
Vendredi matin…
En découvrant une triste nouvelle vendredi matin, mes doigts avaient tout de suite basculaient vers cette avalanche de messages que je recevais en rafale. Je découvrais avec effroi que le virus avait encore frappé. Qui plus est, un membre de ma famille. Que faire ? De là ou j’étais, bloquée à des millier de kilomètres, sans pouvoir me déplacer ou apporter mon soutien physique, j’étais frustrée de ne pouvoir rien faire. Soudain, je me rappelais que même en habitant dans la même ville, je n’aurais rien pu faire de plus.
N’ayant pas d’autre choix je rangeais ma frustration au placard.
Ce fut aussi une bonne claque de réveil car de mon côté je commençais à ruminer (pas mal !), et me plaindre (souvent !). Bah oui Edouard, parce qu’être encore confinée depuis 8 semaines maintenant, cela commence à faire long. Y en a marre de cette routine de ce jour sans fin ! Malgré les terribles chiffres des cas et des décès que je lisais de partout, je l’avoue, je commençais à oublier ! À force d’être derrière l’ordi pour connecter mes enfants à l’école à distance, ou tenter de travailler 1/2 heure d’affiler, à faire ma petite vie, j’oubliais que quelque part, à 2, 10, 15 blocks ou des kilomètres plus loin de chez moi, des gens continuaient d’être malades. De partir à cause de ce cahoteux virus.
Cela dit, en lisant tous les messages de soutien que l’on m’a envoyée, la chanson de Brel me venait à l’esprit : Quand on a que l’amour à offrir en partage. Car finalement, vue notre situation actuelle, à part de l’amour, que pouvons-nous nous apporter de plus ? Fini les déplacements à ramener un plat aux personnes endeuillées pour prouver qu’on est là. Je me rends compte que la seule chose à offrir en cette période de pandémie mondiale, c’est de l’amour… Mais n’est-ce pas l’essentiel finalement ? Et si je vais plus loin dans cette humble réflexion, et que l’on essaye à sa manière de se montrer simplement présent les uns pour les autres, peut-être bien que lors de la prochaine réunion des Anges de la table ronde (façon Kaamelott, sinon rien !), avec D. ils vont enfin se décider à virer ce maudit virus numéro 19 qui sème le vid(e).

Les chevaliers du ciel…
Je vois d’ici l’Ange de la mort raser les murs, quand il devra traverser les couloirs de l’administration pour rejoindre la salle où se tient la réunion. Ou alors il aura carrément opté pour Zoom, préférant rester chez lui, afin de s’éviter les regards en biais, et la peur de se faire tuer (façon de parler !), à cause de tout le taf qu’on le lui a confié ces derniers mois. Son seul argument face à ses collègues, avec l’Ange de la tristesse qui lui aussi débordé, sera de déclarer :
–C’est pas moi les gars. J’y suis pour rien. Vous savez bien que je suis les ordres. On a fait un Goral et on a pris les meilleurs du monde d’en bas.
–T’as pas fini ? Parce que là, ça y est le compte est bon ! Argumenterait Tristesse.
–Peux pas te dire ! Je reçois les noms au jour le jour. D’ailleurs j’ai dû embaucher du personnel en plus tant mon service est débordé !
L’Ange de l’Aliyah interviendra à son tour et dira :
–Te plains pas, va ! De mon côté, j’ai une tonne de paperasse ! Pour la venue du Messie ils veulent tous être aux premières loges.
L’Ange de la joie se mêlera à son tour :
–Bah moi, je suis dispo pour vous donner un petit coup de main. J’ai plus de temps en ce moment.
–C’est Shiva, Maladie que tu peux rejoindre. Conseillera le Roi Salomon de son trône d’argent (le fer était déjà pris), qui siégeait ce jour-là.
En entendant les discussions entre ses représentants, D. arrivera à son tour et déclarera :
–Ne vous en faites pas. Mes enfants sont sur la bonne voie. Ils sont forts et en ont vu d’autres ! J’aurais voulu leur éviter tout ça mais c’était la seule manière d’accélérer la venue du Messie parce que j’en pouvais plus de pleins de trucs.
–Du genre ?
–Bah… j’en pouvais plus aussi de voir des hommes et des femmes avoir les mains baladeuses entres eux alors que ce n’était pas leurs conjoints ! J’en pouvais plus des maris ou des femmes qui fuyaient leur foyer dès que ça n’allait pas ! Alors, je les ai collés chez eux pour qu’ils règlent leur problème. Je dispose de plein d’autres raisons mais ça me regarde. Mais je crois que le pire c’était de les entendre se déchirer entre eux sans limite parce qu’en vrai ils s’adorent tous. Du coup, je leur ai collé des masques.
–D’ailleurs à ce sujet, les masques. J’ai reçu une lettre de Junes Davis qui demande comment elle va faire pour boire son Starbucks avec un masque sur le nez.
–Vous lui répondrez à celle-là qu’elle boira son café chez elle ! Et que si elle pouvait se contenter d’écrire la suite du Temple du temps, ce ne sera déjà pas mal.
–Sir, si je peux me permettre, ils ont compris, là. Il faut que ça cesse.
–Toi l’Ange des larmes, ton avis ne compte pas ! Tu fais que de pleurnicher tout le temps pour n’importe quelle raison.
–Et le mien Sir ? Et le mien ?
–Toi l’Ange de la foi, tu as toute ma confiance.
–Maitre du monde, ils savent que tout ce que tu as prévu est nécessaire. Maintenant c’est à toi de leur faire confiance. Ça y’est, on stoppe tout ça. Le 11 Mai a été indiqué par le petit blond.
–La fin du Omer me semble une bonne date. Proposa l’Ange du bien. Qu’en pensez-vous ?
–On vote ?
C’est ainsi que D. et ses chevaliers du Ciel continuèrent de négocier une date de fin pour un nouveau début d’après confinement. En quittant la réunion, certains anges passèrent voir Piaf et Brel (C’est René, le mari de Céline qui en eut l’idée). Ils avaient entendu que ce jour-là, ils chantaient en duo. En écoutant les dernières notes Quand on n’a que l’amour. À offrir en prière. Pour les maux de la terre. En simple troubadour. Quand on n’a que l’amour…, L’Ange de la Foi était confiant. Il savait que tout ira bien très bientôt. Il fallait simplement continuer de s’aimer, même par le biais d’un simple message envoyé.
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