Tout avait bien commencé pour mes enfants en ce 31 octobre, jour d’Halloween, que je me refuse à fêter chaque année ! Oui, je sais, j’ai un petit côté « casseuse d’ambiance » parfois, mais tant pis, j’assume ! Les maquillages de squelettes, les déguisements avec des haches, ou des couteaux remplis de faux sang, euh… non merci ! Même si je reconnais tout de même, que dans les rues de New York, on sent un petit côté festif lié à cette célébration cent pour cent commerciale !
De ce fait, l’année dernière, je m’étais laissée aller, en accompagnant mes enfants au fameux « Trick or Treat » (des bonbons ou un sort), la phrase que les petits amerloques prononcent quand ils tapent aux portes, dans le but de recevoir des bonbecs.
Perso, la seule chose dont j’avais vraiment eu peur ce jour-là, en faisant ce porte à porte, c’était de tomber sur un psychopathe qui t’invite à entrer chez lui, mais pas que pour te donner des candies ! Au secours ! Au passage, un grand merci à la chaine M6, pour leurs films de l’après-midi qu’on a tous au moins regardé une fois dans notre vie ! (Faites pas les mytho). L’intrigue est souvent plus ou moins liée à des gens complètement tarés, donc cette année, c’était : NO, NO, NO !
Pour enfoncer la citrouille de la journée de mes petits enfants, qui s’annonçait déjà en marge des festivités, sur le chemin de l’école, je leur annonce que je vais venir les chercher plus tôt pour les emmener chez le dentiste. Contrairement à ce que j’aurais pu croire, mon fils jubile de bonheur. Il s’est arrêté en pleine rue pour sortir son agenda, et après deux secondes, il m’a dit :
– En plus, today, c’est Election Day pour ma classe, on doit élire le ou la délégué(e) pour l’année. Déjà qu’on va rater une heure de cours, plus toi qui vient me chercher pour aller chez Dr King. C’est confirmé, c’est mon BEST DAY EVER !
– SUPER ! Alors pour qui vas-tu voter, finalement ?
– Élisa.
– Élisa ? C’est pas celle que tu peux pas blairer ?
– Si, mais elle a promis d’acheter bonbons ou chocolats de notre choix, à celui qui lui donnera sa voix, donc on va tous voter pour elle.
– Mais… c’est sacrément déloyal ! On n’élit pas quelqu’un parce qu’il nous promet d’acheter ou de faire des choses (en fait, oui, on élit quelqu’un exactement pour ces raisons !). Tu dois réfléchir tout d’abord, à l’élève qui saura défendre l’intérêt collectif de la classe avant tout. Imagine le pauvre candidat, qui n’a pas les moyens d’acheter ce que chacun veut, ou si sa maman refuse de dépenser une blinde ! Ce que je peux comprendre !
– Je suis d’accord, mais mieux vaut qu’il ne se présente pas du tout. Il n’a aucune chance.
– Mais elle dit rien, la maitresse ?
– Nope. Tu sais, maman, on est dans un pays libre !
Un peu scandalisée par le fonctionnement de ce vote, je dis au revoir à mes petits choux.
Vers 14h30, comme promis, je les récupère, et dans la foulée, n’étant pas véhiculée, j’appelle un Uber pour aller là où vous savez. En attendant la voiture, (j’adore regarder la voiture minuscule bouger vers nous sur l’écran), mon fiston sort de ses poches monstrueusement pleines, des sucettes, des chocolats Hershey (ses préférés), des Gummy Bears, pour les distribuer à ses sœurs. Horrifiée, je commence à lui demander si au lieu d’aller à l’école, il n’est pas allé plutôt braquer une confiserie ! C’est là qu’il m’annonce que la fameuse Élisa a été élue. Elle a éclaté les autres candidats mais surtout, elle n’a pas menti. La gosse (ou plutôt sa mère, attends que je l’attrape pour lui dire deux mots !), a tenu parole, et a offert à chacun ce qu’il aimait.
– Bah… elle est belle, la démocratie (pipée de chez pipée, oui !). Juste, arrête de donner tous ces trucs à tes sœurs trente minutes AVANT D’ALLER VOIR LE DOCTEUR POUR LES DENTS.
Et en plein hurlement maternel, je vois Sharon qui s’avance vers nous.
Explication de Junes Davis : de qui est Sharon ?
Sharon est la dame qui s’occupe de placer les enfants dans les Yellow school bus de l’école qui les ramènent chez eux. La dame doit avoir sérieusement pas moins de 100 ans au compteur, voire plus, et j’exagère à peine. Je me suis déjà demandée comment elle faisait pour marcher sans déambulateur (Michkina !). Elle a les cheveux extra courts et blancs, et m’a affirmé qu’elle ne prendra jamais sa retraite, sauf si elle meurt pendant la nuit :
– C’est vrai que c’est embêtant, pour aller bosser le lendemain !
Sasha de son pseudo sur Facebook (c’est vrai en plus !), m’observe en train de faire la morale à mes petits, et à toute la rue, tellement je crie. Soudain, elle m’interrompt pour me demander en anglais, pour quelle raison je m’énerve autant parce que :
– Aux États-Unis, on ne parle JAMAIS fort aux enfants.
