Réseaux sociaux et ados, comment on gère ?

La semaine passée je me suis rendue à Marseille pour deux événements tip top. Le premier était une sacrée soirée au Times Square organisée par des filles géniales. Le deuxième était ma venue dans une école pour parler aux jeunes filles de la manière dont on doit aborder les réseaux sociaux. Étant ni rabbanite, ni psy, ni prof, j’étais un ovni en robe fleurie qui était venue à leur rencontre.

Les premières secondes, j’ai commencé par : Salut je m’appelle {…} cela fait 8 ans que je suis écrivain et que j’utilise tous les jours les réseaux pour communiquer. » Clairement, elles ne m’écoutaient pas ! Elles étaient bien plus intéressées pour savoir d’où venait mon pull violet et ma robe. Si je voulais avoir une chance de faire passer un message, j’ai tout de suite changé de tactique, en les faisant participer à fond, les bombardant de questions.

–      Combien de temps vous passez en moyenne sur Tik Tok/INSTA ? 

–      Entre 15 minutes et 4 heures par jour ! 

–      Avez-vous déjà eu des disputes sur WhatsApp entre copines ? 

–      Bien sûr ! Tout le temps ! 

–      Qui a déjà bloqué quelqu’un ? 

–      Madame, ça ne se fait pas du tout ! 

J’avais mis 30 secondes à avaler le « Madame », et ensuite j’avais demandé si elles étaient au courant que sur les réseaux tout était partiellement faux. Étant donné leur tête, il était évident que non. Alors j’y allais à fond sur les révélations.

–      Comment ça on peut acheter des abonnés ? Comment ça on peut acheter des likes ? »  

– Bah oui ! On peut même acheter des faux commentaires pour faire genre ! Dans le jargon on appelle cela des boostes comme boosters pour faire monter l’algorithme.

J’étais contente car j’avais toute leur attention. Il fallait continuer de les bombarder de vérités et tant pis si elles allaient déchanter. Ce qui était publié sur les réseaux sociaux était à moitié vrai. Il fallait avoir beaucoup de recul pour faire le tri entre la réalité et le mytho.

– Oui mais moi Madame, j’adore suivre la vie des stars. C’est intéressant. 

J’étais d’accord ! Voir J-lo en combinaison pailletée, rouler un palot à Ben Affleck c’est trop cool, mais de un, ce n’était pas elle qui s’occupait de son compte, de deux, tout n’était que mise en scène. 

Ensuite j’ai abordé leur droit, comme celui de ne pas répondre à un message ou de ne pas participer à un tchat entre copines si elles n’en avaient pas envie. Elles étaient septiques, m’expliquant que ce n’était pas sympa. 

– Qui a dit ça ? Vous avez le droit de ne pas répondre de manière instantanée surtout si vous êtes en train de faire vos devoirs ou que vous êtes en train de passer un moment en famille. 

L’une des filles (une bombe !  Mais genre grosse bombasse et encore elle est soi-disant dans l’âge ingrat !), était revenue sur la pêche aux infos pour savoir comment avoir plus d’abonnées car son rêve était de devenir influenceur « Pour avoir plein de trucs gratuits ». L’envie de me tirer une balle dans la tête passée, j’avais choisi une petite chouchou pour qu’elle nous fasse une déballe de commerciale d’un produit pour « ses abonnés ». Tout le monde avait rigolé car la petite chouchou a joué le jeu à fond ! Je leur ai expliqué qu’être influenceuse, c’est être commerciale mais devant un écran et que derrière « les trucs gratuits » comme tout job, il y a la pression de faire des vues et de déclencher des ventes auprès de l’annonceur ! Il ne fallait pas perdre l’objectif d’avoir un métier. 

 Après on a abordé le sujet de Tik Tok/ Youtube et des créations de contenu. Facebook est officiellement « ringard, pourri, pour les vieux ! ». Je leur ai annoncé que D. est le plus grand créateur de ce monde. Il nous a donné la possibilité de créer des tas de choses rien que par l’esprit et la volonté ! À nous d’utiliser ce don à bon escient. La bonne nouvelle c’est qu’il y avait plein de jeunes filles qui ne souhaitaient pas du tout s’exposer.

On a parlé de la gestion des critiques sur les réseaux. De la peur de se faire déchirer. Je leur ai bien fait comprendre que même un adulte bien dans sa peau peut être détruit par un mauvais commentaire. Alors pour des enfants de leur âge, c’était impossible de s’en sortir tout seul ! Elles avaient totalement raison d’avoir peur. Si elles souhaitaient se lancer sur les réseaux en postant des vidéos, il fallait être accompagnés d’un adulte plutôt que de se lancer en solo et en cachette ! Si l’ado souhaite se lancer, il faut l’accompagner dans son expérience et surtout lui faire comprendre que vous êtes avec lui quoi qu’il ! Qu’il devienne une star des réseaux ou non, le nombre de vues, de likes, de followers ne définit pas qui il est ! 

Notre rôle est de ne pas s’insurger en disant : « Mais ça va pas ! La priorité, ce sont les études ! Sans les études tu n’iras pas loin ! » Ce discours est hélas old school et faux ! Pas plus tard qu’il y a deux semaines, je me trouvais dans une agence d’influenceurs (je ne savais même pas que cela existait) et bien je peux vous certifier que faire la promo d’un canapé IKEA , ça rapporte vachement plus que d’être prof de philo. Je sais qu’en France l’argent et la réussite sont des sujets très tabous mais c’est un fait. En termes de Business cartonner sur Youtube rapport plus que certains métiers. Cela dit, quand on les voit passer des heures affalées sur un lit à scroller des vidéos tel un légume, il faut agir et proposer des choses fun à la place. Et non, juste déclarer la veine bleue apparente « Arrête de perdre ton temps et va faire tes devoirs ». Le gosse va avoir aucune envie de les faire ! En revanche, s’intéresser 5 minutes à une vidéo que l’enfant a trouvé intéressante, la regarder avec lui, débriefer pour comprendre en quoi c’était super drôle, va donner du crédit à nos mots. 

J’aimerai beaucoup promener ma carcasse de « Madame » dans d’autres écoles. La prochaine étape est de proposer des ateliers parents/ados une fois par mois par zoom ou en présentiel afin d’aborder tous les aspects de ce vaste sujet. Je précise une fois par mois parce que si j’annonce encore une fois au Roi du Maroc que je pars de la maison pour bosser, il va y avoir du grabuge « QUOI ? Encore je te GARDE les enfants ! Comment ça tu me gardes les enfants ? Ce sont tes enfants tout autant que les miens dis donc ! Moi pendant 16 ans je ne suis pas sortie de la maison, c’est à ton tour de prendre le relais ! Ah Madame prend ses aises ! Madame se prend pour un ministre ! Arrêtez de m’appeler MADAME ! ». 

Je vous fais de gros bisous.

Vous êtes nombreux à m’avoir signalé que vous ne voyez plus mes publications. Envoyez moi un message pour les recevoir par Whatsapp. La bise.

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