Quand tu as le choc de la culture française !

Quand tu as le choc de la culture française !

Depuis le mois d’Août, j’essaye (je me force) à me réhabituer à la vie à la française avec ses qualités : la nourriture et ses défauts : le fait que tout le monde te dévisage tout le temps et te scrute de la tête aux pieds ! Mais aussi la manière dont certains parents s’adressent à leur enfant. Après 10 ans aux States, je crois que le monde éducatif guimauve dégoulinant de superlatifs ultra positifs a dû déteindre sur moi. Je m’en suis rendue compte quand j’ai entendu la réflexion d’une maman à son gosse d’à peu près 5 ans : « Noah (prénom à taux élevé !), tu te tais quand je parle à mamie ! Tu ne m’interrompes pas ! Combien de fois dois-je te le répéter ! Tu es vilain ! »

Oy ! Ça m à heurté ! Après elle l’éduque comme elle veut son fils mais pourquoi avec autant de colère. Bref. Passons. La voix de la maman me hante encore mais passons. Parlons du vrai choc culturel dont j’ai été confrontée en me confrontant à l’assistante public dit les urgences. Rien de grave mais j’ai préféré vérifier. Je me dirige vers la dame de l’accueil pour m’ enregistrer et être reçue par un docteur. Je lis Anémone sur son badge et m’assois sur le chaise en face d’elle. Covid oblige, nous sommes séparées par une vitre à l’américaine me croyant toujours dans l’Upper West Side, je la salue par son prénom.
– Bonjour Anémone, j’aimerai voir un docteur parce que…
– Pourquoi vous m’appelez Anémone ?
– C’est votre prénom, non ? Enfin je crois.
– Mais on ne se connaît pas Madame.
– Pardon. Je suis désolée. Je viens des États-Unis et là-bas, on peut appeler des nurses par leur prénom.
– Oui bah ici on est pas en Amérique, Madame ! Carte vitale !
– Alors justement je n’ai encore de carte vitale parce que comme je viens de vous le dire, je viens tout juste de rentrer de l’étranger.

Anémone lève les yeux au ciel et repousse son clavier.
– Ah mais moi si j’ai pas de carte vitale, je ne peux rien faire.
– Comment vous faites dans ces cas-là ? Y a bien des gens qui n’ont pas de carte vitale.
– Vous pouvez toujours payer la consultation mais ça va vous coûter hyper cher !
– Dans les combien ?
– Aucune idée. C’est le service compta qui s’en occupe.
– Bon, c’est pas grave, je paierai le montant. Cela doit valoir comme une consultation chez le médecin, non ?
– Je viens de vous répondre que je ne sais pas. Pièce d’identité.

Je pianote sur mon tel et lui montre la photo de ma carte d’identité française. D’un air ahuri, elle me demande qu’est-ce qu’elle va faire avec votre portable ?
– Il y a ma carte d’identité dessus.
– J’ai besoin de votre vraie carte car je dois en faire la photocopie pour la mettre dans votre dossier.
– Je sais bien mais je peux vous l’envoyer directement par e-mail comme ça vous l’avez dans votre système. C’est quoi l’adresse d’ici ?

À ce stade, je sentais que je l’avais perdue. Sa réponse fut magique !
– L’e-mail de l’hôpital est cassé.
– Cassé ? Une boîte e-mail ne peut pas se casser. Anémone… je peux vous appeler Anémone ?
– Sûrement pas ! On a pas élevé les cochons ensembles !
– Ok. (je retiens mon fou rire de réentendre cette expression !) Laissons tomber la boîte e-mail de l’hôpital. Pour nous faciliter les choses, vous pouvez me donner votre boîte e-mail perso. Je vous envoie ma carte en document attaché. Vous vous activez votre Bluetooth que vous connectez à l’imprimante de l’hôpital. Vous l’imprimez le document et le tour est joué.

La tête d’Anémone était à la hauteur du fossé culturel qui nous séparait. On était à deux doigts de l’infarctus. J’espère qu’elle aussi avait sa carte vitale.

– Mais pourquoi voulez- vous mon adresse e-mail privée. Je ne vais pas vous la donner ! Imaginez-vous me la pirater !

