Kippour et les dix jours au pénitencier !


Mais oui, je sais très bien qu’entre Rosh Hashana et Kippour, on ne va pas passer dix jours au pénitencier, mais lorsque j’ai entendu pour la première fois de ma vie ce mot « pénitence », j’ai fait un amalgame monstrueux entre les deux mots. À ma décharge, je n’avais que six ans, et c’était papa, qui a été accessoirement mon prof de Talmud Thora pendant tout mon primaire, qui a abordé le sujet des fameux dix jours !
Je me souviens très bien qu’en notant le terme sur mon cahier à gros carreaux, j’avais eu une très nette projection de nous, les jews, pendant toute cette période, en prison avec des boulets et des chaines aux pieds, en train de faire des travaux sur le sol d’une prison. Un peu comme les Dalton quand ils se faisaient choper par Lucky Luke ! (À défaut d’être mauvais, ils n’avaient vraiment jamais de chance !).
En grandissant, cette métaphore quelque peu effrayante a laissé place à une toute autre explication beaucoup plus rationnelle… voire spirituelle.
Mais avant de poursuivre, qu’est-ce que : les dix de pénitence ?
Selon Wiki : Les dix jours de pénitence (hébreu : asseret yemei teshouva), sont la période de dix jours allant du premier jour de Roch Hachana à Yom Kippour.
Oui, bah c’est exactement ce que j’ai expliqué plus haut. Raymonde ! Virez-moi Wikipédia de votre barre d’outils de recherche préférés, car en plus, les infos ne sont pas toujours justes !
Donc, j’en étais où ? Ah oui, à la définition de base, mais concrètement, on fait quoi avec ça ?
Eh bien, j’ai ma petite idée ! Ces quelques jours permettent de faire le point sur notre propre vie, et celle des autres, sans forcément sortir les poings, même si « certains », ont pu nous faire de la peine !
Le but n’est pas de ressortir les vieilles embrouilles, mais d’arrêter de ressasser sa colère pour se libérer !
Oui, parce que tout le monde nous dit :
– Attention ! Si cette année, tu t’es pris la tête avec un gueux ou une gueuse, t’as intérêt à aller voir cette personne, et lui demander ou obtenir son pardon (ça dépend de votre cas, en même temps, je ne connais pas la vie de chacun, même si ça m’intéresse intensément !).
Apparemment, il faut aller parler et arranger les histoires, comme ça quand on arrivera devant le trône de fer (clin d’œil à tous les fans de GOT), on sera nickel chrome.
Vous allez me dire :
– Mais madame Junes, si je suis arrivée au stade de ne plus parler à telle personne, c’est qu’elle n’était pas bien pour moi, du coup, je n’ai absolument pas envie de lui reparler. Alors on fait quoi ?
Petit rappel : nous ne sommes pas obligés de parler ou de raconter notre vie à cette personne comme avant, mais simplement de ne plus être fâché avec elle, et de vivre notre vie en paix, chacun de son côté.
– OK, mais si l’autre n’est pas foncièrement d’accord avec cet arrangement ?
– Tu vas voir le ou la relou, et tu t’assures que même si tu lui parles plus, qu’il n’y a plus de rancœur, et que les deux parties sont passées à autre chose.
– Mouais… je vais voir.
Ça, c’était pour la partie sociale, mais passons à tous les autres aspects de notre vie :
La mise au point pour les couples :
– Où on va ? Qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est-ce que j’ai apporté à mon conjoint cette année ? Est-ce que je peux être plus gentille, plus douce, plus marrante ? M’améliorer sur la bouffe, l’entretien de ses vêtements, alors que je les crame une fois sur deux au sèche-linge, et que je fais toujours croire que c’est la faute de la femme de ménage (qu’il ne voit jamais ! Alors que moi, oui ! No jugement, on fait comme on peut pour maintenir la paix !). Est-ce que je pourrais l’aimer plus, et de quelle façon ? Etc… Des tas de sujets à aborder avec soi-même.
Les enfants : les mêmes questions que pour le conjoint, sauf qu’on est vachement plus tendre et tolérant avec eux, même s’ils sont plus ingrats. Vous avez dit bizarre ?
La belle-famille : qu’il faut s’efforcer de trouver belle quoi qu’il arrive (qui a bien eu l’idée d’associer ces deux mots ensemble ? Non mais je vous jure, c’est n’importe quoi tellement c’est rare !).
Note de l’auteur : SI MA PROPRE BELLE-FAMILLE LIT CET ARTICLE, JE NE PARLE PAS DE VOUS, CAR VOUS ÊTES AMAZING !
C’est justement un chalenge quotidien de trouver sa : belle-mère, belle-fille, belle-sœur, des vraies beautés !