S’il y en a un qui me parle d’éducation bienveillante, je le mords comme un vampire de Twilight le ferait ! Car derrière les cris, se cache de la bienveillance ! Oui, parfaitement, je me suis donné comme but dans la vie, qu’ils ne finissent pas tous édentés comme la fille de la femme de ménage de ma mère. À l’âge de cinq ans, les dentistes ont dû lui retirer sous anesthésie générale toutes ses dents, tellement la petite avait de caries. Ça nous avait tous choqués, dans la famille, parce qu’en plus, y a une coutume moldave, comme quoi avant le sixième anniversaire, il est bon de couper à ras les cheveux des petites filles. Vous imaginez les photos-dossier pour plus tard, à son mariage ? Déjà que mes propres photos, cheveux et dents compris, j’assume pas du tout, alors elle ! À moins que ce soit une tactique pour envoyer un message subliminal à son mari, pour lui dire :
– Regarde comment j’étais, et regarde comment je suis devenue sublime dans ma robe Max Chaoul !
Bien que je ne sois pas sûre pour la marque de la robe. Enfin, passons.
Donc avant que Sha appelle les flics pour m’embarquer, je lui fais un rapide topo de la situation. Et là, (véridique) elle me sort :
– Ah mais Junes, faut m’appeler, dans ces cas-là. Laisse-moi faire, en deux-deux, je te règle ton problème.
Elle se tourne vers mes gosses pour leur dire :
– Mes chéris, si vous continuez de ne pas écouter votre maman, à mon âge, ou même avant, vous serez obligés de porter ceci.
Et c’est là, qu’elle enlève sous nos yeux horrifiés…. SON DENTIER… pour le placer en évidence sous leur nez !
Comment traumatiser un enfant à vie !!!!! Chapitre 1 : Appeler Sharon !
Mouvement de recul général.
Recrachage instantané de bonbons en bouche.
Mon fils qui me secoue le bras, et me dit en français :
– Je vais vomir, je vais vomir, je vais vomir. Plus jamais, je ne pourrai la regarder sans penser à ce moment, maman ! Maman arrête de rire ! Fais quelque chose !
C’est vrai que la noble démarche de Sharon peut être un peu choquante, pour des enfants de cinq à onze ans, mais faut reconnaitre que c’est efficace ! Et puis, malgré elle, la patronne des Bus, a réussi à me les mettre dans l’ambiance d’Halloween, en me les terrorisant / (traumatisant ?).
Good job Shah !
Mais ce n’est pas tout ! Juste avant de monter dans le taxi, je vois mon fils courir comme un fou, et jeter tout ce qui ressemble de près ou de loin à des sucreries, dans la poubelle la plus proche.
Il revient pour me jurer que plus jamais de sa vie, il mangera un truc où il y a du sucre, en expliquant à ses sœurs (toujours sur pause de ce qu’elles ont vu), qu’il fallait qu’ils fassent une sorte de pacte anti-bonbon.
Du coup, sur le chemin, en réfléchissant, je me dis que j’ai trouvé la solution pour résoudre le léger problème ponctuel d’incontinence de l’une de mes filles : Y a plus qu’à l’emmener faire un tour dans un hospice, pour en finir avec ce souci ! La méthode a l’air radicale !
Plus tard, je raconterai l’anecdote à Docteur King, qui me dira :
– mais elle est vraiment folle dingue votre placeuse ! Franchement, madame Davis, chaque fois que je vous vois, vous me racontez de ces histoires. J’espère que vous avez un cahier ou un calepin, où vous notez tout ça, parce que c’est incroyable. Sinon, votre troisième roman, ça en est où ? Ma femme a beaucoup aimé votre tome 2 (elle est french, sa femme), mieux que le 1, qu’elle a dit :
– « N’oublie pas que tu t’appelles Ruth », sort dans quelques semaines, normalement.
– Super ! Sinon, ça vous fera… (censuré par l’auteur, je vous préserve, mes amis, je ne veux pas que vous tombiez dans les citrouilles, quand vous saurez les frais dentaires américains.). Merci, et Happy Halloween !
– Ah non, Docteur, vous ne me souhaitez pas cette fête commerciale que je déteste !
– Pourquoi ?
– Parce que je préfèrerai toujours célébrer la vie, que célébrer la mort ! J’ai d’ailleurs lu le livre de l’ancien grand Rabbin de France Rav Sitruk (Zal) : Rien ne vaut la vie. Extraordinaire !
– Je le note pour ma femme, mais alors… vous ne fêtez pas la Saint-Valentin, non plus ?
– La Saint-Valentin, c’est différent… j’adore les roses rouges … les chocolats… les Rochers Suchard, de préférence… les cœurs, l’amour…Etc.
Je vous embrasse, et vous retrouve la semaine prochaine. Énormes bisous.
Ps : Pour louer les services de Sharon pour en finir avec les caries, vous pouvez la contacter sur junesdavis55@gmail.com.
Ps2: Pour commander mes romans, c’est sur junesdavis.com