VDM Brooklynoise !


Mon mari est un grand amateur de vin ! Je ne sais pas pourquoi, mais au fil du temps, c’est devenu une vraie passion. Avant les fêtes, il me propose d’aller à Brooklyn pour non seulement faire les grosses courses, mais aussi passer à sa vinothèque préférée (perso, mon endroit préféré au monde se termine aussi par « thèque » mais commence par « Biblio » !).
On arrive dans la boutique, qui appartient à un Hassid et… Quoi ? Comment ça, d’où je sais que c’est un Hassid ? Eh bien… voyons voir : barbe, kippa, péottes, complet noir, chemise blanche, qui ne regarde pas les femmes dans les yeux, je continue ?
– Non, c’est bon.
Donc je disais, mon mari, les enfants et moi, rentrons dans sa boutique enchantée, et je sais d’avance que nous en avons pour un petit moment.
One hour later…
Avec les enfants, on est au bout de notre vie, tellement on n’en peut plus d’ennui, d’attendre que sa Majesté Royale finisse de faire son choix ! Parce que fallait voir le Hassid et mon homme : chaque fois que Micka s’intéresse à une bouteille, le barbu lui propose de l’ouvrir et de la tester « vite-fait » pour voir…
Ce n’est qu’au bout de la trentième bouteille que je commence à prêter attention à la musique de fond qui résonne, qui n’est autre que la mélodie méga-archi-sur-connue de Lionel Richie : « Hello, is it me you’re looking for, etc. »
Je commence à la fredonner et à chanter les paroles sans le son, parce que je sais que ce n’est pas hyper autorisé de chanter devant des hommes (y en a plein la boutique), non pas que ma voix soit celle de Rihanna, mais apparemment, ça fait genre sensuelle. Sûrement que les rabbanims ne m’ont jamais entendue, car je suis certaine que s’ils avaient besoin d’échantillons pour valider la loi, avec moi au micro, ils auraient tranché :
– Guys, c’est OK ! On laisse passer ! Elles peuvent s’époumoner autant qu’elles veulent même au karaoké jusqu’à demain matin, y aucun risque que ça déclenche quelque chose chez un mâle. Mais comme il y a des toujours des exceptions à la règle, ceci ne s’applique pas pour : Mariah Carey (qui est folle !), Céline Dion (qui devient folle depuis que René est parti, la pauvre !), et Beyoncé (qui a l’air moins barge que les autres).
D’un coup, résonne dans tout le magasin, sous des airs de jazzy, ma best#chanson#ever de toutes mes playlists confondues : Careless Whispers, de George M. (paix à son âme). Et vas-y que je chante, que j’entraine les enfants avec moi, que mon fils me fait danser en mode tango, qu’on se met à faire les fous, jusqu’à ce que mon mari nous annonce :
– J’ai fini !
Le vendeur de vin arrive à son tour pour faire passer Micka à la caisse, pour payer ses caisses, et il lui dit en anglais :
– C’est marrant que ta femme connaisse les chansons de ce génial compositeur que j’ai découvert il y a peu.
– Comment ça ? Quel compositeur ? Je lui demande.
Oui, oui, moi, femelle, j’ai osé lui parler !
Contre toute attente, il me fait signe de la main pour que je passe derrière le comptoir et me montre sur son ordi, une page YouTube ouverte avec un jazzman, qui fait clairement partie d’un orchestre qui joue dans les mariages. Il me regarde méga sérieux, et m’annonce :
– Ce type est un génie, et je suis trop fier que tu connaisses ses compositions.
Je me repasse rapidement toutes les chansons que je viens d’écouter depuis une heure, qui ne sont que les reprises des plus gros tubes des années 80, et le type qui est en face de moi, croit dur comme fer que c’est ce saxophoniste qui les a toutes créées.
Je commence à avoir les larmes aux yeux tellement je me mords les joues pour ne pas rire, mais là, il m’achève, quand il me sort, le plus sérieux du monde :
– Tu vas voir, un jour, ce monsieur remplira des stades entiers. Les gens du monde entier se battront pour l’écouter.
Je m’arrête de rire, car ce monsieur, qui doit avoir le triple de mon âge (tu n’exagères pas, meuf ? Le triple ? Miskine, il n’a que la soixantaine ! Bon OK, le double !) ne connait visiblement rien au monde extérieur de pécheurs que nous sommes qui écoutons des chansons non-juive (je rigole !). Comme quoi, on peut clairement vivre toute sa vie dans une réalité parallèle, avec une perception du monde totalement différente, alors que l’on habite qu’à 45 minutes en voiture !
Je me garde bien de lui dire que ce n’est qu’un simple musicien qui gagne sa croute en reprenant des hits, pour conclure :
– C’est clair ! Il est extra. T’as raison !
Du coup, chaque fois que je passe devant sa boutique, je rentre lui faire un petit coucou, et la dernière fois en date, il me sort :
– Viens voir, j’ai découvert un groupe extra :
Lequel ? Je vois sur l’écran, un groupe de religes avec kippa et tralala, qui ont repris les tubes de Justin Bieber, mais version yiddish !
Et c’est reparti !
Je vous embrasse très fort, et lève mon verre de vin, pour vous souhaiter LEHAIM ! pour que cette nouvelle année démarre sur les chapeaux, non pas de roues, mais des Hassid !
Énorme bisou. Good Luck pour kippour, à lundi !
P.S. : Kippour, pour moi, c’est comme un sparadrap qu’on arrache d’un coup, on est content une fois que c’est passé !
Mes livres disponibles sur junesdavis.com.

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