Ton conjoint ne détermine pas qui tu es.  

Ton conjoint ne détermine pas qui tu es !

Vla une belle phrase qui mérite d’être développée près d’un comptoir PMU avec petit café noir. Non par que je vois tout en noir, ou que je lis dans le marre à café. N’empêche être un peu au courant de ce qui allait m’arriver une fois la bague au doigt, m’aurait drôlement bien dépanné ! Avant de me marier, je croyais naïvement qu’avec l’homme dont j’ai pris le nom, nos défauts mutuels auraient été des atouts et se seraient mélangés parfaitement à nos qualités respectives. Au fil des années, je me suis rendue compte que je m’étais bien plantée sur les bords du Mississipi. Le pompon qui me l’a vraiment bien fait comprendre s’est déroulé jeudi, aux alentours de 20h30. Moi, petite brune, blanche de peau qui n’a pas vu le soleil depuis un bail, a balancé violemment le reste du dîner posé dessus et la table avec. Pourtant de nature calme, à rigoler facilement pour un rien, je n’ai pas vu la crise venir ! Je vous jure Marie-Thérèse je ne l’ai pas fait exprès !

J’avoue que lorsque je croise une personne colérique qui tape des scandales chez Charles Traiteur, parce que la Méchoui n’était pas assez cuite, ou que leurs boulettes sont trop chères, (c’est vrai que leurs boulettes sont hors de prix mais qu’est-ce qu’elles sont bonnes !) cela me rebute ! Pire, je m’en éloigne car elles me font un peu peur. Tu sais ces dames ultra stylées, avec des mèches, et des lunettes de soleil 365 jours par an.

En fait, ce n’est pas elles qui me font peur mais la colère qui les anime. Elle brûle tout sur son passage (la colère, pas la dame stylée!). Et c’est vrai ! Dans ces moments-là, on a les pupilles dilatées et on voit sa force décuplée. Pour prendre mon exemple, ma table de salle à manger pèse 20 kilos et j’ai réussi à la renverser. Physiquement je suis aussi grande et forte qu’un mini-IPad. Mais alors qu’est-ce qu’il s’est  passé pour arriver à un tel degré d’énervement !?

Eh bien cela faisait des semaines que mon mari refusait fermement de m’acheter la twins de chez Messika (Si vous voulez vous cotiser !) pour mon anniv. Je trouvais inadmissible son refus ! J’estimais qu’après toutes les heures de ménage au compteur, je méritais ma bague et bien plus encore. Bien évidemment, je plaisante bien que j’aurais préféré ! Il s’agissait de savoir si nous devions changer de pays ou non. Lui avait ses idées bien arrêtées et moi je pensais tout le contraire. En gros nous n’étions pas du tout d’accord.

Pendant des semaines, chaque fois que le sujet revenait sur la table, nous étions coincés dans une sorte de Rubik’s Cube sans fin. T’as beau essayer toutes les combinaisons, t’arrives jamais à mettre la même couleur sur la même rangée.

Et puis, il y eu ce fameux soir… Le sujet épineux est entre la Pkaila et le raifort. Je n’avais pas supporté les reproches à mon encontre car je les trouvais totalement injustifiés. Il trouvait que je ne le soutenait pas assez et que je n’avais pas fait assez d’effort d’écoute ? C’est au mot « écoute » que j’ai pété un câble, ou plutôt un boulon. Avec ma réaction et mes cris, j’aurai pu facilement postuler pour être la prochaine GODZILLA au ciné.

Une fois bien défoulée, j’avais préféré m’isoler dans ma salle de bain pour réfléchir. Ce n’est qu’en m’enfermant à double tour, que je fis exactement ce que j’avais l’habitude de faire quand je suis perdue : appeler mon père ! Eh oui cela peut paraître surprenant, voire enfantin (grosse gamine !) mais j’avais besoin de savoir comment me rattraper.

