Une rencontre extraordinaire !


Chez les Davis, il y a une devise : le mercredi, on est de sortie ! Eh oui ! Depuis presque cinq ans, Micka et moi avons instauré une « date night », obligatoire au moins une fois par semaine, rien que pour nous deux. Histoire d’entretenir les liens sacrés du mariage, bien que parfois, il m’arrive de penser très fort : « Sacrées saletés de liens du mariage, va !
Donc il y a quelques mercredis, comme à l’accoutumée, je me pomponne, sous le regard courroucé de mes gueux, qui ne sont pas du tout contents que papa et maman prennent du temps pour eux… sans eux :
– C’est comme ça, mes chéris ! Y en a pas que pour vous, dans la vie, même si vous êtes nos vies !
Je veux laisser fifille 1 et 2 à la baby-sitter (qui a deux de tension !), mais j’ai droit aux traditionnelles minutes de pleurs et d’arrachage de fringues. C’est à l’arrach’ que je finis par partir, non sans une pointe de culpabilité dans le cœur. Oui, oui, je parle de la même pointe que TOUTES les mamans du monde ont ! Heureusement que mon fils s’en fiche de me voir partir. Limite, il est tout content de ne pas m’avoir sur le dos pendant quelques heures (comme si nous, les parents, passions notre temps à grimper sur le dos de nos enfants. N’importe quoi !)
J’arrive dans le lobby, Micka est là, et je lui demande comme une fleur, la bouche en cœur :
– Alors, on va où ?
– Quelque part.
– Je me doute, mais où ?
– On va diner, mais avant, on va boire un verre dans un endroit top secret !
– Top ! Mais pourquoi secret ?
– Tu verras ! il me dit avec une voix plus que mystérieuse.
Après un harcèlement en bonne et due forme de ma part, Micka finit par céder, et m’explique qu’un collègue lui a donné une adresse qui ne se donne que de bouche en bouche. Nous arrivons enfin devant une galerie où sont exposés les vestiges de Picasso.
– Ah sympa ! T’es sûr que t’as bien noté la bonne adresse ? Parce que ça n’a pas l’air d’être là.
Mon homme demande à un Men In Black qui est devant des escaliers, qui nous indique que nous sommes au bon endroit, mais que c’est au sous-sol. (J’adore ces ambiances !). Pendant que nous descendons les marches, je croise dans l’autre sens une jeune femme qui me regarde, et qui me sourit. Tiens… c’est bizarre ! Je connais ce visage, mais d’où ? Oh my God ! C’est Drew Barrymore qui vient de me sourire, trop sympa ! N’empêche, elle est vachement plus jolie en vrai ! Je souffle l’info du jour à mon mari, qui me précise que cet endroit est un peu l’équivalent du Château-Marmont*, à Los Angeles ! Nous allons tout de suite en avoir la preuve !
On avance dans un espace réservé à ceux qui ne font que prendre un verre, et à peine assis, la carte en main, Micka commence à faire ses yeux de Superman.
Que veut dire « les yeux de Superman » ?
« Les yeux de superman » est ce regard insistant que l’on pose sur les gens, (dans le cas de mon mari, à travers ses lunettes carrées). Exactement de la même façon que Clark Kent s’y prend quand il sort de ses yeux son faisceau liminal rouge, pour voir à travers les matières comme aux rayons X. Pour la faire Courte (retenez-bien ce nom !), c’est quand tu fixes les gens sans retenue.
Puis, brusquement pendant le reluquage-scrutage, je vois les yeux de mon homme littéralement sortirent de leur orbite. Il me pousse la jambe pour me faire redescendre de la lune où j’étais, et me demande de regarder la personne sur ma droite. J’ai beau regarder, je ne vois personne qui m’évoque quelque chose.
Du coup, je me remets à siroter ma boisson (un jus de cranberry, super bon !) qui vient d’arriver, mais quand je regarde Micka, je me rends compte qu’il a carrément les larmes aux yeux. Paniquée, je lui demande ce qu’il a :
– Tu te rends pas compte, Junes ! Regarde bien, à dix heures sur ta droite !
Avec la plus grande discrétion (où plutôt comme une vache franco-américaine), je me retourne, et à part un monsieur d’une soixantaine d’année, accompagné d’une très belle (jeune) femme, je ne vois rien.
