Mardi dernier, chaussée de mes bottes à talons, ma couronne de cheveux blonds posée sur ma tête, mais où vais-je comme ça avec cet air conquérant ? Je vais jeter mes poubelles dans la petite courette de l’appartement parisien où je vis provisoirement ( vie ma vie de SDF avec mes sacs d’Hypercacher remplis de vêtements ! Au secours ! Je vais crever ! ). Je tiens à bout de bras mes deux gros sacs poubelle. Sereinement, j’ouvre le bac à poubelle commun et balance mes ordures dedans. D’un coup, j’entends une voix :
– C’est vous qui utilisez toute la place de la poubelle ?
J’ai mis dix secondes à déterminer d’où provenait cette voix abrupte. Je lève le nez en l’air et la voie. Brune, la soixantaine très passée, qui a l’air très très énervée, sa tête sortant du deuxième étage. Mais pourquoi est-elle si énervée ? Polie, je lui fais un signe de la main :
– Bonjour madame, comment ça va ce matin ? Qu’est-ce qui se passe ?
Elle me répond qu’elle n’a pas à me dire bonjour car je suis une égoïste.
– Une quoi ?
– Une sale égoïste ! Depuis que vous êtes arrivée dans l’immeuble on n’a pas de place pour mettre nos poubelles. Vous ne pensez qu’à vous.
– Alors vraiment je m’excuse pour le dérangement. Je n’ en avais aucune idée. Vous proposez quoi comme solution ? Où puis-je mettre mes poubelles sans déranger le voisinage.
– Vous croyez que c’est moi qui vais vous trouver une solution ! Allez au diable espèce de sale tarée !
Le « sale tarée » ne passe pas du tout et le lui fait savoir. J’avais carrément occultée ce côté supra reloux des voisins français ! Ça me revient en pleine poire ! Elle m’explique qu’elle va appeler la copropriété pour se plaindre et me dénoncer. La moutarde me monte au nez et je commence à perdre patience. Avec un accent de grosse racaille qui m’a poussé dans ma gorge, je me mets à lui répondre sur le même ton.
– Ah oui bah appeler alors ! Et puis décendez un peu pour qu’on s’explique face à face. Je vais vous donner matière à vous plaindre ! Je vais vous faire avaler votre rideau tout pourri derrière lequel vous m’avez guettée ! Activité qui doit remplir le vide de votre vie !
Notre échange dure 3 bonnes minutes et elle rentre très courageusement sa tête.
Je regagne l’appart et ne comprends pas ce qui m’arrive. Pourquoi je lui ai répondu à cette greluche !? Depuis quand je réponds aux gens ! Oh my God, je mue ? Je mue en scandalleuse ! Je ne veux pas muer ! Je veux rester cette fille gentille et polie ! C’est comme l’autre fois, quand j’étais à une vente dans le 19e. J’avais offert mon livre à un petit garçon adorable rempli de Hannana ( morve pour les non bilingues). J’étais tiraillée entre lui moucher le nez et lui demander de ne pas toucher le livre mais le temps que je réagisse Mshet le livre, le petit avait tourné les pages et c’était fini. Ne voulant pas déranger la maman qui était occupée à essayer des turbans (c’est la grande mode sur Paris !), comme le petit avait kiffé Jordy-mon livre pour enfant, je le lui avais offert.
Tu vois pas que la mère se retourne, arrache le livre des mains de son fils et lui demande où il l’a trouvé. Je la rassure en lui disant que c’est moi qui le lui ai offert. Sa seule réaction fut de me jeter le livre à la figure faisant valser mes autres livres au passage. Complètement choquée, je lui fis savoir que ce ne sont pas des manières. Elle me sort qu’elle est très stricte sur les lectures de ses enfants et comme il y a un éléphant sur la couverture, le Rabbi a dit de ne pas faire entrer des animaux pas Cacher à la maison.
– Mais le Rabbi n’a jamais dit de jeter le livre à la figure de quelqu’un et de ne pas le remercier la personne qui vous offre un cadeau. Bien au contraire ! Déjà que j’aurai dû vous faire payer le livre mais comme une abrutie, je n’ai pas voulu vous déranger lors de vos essayages
– Je m’ en fiche de ce que vous me dites. Ce que vous faites n’ est pas cacher !
J’ai vu rouge et me suis mise à l’insulter en anglais ! Elle m’avait répondu qu’elle ne comprennait rien à ce que je racontais.
– Bah faut sortir de votre périmètre et faire travailler un peu votre esprit madame !
Elle se tire avec ses gosses me laissant avec ma rage ( et un livre invendable !).
J’avais texté le Roi Du Maroc lui racontant le scandale ! Aussi incroyable que cela puisse paraître il était là 15 minutes après m’aidant à tout emballer me gratifiant d’un : « Allez Simone je t’emmène boire un verre t’as l’air d’un avoir besoin. »
Depuis quand je suis cette drama queen ? Elle est passée où la fille qui ne répondait jamais rien de peur de blesser l’autre. N’ayant aucune fierté, aucun égo si cela permettait de laisser la place à l’autre. Je vous avoue que cette façon de faire est naze ! Au bout d’un certain temps, tu te rends compte que choisir de répondre à l’ individu qui nous heurte est important ! Non, pas pour le « changer », « l’éduquer » ou « faire lui faire la morale », ce serait bien trop présomptueux de croire que l’on peut avoir de l’influence sur quelqu’un. Cela dit, au lieu de se ronger les sangs, ne jamais rien dire, de rester lisse, n’est pas la meilleure option non plus ! Sans devenir une scandaleuse, à s’insurger pour tout et de tout, ne pas se laisser marcher sur les talons c’est libérateur pour soi ! Il y a aussi un paramètre à accepter avec le temps : c’est que l’on change… parfois pour le meilleur !
Je vous embrasse on vous retrouve mercredi pour un dossier fashion.
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