Il fallait quelqu’un à mon écoute qui était doté de la clairvoyance que je n’avais plus. Bien qu’il fût près de deux heures du matin chez lui à cause du décalage horaire, il avait décroché à la deuxième sonnerie avec une voix fraîche comme la rosée du matin.  Pour ceux qui connaissent mes aventures ou on lu quelques-uns de mes romans (honte à vous si vous ne l’avez pas encore fait !), j’ai souvent mentionné que je soupçonne ma famille de descendre d’une lignée de vampires juifs aristocrates et religieux. Les vampires existent bel et bien ! Ils sont la preuve que nous attendions tous !

En entendant mon « Allô » tremblant, mon père avait tout de suite réalisé que quelque chose s’était passé. En larmes je marmonnais l’incident :

–J’ai cassé la table en verre de la salle à manger. J’ai traumatisé les enfants. Ils se sont réveillés par ma faute. Maintenant, il y a des épinards huileux par terre, je vais devoir tout laver. J’en ai marre…

–Bon tu vas déjà te calmer et respirer un bon coup. Maintenant tu vas te reprendre et arrêter de pleurer.

–Laisse tomber, je suis une horrible personne. Ma biographie sera disponible au rayon : tarée colérique.

–Ne t’en fais pas, personne n’achètera jamais ta biographie.

Tandis que je redoublais de pleurs, je lui racontais avec les détails ce qu’il s’était passé. En gros, j’étais en boucle. Alors mon papa me posa une question étrange mais assez pertinente.

–Je ne comprends pas pourquoi ses mots t’ont mis dans cet état ?

–Il a dit que je ne le soutiens pas et que je ne l’ai pas assez écouté ! Avec toutes les heures que je lui ai consacrées, j’arrive pas à y croire !

–Et alors ? Je ne vois pas ce qu’il y a de grave à ça. Il a n’a qu’à penser ce qu’il veut. On est d’accord que tu estimes avoir donné le meilleur de toi-même ?

–Bah oui.

–Alors pourquoi une telle réaction ?

–Tu ne comprends pas à quel point, nous les femmes, on est des sensibles. Avec tout ce que j’ai pris sur moi, avec tout ce que j’ai fait, avec ….

–Donc tu as fait ce qu’il fallait ?

–OUI !

–Pourquoi les mots de ton mari déterminent si tu as donné assez ou non ?

–Parce que le but c’est qu’il soit content du soutien que je lui ai apporté et qu’il le reconnaisse.

–C’est là ton erreur, ma fille ! Tu dois toi être sûre de toi et travailler pour acquérir cette confiance ! Ce n’est pas ton conjoint qui détermine qui tu es. Que tu sois déçue qu’il ne voit pas la valeur de ton investissement dans votre couple, c’est normal mais de là à casser des choses. C’est peut-être que toi même au fond, tu estimes que tu n’as pas donné assez !

–Ah non pas du tout !

–Alors reste sur tes convocations et va voir ton mari et demande-lui comment il aurait aimé, à ses yeux, et je précise encore « à ses yeux, de son point de vue » qu’est-ce qu’il aurait aimé que tu fasses en plus pour ne plus chasser cette sensation.

Sur ses paroles sages, je raccrochais, constatais mes larmes séchées qui avaient laissé deux belles traces noires le long de mes joues, et sans prendre la peine de me rincer, je sortais de la salle de bain en allant droit vers mon mari pour lui demander ce qu’il attendait de moi. Sa réponse fut étrange.

–Bah juste que tu fasses des devis pour ci et pour ça.

–Selon moi, c’est une perte de temps !

–Sûrement mais pour moi cela m’aiderait.

–C’est tout ?

–C’est tout. Bon maintenant que c’est réglé, je voulais te dire que la bouteille de vin doux, elle ne s’est pas cassée ! On dirait pas comme ça, mais elle est aussi costaude que toi mon petit Mike Tyson !

En allant chercher les chiffons pour aller nettoyer mon balagane, (même pas en rêve le gars il allait débarrasser !), je me disais que si un jour je devais écrire un 4E tome de la vie déjantée, j’aurais encore pas mal de matière à raconter car finalement les années ont beau filé, on en apprend encore sur l’autre et certaines ficelles du mariage ! Oh boy… je viens de réaliser qu’il y a de fortes chances que cela  ne s’arrêtera jamais !

Je vous embrasse mes chéries.  À très vite.

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