timing pour lui faire avaler tous les livres qui attendent gentiment d’être vendus dans ma valise de commerciale. Oui, parce que cette semaine, j’allais découvrir que j’allais devoir trimer pour vendre mes romans, rédigés à la sueur de mon front. Oui, enfin, n’exagérons rien, c’est plutôt dû à la sueur de mes doigts, qui sont objectivement parlant, plutôt très lents, car le tome 3 de la vie déjantée, cela fait 8 mois qu’on l’attend, le gueux !
Toutes mes excuses, entre temps j’ai dû écrire Ruth, ça a été plus fort que moi.
Je rentre dans la salle et suis accueillie chaleureusement. En plus, je suis supra contente de voir Dorithe, qui est aussi belle que la dernière fois que je l’ai vue.
La salle se remplit petit à petit, jusqu’à l’arrivée de l’autre intervenante, qui s’avère être une magnifique blonde Bac + 14, mère de quatre enfants, et qui accessoirement, a été élue femme de l’année par un prestigieux magazine.
Ah d’accord ! Bon bah je crois que je vais y aller ! Tant je ne me sens pas à ma place. J’apprends au fur et à mesure, que les personnes de l’assistance sont un parterre de femmes du monde, composé d’énarques, de politiciennes, d’avocates, etc.
Que des Bac et des CSP+++, quoi !
En même temps, la conférence est bien sur l’audace, non ? Donc déjà, « se trouver là, parmi vous ce soir, avec mon BAC – 2, est en soi très audacieux », seront les premiers mots de ma présentation.
Bizarrement, à la seconde où j’ai constaté que j’étais entourée de têtes bien pleines, mon stress s’est envolé, car il n’y avait aucune comparaison possible. Chacune venait avec son histoire, et c’était déjà pas mal. J’ai direct laissé tomber la carte de l’intello, pour laisser place au naturel. En plus, en deux secondes, j’allais me faire griller. Vous avez demandé du Junes Davis, vous en aurez ! Allez hop. Après 17 minutes de blablabla, c’est soulagée et comblée par les applaudissements (mi polis-mi sincères. Comment savoir ? Je ne suis pas commissaire aux comptes des applaudissements !), que je rends la parole que l’on m’a gentiment donnée.
À la pause, (oui, il y avait une pause !) j’ai eu la chance de papoter joyeusement avec l’une de mes lectrices venue spécialement pour me voir. En la voyant, mon cœur a fait des bons de joie et cela m’a même donné du courage pour la deuxième partie. J’écoutais en spectatrice les témoignages des unes et des autres, qui ont montré de la bravoure et de l’audace au cours de leur vie professionnelle.
Arrive le fameux moment où je dois vendre mes bouquins. Je ne le sais pas encore, mais mon égo va être malmené. Heureusement qu’à la base, je n’en ai pas beaucoup, parce que sinon, vous m’auriez retrouvé tout au fond du caniveau le plus proche de la rue des Tournelles. Et pour cause, une dame arrive :
– Bonjour Madame, c’est combien vos livres ?
– Entre quinze et vingt et un euros. Tout dépend celui que vous choisissez.
– Bon, je vais prendre le petit à quinze. Ce sera ma contribution pour soutenir la communauté juive.
– Merci. Mais ai-je l’air d’un soutien communautaire ?
S’ensuit une autre dame avec son amie, qui discutent entre elles devant moi :
– Je vais vous prendre le petit dernier.
– Merci.
– Si tu le prends, je le prends !
– Ah non ! T’es folle ou quoi. Dépense pas ton argent pour rien (c’est moi le rien ?), je te le prêterai.
– Hé oh du bateau ???? Je suis là ! Devant vous !
Et le coup de grâce fut donné par une autre participante :
– Bonjour madame.
– Bonjour.
– Alors, vous écrivez sur quoi ?
Vas y mimine ! Donne tout, chérie, c’est le moment de montrer ce que tu as dans le ventre (pas grand-chose, lorsqu’il s’agit de se vendre. D’ailleurs, mon père me l’a toujours dit : « si un jour j’ai plus d’argent, et que je dois te revendre au souk, même pas dix mille tu me rapporteras ! ». Je n’ai jamais su s’il parlait en dinars ou un dollars, mais c’est pas le moment de penser à tout ça !)
– Alors voilà, les deux premiers parlent de mon personnage, de sa jeunesse, puis de son expérience maritale, ainsi que ses voyages.
– Vous parlez de vous, en fait ?
– Un peu, beaucoup, mais y a pas mal de choses que j’ai changées.
– Très bien, et l’autre, en noir et blanc ?
– Ça parle d’une histoire incroyable entre une aristocrate française et…
– Pourquoi incroyable ? Qu’est ce qu’elle a de spécial, cette histoire ?
– Et bien, nous avons la jeune Margot qui doit se marier avec le Duc Jaluzot, car…
– Ce sera tout ! Merci. Les autobiographies ne m’intéressent pas, ni les histoires incroyables dans ce genre-là. Bonne soirée.
Bon bah, papa avait raison, finalement, sur un marché, je ne vaux rien. C’est fini, je remballe, je suis naze, j’ai rien dans le ventre, au revoir, monde cruel.
Sauf qu’à la seconde ou je commence à remballer mon barda, soi-disant parce que j’estimais que j’en avais trop bavé… une autre dame me demande :
– J’ai beaucoup aimé ce que vous avez dit tout à l’heure. Le fait que vous n’ayez justement pas fait d’études, et que vous ayez réussi à écrire des livres, malgré les innombrables difficultés que cela comporte. Je vais vous prendre les trois.
– Vous êtes sure ? Euh, je veux dire merci. Merci beaucoup.
– De rien.
Puis une deuxième est apparue… puis une autre, et encore une autre… et c’est là que j’ai compris que notre valeur ne dépend ni du regard des autres, ni du nombre de livres que l’on vend. C’est une évidence ! Mais quand on se retrouve sur le terrain, et que nous sommes confrontés à ce fameux regard et ces fameuses ventes, même la personne la plus confiante du monde peut en être ébranlée. Et vu que de ce côté, cela n’a jamais été la joie, je ne vous raconte pas dans quel état j’étais le lendemain, pour aller à mon autre conférence/cours qu’une amie parmi vous m’a invitée à donner !
Il me tarde de vous raconter comment cela s’est passé. Ainsi qu’une autre histoire des plus croustillantes qui m’est arrivée dans un magasin de fringues à Saint Paul. Je me suis pris la tête avec un vendeur aussi tatoué, que perciengué, qui a osé dire que fifille 1 était capricieuse (il n’aurait pas dû ! C’était à son tour de mordre la poussière chaiiiii)
Je vous embrasse. À mercredi pour une Vdm. Bisous.
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