Quand tes parents te rendent visite à New York !


Lorsque mes parents m’avaient affirmé qu’ils venaient me rendre visite, j’avais reproduit la vieille choré de la Macarena , en visionnant les mouvements que j’avais ressortis du placard Youtube. Il est vrai qu’habitant à 12 000 kilomètres les uns des autres, on pourrait croire que l’expression « loin des yeux, loin du cœur » est toujours en vigueur, même si ce n’est pas tout à fait vrai ! Car malgré la distance, on essaye de rester en contact par tous les moyens possibles et inimaginables ! Du coup, après des retrouvailles dignes d’une séquence d’un film de Claude Lelouche sur cette musique imaginaire qui résonnait : Chabadabada, chababdaba etc etc…, il a fallu faire un peu de tourisme local, même si ce n’était pas trop le truc de mon père. Lui qui était plus venu pour que j’écrive ses mémoires avec pour titre : « Mémoire d’un ancien Rabbin des conversions et discussion avec sa fille ».
Alors nous voilà tous les matins réunis autour d’un café, mon père me parlant de sa vie, de ses expériences, de ses regrets, et moi, le cerveau complètement ramolli par la rédaction de plus de cinq cents pages de mon dernier roman , « Le temple du temps « , je tapais les lettres sur mon clavier en me disant que même si ce n’était pas le meilleur timing, ce serait peut-être une des rares fois ou papa et moi vivions une situation similaire. Enfin… ma mère qui n’était pas loin non plus… avait tenu aussi à rétablir quelques vérités essentielles. :
–Non mais tu dis n’importe quoi ! La situation de monsieur Untel n’était pas du tout comme tu le décris enfin ! Viens ma fille que je te raconte comment cela s’est passé !
–Olala on ne peut jamais parler tranquille dans cette maison, c’est pas vrai ! Ce sont mes mémoires, pas les tiennes !
Et tandis que je redécouvrais la sensation d’être une enfant au milieu de ses parents, l’adulte que j’étais devenue notait, notait et encore notait des bribes de mots, de phrases pour reconstituer la vraie version de la situation de Monsieur Untel.
Après plus de trois heures de confidences intenses, je me devais de leur faire visiter un peu Manhattan, même si papa aurait largement préféré continuer la réalisation de son livre. Autant vous dire que dans mon programme il y a eu pas mal de ratés ! Comme cette fois-là ou je leur avais dit « Allons au musée juif, il y a toujours de supers expos et après nous irons déjeuner à « Russ and daughters ». J’adore cet endroit qui propose des produits delicatessen avec toutes les spécialités ashkénazes: saumon mariné et hareng fumé en tout genre. Une fois sur place, on passait un portique de sécurité digne des plus grands aéroports du monde, et on s élançait vers le premier étage. J’avais tout de suite compris que j’aurais dû jeter un coup d’œil au programme, car l’expo était illustrée par une féministe jewish des années 60 qui revendiquait la féminité et la libération de la femme, en se montrant… presque complètement dévêtue. Oh Boy ! La suite a été catastrophique ! Chaque fois que nous allions dans un côté, soit nous tombions sur d’autres femmes vêtues de rien du tout, soit sur des images on ne peut plus explicites. Le pompon a été l’exposition de soutiens-gorge et de corsets des plus affriolants suspendus au plafond. Même si mon père n’était pas Rabbin de son état et ma mère pas Rabbanite, j’aurais été tout aussi rouge pivoine que je ne l’étais ! Au bout de cinq minutes je proposais de zapper le rez-de-chaussée, et d’aller explorer les 3 et 4 e étages directement, qui ,après vérification, étaient dédiés aux œuvres de Marc Chagall. Fiouff ! Tout était sous contrôle du Beth Din de Junes, on pouvait y aller sans danger visuel ! Enfin… sans danger visuel c’était vite dit car tout était très laid ! Les gars qui avaient fait la sélection des œuvres avaient sûrement eu pour mot d’ordre de mettre tous les invendus :
– Vous inquiétez pas, y a écrit Marc dessus ! C’est bon on va faire un carton.
–Vous êtes sûr, patron ? Parce qu’on dirait vraiment la peinture de l’un de mes gosses.
–Mais oui c’est bon… c’est de l’art ! On peut faire tout ce qu’on veut !
Preuve que non, car apres une tournée en vitesse et des regards assez affligeants de mes parents, j’ai compris que je devais agir au plus vite, et penser directement à la bouffe. Allez hop, on allait tous se ravitailler au sous-sol. Une fois assis, je remarquais les tables tellement collées les unes aux autres que je serai fascinée tout le repas par le couple juste à côté de nous. Le monsieur ressemblait comme deux gouttes d’eau à Cyrano de Bergerac et la fille à une américaine de base. Pendant que je dégustais un bagel au sésame juste divin (en faisant abstraction de la demande de papa qui se renseignait pour savoir s’il y avait de la Harissa qui trainait dans les parages !), je suivais avec passion les échanges houleux entre Cyrano et sa belle sur les préparatifs de leur mariage .
