VDM Mikvé !


Quand ton Mikvé tombe pendant les fêtes ou vendredi soir, et que tu n’es pas chez toi, t’as vraiment l’impression d’être une bonne candidate pour participer à l’émission (effroyable) de L’île de la tentation (de pas y aller !), ou de Koh lanta (pour y arriver !).
Toute la problématique a commencé lorsque mon mari m’a annoncé deux jours avant les fêtes de Souccot :
– Chérie, fais nos valises, j’ai trouvé un super plan pour aller passer les fêtes ailleurs. On va kiffer !
– Je vais kiffer quoi ? Faire nos valises, ou passer les fêtes ailleurs ?
– Les deux !
– Ah ! T’inquiète pas, mon Loulou, je m’y mets dès demain soir, veille de notre départ, quelque part entre onze heures du soir et deux heures du matin ! Tout sera fait à la dernière minute, compte sur moi ! J’ai la situation bien en main.
Notez qu’après quelques années de mariage, on se débrouille comme une grande, et on arrête d’attendre une « quelconque » aide extérieure, car ça fait gagner du temps, et des économies en disputes ! Surtout que l’homme s’est déjà « occupé » des vacances.
Tout en faisant nos packages, j’avais bien fait attention, contrairement à la dernière fois, de ne pas oublier les brosses à dent de toute la famille. Je vous passe la séquence merveilleuse quant au petit matin, mes gens sont venus me demander leur outil buccal, pour retrouver une haleine fraîche et pure, et quand… misère de misère, quand il a fallu leur avouer, tête basse et voix tremblante, mon grave oubli de mère de famille. Car OUI, TOUT EST TOUT LE TEMPS DE MA FAUTE !
Depuis, je m’étais promis d’essayer de ne plus répéter cette même erreur.
En allant dans la salle de bain, je me suis rappelé d’un coup qu’il fallait aussi prendre dans mes bagages ce petit sachet rose avec écrit en hébreu : Bedikots. Je me suis mise à compter, et me suis rendue compte que la date « censée » de mon trempage correspondait à :
– Pendant chabbat, juste après les deux jours de Yom tov ! Saperlipopette ! C’est bien la première fois que je me retrouve dans une telle situation. Comment cela va se passer question cleaning ? À sec, pas à sec, à l’eau, à la main… aucune idée.
Il fallait que je me renseigne en priorité, sur le Mikvé le plus proche de l’hôtel où nous allions séjourner. Ainsi que le processing à adopter dans un tel cas. Je n’étais pas trop stressée, car je savais que Miami équivalait un peu à notre Paris 17ème ou Levallois-Perret local, avec son concentré de feujs au mètre carré. Et qui dit feuj, dit vie juive, qui dit vie juive dit Syna. Qui dit syna, dit généralement Mikvé. Et j’avais raison…
Une fois arrivés sur place, nous avons entamé des recherches, et c’est via le web que j’avais appelé le premier numéro indiqué.
Avant toutes questions, il fallait que je vérifie si ce Mikvé était bel et bien ouvert pendant les fêtes. Si une permanence était assurée, un peu comme quand on appelle S.O.S amitié, ou que l’on se pointe aux Urgences à n’importe quelle heure. Il est très rassurant de trouver toujours des personnes de garde, bien qu’elles n’aient jamais de Noël, de jour de l’an, de… non mais là, je m’égare complètement ! Quoi que…je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour toutes nos Balanites.
Je les imagine très bien laisser en plan : mari, enfants, invités, amis, en plein milieu d’un diner Chabbatique et Yomtovite, pour permettre à tous ces couples de se retrouver, en gardant le secret professionnel. Ces dames sont un peu nos agents secrets-nos James Bond Girls de la communauté, qui sont au service de sa Majesté Hashem, et qui travaillent uniquement dans l’ombre.
Oh my God ! Je viens d’imaginer Ida en maillot de bain orange, à la Halle Berry dans « Demain ne meurt jamais », sauf que c’est moi qui vais mourir avec une vision pareille !
Ida est la redoutable Balanite du Mikvé de l’Upper West Side. Âgée de 65 ans ++, qui te lance un regard sévère par-dessus ses lunettes demi-lune, si par malheur tu rencontres en salle d’attente une copine à toi, et que vous vous mettez à rigoler toutes les deux, elle te fait la peau (avant de voir la tienne de très près).