– Je ne vais rien faire avec votre adresse e-mail, comme vous n’allez rien faire avec ma pièce d’identité. C’est juste pour m’enregistrer.
– Alors là je suis perdue ! Je ne comprends rien à ce que vous me dites. Je vais appeler ma responsable parce que là, c’est trop compliqué !
– Mais il n’y a rien de compliqué. Venez, je vous réexplique. Ou alors donnez-moi votre portable.
– Je ne vous donne rien du tout !Nicoleeeeeee ! Nicoleeeee…

Nicole arrive, blonde, cheveux court, lunette suspendu à son cou tenu par un collier de perles, la cinquantaine dynamique.
– La dame a pas de carte vitale et s’en fiche de payer alors qu’elle ne connaît même pas le montant….

Est-ce qu’Anémone a conscience que je suis en face d’elle et que la vitre qui nous sépare n’est pas insonorisée !
– … elle a même pas sa vraie carte d’identité sur elle !

Nicole réfléchit, me dévisage de la tête aux pieds (mince je croyais que c’était que à la syna !). Elle évalue la situation.
– Je vais prendre le relais.

Anémone déguerpit de la chaise et Nicole prend sa place.
– Envoyez-moi un courriel à cette adresse.
– Ah bah voilà !

En moins de 3 minutes j’étais enregistrée dans le système, et en prime j’avais récupéré mon numéro de carte vitale.
Je n’avais plus qu’à attendre mon tour. En m’indiquant la salle d’attente, Nicole me souffle supra méga discrétos :
– Et Chabbat Chalom hein…
Trop marrant !
Ensuite, j’ai été reçue par une jeune docteure qui au début était aussi froide qu’un glaçon de l’antarctique. Pour détendre l’atmosphère je lui avais demandé si elle avait passé une bonne journée. Comme Anémone, ma question lui a fait perdre son stéthoscope.
– Pourquoi vous me demander ça ?
– Pour être sympa quoi ! (Purée, on dirait ce que j’ai demandé, sérieux !?)
– C’est gentil. Oui ça va. Je vous remercie. Allongez-vous sur la table.
– Pendant que vous regardez sur votre écran pour savoir ce que j’ai, je vous conseille une super série The new Amsterdam. Vous êtes série ou pas du tout ?
– Ça m’arrive de regarder.
– Alors celle-là, elle va vous plaire ! Cela se passe dans un hôpital américain. Ça parle d’un nouveau directeur blablabla….

Et c’était parti ! On a papoté pendant 20 minutes. J’ai grave kiffé la jeune docteure, surtout quand elle m’a annoncé que je n’avais trois fois rien ! On s’est quittée limite en se faisant la bise. Je suis rentrée dans la voiture où le Roi du Maroc et nos enfants m’attendaient. Mon ordonnance à la main, j’ai déclaré un grand sourire aux lèvres :
– J’adore Paris !
– Moi je déteste Paris ! avait rebondit mon grand pour la millième fois depuis notre arrivée.

Mon mari et moi on n’a pas relevé. Y a un moment, t’as même plus d’arguments. Du coup, je me suis retournée pour lui faire un câlin en lui répétant qu’il était courageux et que tout allait finir par s’arranger.
– Surtout que notre vie à Paris est provisoire. Nous rappeler Micka.
– Je sais et je m’en fous. Profitons de chaque petit moment sympa. C’est comme ça que l’on kiffe la vie ! Je ne vais pas attendre d’être installée définitivement quelque part pour nouer des amitiés sinon on ne fait jamais rien. Et tu sais, vu comment on est parti « en mode chat errant! » mieux vaut prendre ce qu’il y a à prendre sur le moment !
– T’as peut-être raiso. Viens on va se faire un plateau de fromage chez The Reserve ( rue Raymond Poincaré dans le 16).
– YEAH ! Lets’ go !

Je vous laisse et vous fais de gros bisous mes amis.
PS : Avant de se quitter des news de mon actu : J’ai encore quelques dates de rencontres dont le Raincy, et Yerres, mais à partir de novembre je rentre en écriture/ ou plutôt en mode ermite pour fignoler le temple du temps 2.

 

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