– Désolée, mais à part le vieux blindé qui s’est trouvé une petite jeune, il n’y a personne d’autre. Pourquoi t’es dans cet état ?
Les yeux pétillants, il me dit :
– Junes ! C’est Frank McCourt (je vous avais dit de retenir le nom !)
– Frank McCourt ? Schouk celui-là ?
Qui est Frank McCourt ?
« Frank McCourt, est né le 14août1953 à Boston. C’est une personnalité très connue dans le monde des affaires, président du McCourt Group. C’est un milliardaire américain, qui est connu pour ses activités dans le monde du sport. Ancien propriétaire des Dodgers de Los Angeles, de la Ligue majeure de baseball, il a cédé le club pour un montant record de plus de 2 milliards de dollars. ( la vache !) Il est propriétaire de l’Olympique de Marseille depuis le 17 octobre 2016. »
Ah ! Nous y voilà ! Je commence à comprendre la réaction de mon mari :
– JUNES, C’EST LE PROPRIÉTAIRE DE L’Olympique de Marseille !
Saperlipopette ! Depuis tout petit, Micka est un fervent supporter de cette équipe (bien qu’il soit né à Paris !). Il ne rate jamais un match, passe des heures à écouter les débriefes des commentateurs. Il lit l’Équipe avec ferveur et force, râle, et est en rage quand Marseille perd… Bref, vous l’avez compris, c’est un mordu, un vrai fan, quoi ! Alors je lui dis :
– Waouh ! C’est génial, mais pourquoi tu vas pas le saluer ?
– T’es folle ! Il doit avoir un garde du corps planqué quelque part. Tu n’as pas conscience de qui est le bonhomme !
Un coup d’œil rapide à la table, me confirme que contrairement à mon mari, Mister McCourt a l’air ultra détente :
– Franchement, c’est trop bête, il est juste à côté. Allez, va le voir ! Au pire, il te dit qu’il est occupé. Tu reviens, et on passe à autre chose.
Le voyant très hésitant, je lui propose d’y aller moi-même, parce que franchement ce type, bah…. il ne me fait ni chaud, ni froid, ni tiède !
Prenant son courage à deux mains, respirant à fond, Micka se lève pour aller le saluer. Soudain, à la dernière seconde, j’ai les clignotants verts de mon instinct, qui se mettent à s’allumer dans tous les sens. Ils se manifestent uniquement quand je sens que je dois donner des recommandations à quelqu’un :
– Chéri ! Attends !
– Quoi ?
– Quand tu seras devant lui…
– Oui ?
– 1) Tu ne fais pas de blagues !
– Bah quoi elles sont drôles mes blagues !
– Oui, très ! Surtout pour les gens qui t’aiment très fort (comme tes parents et moi !)
2) Tu te présentes poliment, et tu t’excuses de le déranger en plein diner.
– Mais enfin, pour qui me prends-tu ?
– 3) C’est qu’à la fin de votre échange que tu lui demandes très gentiment s’il est ok pour un selfie. Limite t’attends qu’il te le propose !
– Franchement, parfois, Junes…
– Bon, t’as compris ?
– Oui euhhhhhh ! Et je le laisse enfin partir… pour ne plus le voir revenir !
De longues minutes passent, j’attends seule, accrochée à mon verre (ça fait un peu alcolo, décrit comme ça ! Alors que je ne bois pas d’alcool, sauf pour le Kiddouch du vendredi soir. Merci Junes, pour cette info cruciale qui va changer la face du monde !) J’observe de loin mon homme, et constate que ça papote, ça rigole, et que poupée brune se met à rire à gorge déployée quand Micka lui dit un truc !
Ah non, alors ! La dernière phrase ne va pas du tout ! Le mannequin n’était pas censé rire et être dans l’histoire ! Je vais de ce pas voir ce qui se passe de plus près ! Je me pointe à leur table, Micka me présente à Mister et Miss McCourt (j’apprendrai qu’ils sont mariés depuis trois ans, et qu’ils s’aiment comme des fous. Un jour, je serai pendue par ma langue de sorcière !). S’ensuit une conversation très intéressante à quatre, sur le pourquoi du comment, un américain de Boston, a acheté une équipe française de football. Et là, tout milliardaire qu’il est, avec mon mari, on découvre un homme accessible, humble, drôle, et passionné par l’amour qu’ont les marseillais pour l’OM !