D’ailleurs, tu peux rayer cette copine de la liste de reloux qui, ce mois-ci, te demanderont si tu es enceinte.
Je sors de ma rêverie quand j’ai en ligne, Miss SCHWARTZ, de son petit nom ahské, qui au téléphone m’a limite donné une feuille de route, avec toutes les étapes à respecter SCRUPULEUSEMENT, parce que c’est grave important, si je veux que mon Mikvé soit considéré comme Cacher.
En même temps, Madame, si je me tape quarante-cinq minutes avec mes gosses avec l’espoir infini qu’il ne pleuve pas (il a plu !), tu te doutes bien que j’ai compris que c’était important, hein ?
D’ailleurs, cette dame, fort sympathique, n’hésite pas à me faire une blagounette, pour me dire qu’en cas de pluie, je serais déjà dans l’ambiance du Mikvé (LOL). En revanche, je commence à avoir des sueurs chaudes (déjà qu’il fait Chhana Tamout !), quand elle me dit qu’en cas d’ouragan :
– On pourra pas ouvrir.
– Mais c’est prévu ?
– Non, mais vous savez, à Miami, on passe d’un ouragan à un autre !
On peut affirmer que Madame Schwartz sait se montrer vachement rassurante !
Vient le moment téléphonique où elle me demande toute mon attention :
– Oui ?
– À partir du moment où tu allumes tes bougies de Yom Tov avec Braha, à part te brosser les dents, tu ne peux plus rien mettre, ni crème de jour/ du soir/ou solaire ! RIEN ! NADA ! WALLOU !
Et c’est un véritable coup de massue que je prends sur le caillou et je décide de demander :
– Et avec ma tête de cafard au réveil, je fais comment pour la camoufler ?
– Tu sors pas de chez toi, ou tu assumes.
– Mais avec Simhat thora, Chmini Atzeret ? Je vais pas les rater, quand même ! J’adore voir les hommes secouer la Thora autour de la Téva comme une noix de coco !
– C’est toi qui vois, honey ! Une dernière chose, quand tu arrives devant la Soucca. Tu vas longer, longer, longer le mur. Tu vas prendre garde que personne ne te voit, ma jolie (d’où elle sait si je suis jolie, elle m’a jamais vue. Bref !). Si tu vois quelqu’un, surtout un homme, tu te planques quelque part, et tu attends qu’il passe sans te faire voir. Tu m’as bien comprise ?
Et c’est sans transition, qu’elle enchaine :
– Sinon, pour le paiement, on accepte carte de crédit/PayPal/chèque/ ou virement bancaire. Dis-moi ton moyen de paiement. Je suis prête !
Pas moi ! J’ai même pas digéré que je vais devoir jouer à Spy Game, mais en version réelle, car je dois payer quelque chose.
Je crie à mon mari (qui est à un millimètre de moi ! Allez comprendre) :
– La carte ! Elle veut le numéro de la carte de crédit !
Et comme 99,9 pour cent des hommes, au lieu de me le donner, il me demande :
– Pourquoi ?
– Quoi, pourquoi ?
– Pourquoi elle veut la carte ? Je vais pas donner mon numéro de carte à une inconnue par téléphone.
– (…..censuré….par l’auteur).
Note de Junes Davis : Dans le texte original de ma VDM, il y avait à la base, une blague quelque peu… ordinaire ( vulgos, oui!). Du coup, il y a eu une réunion au sommet entre ma blague et moi-même, car elle n’était pas du tout d’accord d’avoir été mise là sans son autorisation :
– Tu comprends Junes, qu’en tant que blague, j’ai mon mot à dire ! Et je trouve que c’est bien trop grossier pour être lu par tous ! Donc c’est non, trouve une autre blague qui fera le job à ma place !
– T’es sure ? T’es vachement drôle, pourtant. Allez, steuplait, laisse moi t’insérer au moins les deux premières lignes !
– Je t’ai dit non, et si tu comprends pas, je me barre !
