Cela fait quelques semaines que j’ai vécu cette histoire. Je me suis beaucoup posé la question de savoir si je devais l’écrire et relater les faits (la dame qui se prend pour une journaliste d’investigation !). Mais après l’avoir racontée en boucle à 1800 personnes différentes, je me suis dit : allez, lance-toi petit écureuil du Central Park, balance tout par écrit, cela peut servir, et peut-être même qu’un beau projet en découlera.
Tout a commencé lorsque je suis descendue avec mes enfants à la Playroom (salle de jeux réservée aux enfants dont disposent quelques buildings de Manhattan). Une fois là-bas, je m’installe sur une mini chaise prévue pour les gens de moins de cinq ans (je redoute le jour où sous mon poids, la chaise va se briser !). Mon fils a emporté ses devoirs, et mes poulettes jouent joyeusement dans différents coins de la salle. Avec nous, se trouvent deux autres dames qui papotent entre elles en russe. Je ne sais pas si ce sont des mamans ou bien des nannys, parce que franchement, à ce stade de l’histoire, le détail importe peu. Au bout de quatre minutes, le regard vide à ne réfléchir à rien, je cherche du regard fifille 2, et ne la trouve pas. Bizarre ! La taille de la Playroom n’est pas assez grande pour perdre un enfant des yeux tout de même. J’en déduis qu’elle est sûrement cachée dans la maison en plastique. Je me lève, me dirige vers l’endroit, et passe ma tête par la fenêtre, et là, c’est le choc de ma vie :
Je découvre un garçon âgé de trois ans, quatre grand maximum ! Et une petite fille du même âge, qui sont en train de jouer à « touche-pipi », mais vraiment le « touche-pipi version Disney remixé avec les princes et les princesses qui sont à une rave party ». Je ne rentrerai pas dans les détails, car la décence me l’interdit (et surtout que la moitié de ma famille, et parfois ma belle-famille me lisent !) mais je peux vous dire que j’ai été assez choquée pour me demander comment ces enfants ont eu rien que l’idée de se retrouver dans cette posture. Je veux hurler, mais mon côté pédagogue me l’interdit, car je ne veux pas être la cause d’un traumatisme, et que ces deux gosses associent ce qu’ils « font » à quelque chose de mal. Je ravale mon cri dans ma gorge, et vais prévenir au petit trot les deux bonnes femmes qui devraient les surveiller plutôt que tchatcher. Attention, je ne fais pas la morale, elles font ce qu’elles veulent, mais là, ça devait faire un bon moment que les gosses devaient être en free style ! (Ils avaient eu le temps d’enlever une partie de leurs vêtements). Je me racle la gorge, et leur dis d’une voix fluette :
– Hi ladies, I think you should watch the kids right now ! Je pense que vous devriez regarder les enfants, maintenant !
Et évidemment, évidemment, au lieu de la jouer fine, les meufs déboulent comme des boulets de canon dans la maison et hurlent sur les gamins. J’ai même vu une fessée voler sur l’un des deux derrières, et pouf s’envole la résolution pour éviter l’amalgame monstre que ces enfants vont avoir dans leur tête. Mais en même temps, est-ce vraiment mon problème ? Et où est ma fifille dans tout ça ? Je découvre la coquine cachée juste à côté de la maison. Je lui demande d’approcher, et lui demande si elle a vu ce qu’il se passait dans la maisonnée. Elle me fait un grand sourire qui en dit long, même si elle me répond :
– Non, je n’ai rien vu.
(Mytho ! Elle est juste trop gênée pour me l’avouer). Je n’en parle plus, et on remonte. Dans l’ascenseur, mon fils, à qui rien n’échappe, ce qui parfois me donne envie de l’écharper avec un : « MÊLE-TOI DE TA VIE STEUPLAIT ! » me demande ce que j’ai, car je suis toute pâlotte. C’est vrai que ce n’est pas tous les jours (et heureusement d’ailleurs) qu’on a cette vision d’horreur où l’innocence de l’enfance est complètement remise en question. Après, ça arrive tous les jours que lors d’une playdate, les enfants s’amusent à se découvrir mutuellement, d’où une certaine supervision des adultes, mais là, c’était vraiment trop poussé. Je me suis même dit que l’un des deux petits avait surement dû voir ça chez lui. Et vas-y que je pense au pire, en mode complètement psychotique, à voir défiler dans ma tête les pires films.
Le soir, au moment de l’histoire, je demande à ma fille si elle n’a vraiment rien vu dans la maison. Elle m’avoue qu’elle n’a pas compris pourquoi le petit garçon était sur la petite fille. J’essaye d’aborder le sujet délicat de la prévention, mais contre toute attente, dès que je commence à leur expliquer que personne à part maman ou le docteur (en ma présence) n’a le droit de voir leur « private parts », j’ai mon autre fille qui se relève, et en cœur elles se mettent à réciter une charte en anglais :
Nobody should see my private parts ! Never ever someone touch my private parts ! Personne ne doit voir ma fleur. Jamais jamais personne n’a le droit de toucher mes private parts etc.
À l’école, on leur a appris dès leur plus jeune âge à faire attention à elles, et à ne jamais hésiter à en parler un jour (Lo Alénou) si quelque chose de louche arrivait.
Il m’arrive de pester contre le système éducatif américain, parce que parfois, le corps enseignant me prend la tête pour des broutilles :
– Votre fille ne connait pas l’alphabet à l’envers et à l’endroit. Je crois qu’il est préférable de l’emmener voir le pédopsy de toute urgence !
Mais sur ce coup-là, je ne peux que m’incliner, les remercier, et leur dire bravo ! Dans toutes les écoles du monde, je pense sincèrement que cette charte doit être apprise par cœur pour les petits et grands enfants. Il est vrai que d’habitude, je raconte des évènements ou des bouts de vie qui m’arrivent au quotidien sur des sujets plutôt légers, voire rigolos, car ce que l’on voit défiler sur le net est souvent déprimant, je ne vais pas en rajouter une couche ! Mais aujourd’hui, j’utilise cette chance que j’ai d’être lue par vous, afin que chacun à votre tour vous partagiez cette histoire, pas pour la gloire, mais juste pour l’espoir que ce soit en communiquant qu’on prévient et qu’on dénonce !
#Charte préventive pour tous ! C’est un projet que je vais mettre en place pour qu’il soit diffusé au maximum, et utilisé de partout ! (La fille qui s’emballe, mais pourquoi pas… Les grandes histoires ont toutes commencé par de l’emballage et des idées).
Je vous embrasse, mes chéris, à très vite, et promis, lundi prochain, ce sera du fun, du fun et du fun !
Pour connaitre les dates de la mini tournée de Junes Davis c’est par ici :
– Le 9 Juillet à 9h30 à Netanya, à l’hôtel David Tower pour un petit dej’. Avec Michèle Attali, et interview avec Rivka Chamla, coach thérapeute pour le journal l’École des femmes.
– Le 10 Juillet à 20h00 à Tel-Aviv, dans la Galerie Urban secret, au 21 Allenby.
– Le 11 Juillet à 20h00 sur Jérusalem, chez Gourmandise sur le Kikar Amouzika
– Le 16 Juillet à 20h00 chez Chipoudé Netanya. Sur résa, contacter Judith Afriat Malka.