Plus les minutes passent, et plus mon mari et lui parlent comme de vieux amis. D’un coup, sa femme se lève, et va me chercher une chaise (ah carrément !). Elle me fait assoir près d’elle, me papote sur sa fille qui s’appelle Luciana, mais qu’elle appelle tendrement Lulu ! Pendant un long moment, elle me raconte sa vie, ses origines, ce qu’elle fait, et le temps passe sans que l’on s’en rende compte…
Si je fais abstraction de ces phrases insupportables que les américains adoooooorent souvent égrener comme des robots : « You look so sweet ! You are so nice, so cute, so ceci, so cela… », nous passons un super moment, un peu hors du temps, irréel même. Surtout quand Monsieur McCourt, nous montre qu’il a fait mettre ses initiales sur toutes ses chemises (exactement comme Peter Alaoui alias Patrick Abitbol, dans « La vérité si je mens », mais je me garde bien de le lui faire remarquer).
Madame McCourt, Monica, me pose plein de questions sur ma propre vie pour ensuite m’inviter dans son … ranch !
Son ranch ? Dès qu’elle me dit ça, j’entends automatiquement retentir dans ma tête, la musique du générique de Dallas et de son univers impitoyaaaableeeeeeee. Je m’imagine en selle, sur un cheval, ma perruque au vent, en train de parcourir les prairies américaines, accompagnée de ma nouvelle meilleure amie, qui est train de me tendre sa carte. Sa carte ? Et elle me demande la mienne !
La mienne ? Tu parles de ma carte ? Tu délires Momo, pourquoi tu veux que j’en ai une ? Pour écrire quoi ? Junes Davis-mère au foyer qui écrit des livres et des histoires. Ça le fait pas du tout, non ? Quoi que… je la vois bien rose fuschia avec des paillettes, avec mon nom gravé en doré et en relief ! La carte pas du tout mégalo et vachement professionnelle, qu’on confondrait facilement avec une carte magique tout droit sortie du monde de Barbie ! Je reviens à la réalité quand mon mari me presse le bras super fort, avec un visage lumineux, parce que Franck McCourt vient de lui promettre des places dans sa loge présidentielle, pour la prochaine rencontre PSG-MARSEILLE.
C’est bon, Micka Davis ne touche plus terre ! Ma parole, j’ai bien cru qu’il allait tomber dans les pommes de bonheur ! Sérieux, c’est un magnifique spectacle de voir un homme heureux ! Je crois qu’en douze ans de mariage, je ne l’ai jamais vu aussi euphorique. Faudrait peut-être que je me commande sur internet un maillot de l’équipe de Marseille moi, et cuisiner avec, rien que pour voir sa réaction ! Non, c’est pas une bonne idée, après, je vais le tâcher, il va sentir la nourriture et tout !
Et c’est l’heure de partir pour de bon, car le restaurant où nous sommes censés diner, vient de nous appeler pour nous dire que notre table est prête, et que si on ne rapplique pas sous peu, ils vont la donner à quelqu’un d’autre (Ooooooh ! la pression, ça va, vous voyez pas qu’on est avec Franck et Monica ?). Et comme j’ai très faim… on conclue :
– Thank you so much for the incredible moment !
Miss Mccourt m’embrasse comme une amie (même si on se connait à peine !). On se quitte, en se promettant de rester en contact.
Ce que j’ai retenu de cette rencontre hors du commun, c’est que la vie nous réserve des tas de surprises ! Non pas parce que nous avons rencontré un milliardaire (Franchement, si les sous ne sont pas sur notre compte, ça change rien à nos vies…), mais parce que nous avons rencontré des gens ultra-généreux ! Généreux de leur temps, généreux de vouloir partager leur passion : du foot pour monsieur, de sa fille et ses chevaux, pour madame ! Et ça, c’est une qualité rare, qui reste, ô combien riche ! Bien plus riche que tous les zéros qu’il peut y avoir sur un compte en banque… mais si Monsieur McCourt veut faire un don à la synagogue de son choix, on va pas lui dire non, hein !
Je vous souhaite de super deuxièmes fêtes de Souccot, de Shémini Atzeret, et de Simhat Thora qui est un trio gagnant ! Milliards de bisous mes amis. À Lundi.
Pour commander mes livres de la saga : La vie déjantée de Junes Davis, c’est sur junesdavis.com. Aux rubriques La Genèse et l’Exode

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