Du coup, la blague a vraiment quitté ma Vdm, en claquant la porte de mon blog ! J’en suis encore toute retournée…
Et quelques (beaucoup de) Bedikots plus tard, le visage nu, qui de loin (et de près), me fait ressembler à une endive bouillie, nous partons en expédition avec les kids, sous une pluie à la fois fine et torrentielle (impossible d’expliquer plus ce qu’on a vécu). Pendant toute la route : ça pleure, ça râle, ça se dispute, je crains qu’on se perde, mais heureusement, D. a donné à mon mari un pouvoir magique, Il lui a mis un GPS intégré au cerveau, quel que soit sa position sur le globe de la terre.
Parfois, il me fait même penser aux coqs, que l’on trouve au-dessus des églises, qui nous indiquent les quatre points cardinaux. Notre association est parfaite, car moi, j’ai effectivement un GPS, mais pas avec le même fonctionnement (Généralement se Perd Souvent). Souvent, il lui arrive de hurler :
– C’est indiqué au nord, Junes ! Au nord ! Fais un peu attention ! Qu’est-ce que tu ferais, si je n’étais pas là.
– Je me perdrais, et je serais en train de me galérer à trouver toute seule (comme une grande) le chemin du Mikvé.
On arrive à la synagogue trempés par les eaux et jusqu’aux os. Parmi la foule de gens, la dame me repère tout de suite (je me demande bien comment), et me fait un petit clin d’œil. Elle part la première. Je confie les enfants à mon homme. Et hop ! Je me mets en route. Soulagée de ne pas avoir besoin de me cacher, car vu le déluge, il n’y a pas ni chat, ni homme à l’extérieur. Je fais enfin trempette, trois, quatre fois, et c’est bon, la mitsva (mission ?) du jour est accomplie. Je crois que je suis sortie d’affaire, sauf qu’en me rhabillant, je repense aux paroles pédagogiques que ma grand-mère (zal’), me disait avec amour. Elle savait toujours trouver les mots justes, pour que je me souvienne de ses précieux conseils (et flippants !) :
– Écoute-moi bien, ma fille. Une fois que tu sors du Bain (rien qu’en écrivant ce mot qu’elle utilisait, j’en ai les larmes aux yeux !) tu fais bien attention de garder toujours la tête en bas, jusqu’à ce que tu arrives chez toi. Tu sais pourquoi je te dis ça, ma fille ? Parce qu’en Algérie, on m’a toujours dit que si tu regardes un autre homme, les démons de la nuit vont venir se coller à toi jusque dans le lit !
– Je te promets mémé, jamais je ne regarderai un autre que Mika !
– C’est bien, ma fille ! Mais les Gnounes ne sont pas la seule raison !
– Ah ! J’ai sérieusement tous mes poils qui tremblent de peur, mais vas y, mémé, je t’écoute :
– On dit aussi que le premier homme que tu vois après trempette, ressemblera à l’enfant qui sera conçu cette nuit-là. Crois-moi, ma fille, écoute ta grand-mère, et rentre vite chez toi, en ne regardant personne.
Légende ou réalité ? Je n’en sais toujours rien, mais dans les deux cas, mieux vaut ne pas prendre de risques inutiles !
Une fois de retour dans notre chez nous provisoire, juste avant l’heure du Chéma, je me suis demandée s’il n’aurait pas mieux valu éviter tout ce périple à ma famille. C’est vrai, quoi ? C’est quoi toute cette prise de tête ? J’y serais allée tranquillou le lendemain soir, à la sortie des trois étoiles, maquillée comme une voiture volée, et en voiture, s’il vous plait ! Je me serais démaquillée une fois sur place !
Cependant, en remontant mes couvertures jusqu’au nez, je me suis retournée, et j’ai eu ma réponse sous les yeux :
Rien que pour avoir le droit de voir mon bien-aimé de si près, même à un jour près, si c’était à refaire, je le referais sans hésiter !
Si la Thora a déterminé ce temps précis de séparation et de retrouvailles, c’est à moi de faire suffisamment confiance en ce calcul, et de tout mettre en œuvre pour profiter de ce temps si précieux dont nous, les couples juifs, disposons et chérissons, malgré l’énorme challenge qu’est la Nida.
Je suis venue à même me demander si cette séparation forcée était la garantie de notre longévité en tant que peuple, et en tant que couple….
Pour toute réponse à cette dernière question, merci de consulter l’autorité Rabbinique de votre choix, ou de m’écrire sur junesdavis55@gmail.com Rendez-vous mercredi en vidéo sur mon FB : Junes Davis. Gros Bisous.
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