Pour me rattraper de ce fiasco, je demandais conseil à mon Duc qui me suggéra d’aller tous ensemble au jardin botanique de Brooklyn :
–On fait une activité pour les enfants et promis après on va manger dans un restau de folie ( il paraît !) : spécialités vietnamiennes (en bas de chro, je vous donne une adresse incroyable sur Charenton « Good Morning VietNam » avec de la vraie nourriture vietnamienne ! N’hésitez pas à venir de ma part, le patron sera ravi de vous avoir !).
On arrive, la famille au grand complet au jardin et coup de bol : le programme propose une chasse au trésor version Harry Potter ! Et comme on est tous des grands fans de l’œuvre de J-K. Rowling, nous étions aux anges. Au bout de dix minutes, mon fils grognait que c’était naze, et une sur deux de mes poulettes était ravie tandis que l’autre faisait la même tête que son grand-père. C’est à dire de l’indifférence totale à ce qui se passait autour d’eux. Pour faire participer cette équipe de choc, je proposais de venir dans la serre à cactus car on se croyait au far West :
–Allez venez on va prendre des photos !
Mon père avait clairement envie de se pendre à ces petits arbres, et fifille 2 avait détalé comme un lapin dès qu’elle avait compris que ces plantes étaient aussi moches que dangereuses. Pour prendre la pose face à l’objectif, je me collais sans faire exprès à la plante en question et en tant que chat noir de la vie, je passerai tout le reste de l’après-midi à me retirer des épines et à chanter la célèbre chanson de Jacques Dutronc : « Le monde entier est un cactus ! Il est impossible de s’assoir» ! Je vous passe la rencontre hyper bizarre d’une dame qui s’était vraiment mise dans la peau d’une sorcière de Poudlard, mais version maléfique qui a fait bien flipper petits et grands pendant son exposé sur les propriétés des racines d’oignons !
Après toutes ces émotions, on se dirigeait tous vers la fameuse « expérience » culinaire…et ,comment vous dire ,même le thé était du pur ratage! Pourtant mélanger de l’eau chaude et un sachet, ce n’était pourtant pas sorcier. Apparement le sort était contre nous, car au moment où les soupes arrivaient (comme pour le jewish muséum) j’avais tout de suite su que ce repas allait être publié dans les annales « watsapiennes » de la famille! Nous avions eu droit à de la nourriture qui flotte! J’en avais déduit que c’était le même gars qui avait organisé l’expo de Marc Chagall qui s’était reconverti en cuistot après sa démission forcée du musée, il a dû avoir le même raisonnement :
–Marco, on a quoi là ? Des poivrons rouges, de l’herbe verte, des œufs, des boulettes de matsa, c’est bon:fais cuire le tout ensemble!
–T’es sur, boss ?
–Mais oui, c’est vietnamien, on peut faire ce qu’on veut !
S’ensuit une ambiance mémorable tellement on riait comme des fous à chaque plat qu’on avait commandé! Surtout les desserts où le serveur, dans un geste commercial désespéré nous les a offerts : Churros, à la noix de pécan baignant dans son lit de coco.
Sur cette fabuleuse dégustation, j’avais proposé que de retour à la maison, l’on regarde tous le film Coco de Pixar, en vantant les mérites de ce dessin animé :
–Yala ! On rentre et on va voir ce coco, avait proclamé mon padré.
Au final, je jouerai les traductrices, car j’avais zappé que l’animation était en anglais sur la télé. Mon grand s’énervera de mes traductions qui, selon lui, étaient trop approximatives. Fifille 1 hurlera que nos désaccords en fond sonore lui gâcheront son plaisir de regarder son film. On sera obligé de faire une pause pour faire réchauffer des pop-corn, même si ma mère me fera comprendre qu’après « la journée découverte alimentaire », elle allait finir par vomir, mais surtout qu’elle avait hâte de rentrer chez elle en Israël.
Il était clair qu’elle était ravie de passer ses petits moments familiaux assez mouvementés, comparés à son quotidien, mais elle avait hâte de retrouver son petit jardin où elle a l’habitude de déguster son café en compagnie des oiseaux chantants et des chats errants :
–Parfois tu sais il y a même des oiseaux exotiques.
–Bientôt, elle va nous sortir qu’il y a des pélicans et des flamands roses ou bien Baguera du livre de la jungle qui sont dans son jardin ! Non mais vraiment heureusement que je suis là pour rétablir la vérité, avait rajouté mon père.
Ça c’est bien vrai ! Et heureusement qu’ils sont là car proches ou loin, l’essentiel était de savoir que même si rien ne s’était passé comme je l’avais souhaité, on était juste ensemble… tout simplement.
Je vous embrasse mes petits choux. Si vous souhaitez recevoir les chroniques de Tata Junes par WhatsApp n’hésitez pas à m’écrire sur junesdavis55@gmail.com. D’ailleurs j’ai pensé à poster pour les semaines à venir les chapitres de son livre qui relate sa vie qui est juste incroyable.
Good Morning VietNam :18 Avenue Jean Jaurès, 94220 Charenton-le-Pont, France. Je vous recommande le plateau !!

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