Notre relation vis à vis de D. :
Est-ce que je Le fais rentrer assez dans ma vie, ou que dalle ? Parce que perso, j’ai tendance à négliger ma prière quotidienne. Attends, je suis une femme, c’est bon, j’ai pas besoin de la faire ! Quand ça t’arrange, tu es une femme, comme dit mon père ! (L’homme le plus féministe de la terre). Il m’a toujours dit : « C’est toi avant tout, qui doit te considérer comme l’égal des hommes, si tu veux être crédible à leur œil, parce que ne pas faire ses trois prières journalières, avoue que cela t’arrange bien ! ».
Carrément que ça m’arrange, car je ne trouve jamais le temps d’en faire même une seule, alors trois ? Ce n’est même pas la peine, j’ai trop de choses à faire. Et puis d’abord, je parle régulièrement à D. quand j’allume mes bougies, je fais mon pain, au Mikvé. Ça va, j’ai tout plein de moments.
Sauf que… je me suis rendue compte d’un truc. Sous prétexte que je n’ai pas le temps d’en faire une par jour (Minha, la plus efficace), eh bien, je ne la fais jamais. Alors que si je la fais disons une fois par semaine, quand je comptabilise le tout, ça peut faire cinquante-six fois dans l’année, qui est beaucoup mieux que… rien du tout comme maintenant !

Surtout que bizarrement je me trouve du temps pour regarder une ou deux séries. (Une ou deux séries? Qu’est-ce qu’il ne faut pas lire : allons-y : Jane the Virgin, Once upon a time, Game of thrones, Outlander, Scandal, Younger, The big bang theory…. On va s’arrêter là, avant que ça fasse vraiment la fille qui est emmurée chez elle et qui n’a pas de vie. Du coup, cette histoire de « je n’ai pas le temps », c’est du foutage de tronche ! Alors, promis cette année, je vais arrêter de me moquer de mon monde.
Et pour le dernier point, qui a toute son importance : sa propre famille, ses parents : avons-nous été assez présents et indulgents avec eux ? Parce que faut avouer que c’est balèze : entre les mères qui prennent leur fille pour leur psy, celles qui passent voir leur petits enfants en coup de vent et qui pensent que ça suffit, celles qui ne font que de se plaindre, en déchargeant leurs soucis, et vaquent à leurs occupations, sans penser une seule seconde qu’elles ont relancé la patate chaude à celle qui restent leur ENFANT, bonjour l’ambiance ! Et celles qui passent leur temps à prouver que leur amour de mère juive passe forcément par de l’angoisse. Au secours, mes aïeux !
D’ailleurs, je pense que je vais faire un spin-off de chronique avec pour titre :
« Quand l’amour maternel ne s’exprime que par l’angoisse ! »
On nous demande de les respecter quoi qu’il arrive, SURTOUT quand ils ont tort, et qu’on n’est pas d’accord avec leur façon de faire ! Mais comment ? Eh bien, mes amis, j’ai un scoop : enfants, nous aimons nos parents par défaut, mais en grandissant, nous devons les respecter et continuer de les aimer avec leurs défauts ! Nuance ! Madame balance (c’est vrai que je balance grave aujourd’hui ! Que D. ait pitié de moi !)
Alors si je résume, c’est quoi le plan, pour les dix jours au pénitencier ?
Généralement, pendant cette période : il est bon de s’assoir, prendre une feuille et un stylo (galère pour trouver une feuille et un stylo dans cette maison. C’est comme quand on cherche une enveloppe. On en voit cent mille trainer quand on n’en a pas besoin, mais dès que c’est urgent, tu te demandes où elles sont toutes parties se cacher !). On y note nos remerciements à Hakadoche Barouhou. Ensuite, on demande pardon (Ça me rappelle les paroles de ma grand-mère : « T’as grave déconné, ma fille ! », avec l’accent constantinois), et on Lui demande de nous accorder un crédit de temps pour cette nouvelle année qui redémarre. Comme dans ce film « In time », avec Justin Timberlake (il chante trop bien), où le principe, c’est qu’ils ne vieillissent, pas mais ils s’achètent entre eux, du temps. C’est pareil pour nous, (sauf pour la vieillesse, hélas), en fixant un temps pour D., pour notre famille, pour soi, et pour les autres, on sera très certainement inscrit dans le meilleur livre de la vie qui soit, puisque ce sera le nôtre ! Y a plus qu’à prendre cette feuille, la glisser dans son livre, la lire le jour du grand Pardon, pour être pardonné, et recommencer à déconner, non, non, je rigole !
Je nous souhaite du fond du cœur de passer un super Kippour. Je vous fais des milliards de bisous sur les deux joues (la fille qui a besoin de préciser). À très bientôt.
Junes Davis, auteur deux romans de la saga « la vie déjantée de Junes Davis », disponible sur junesdavis.com.
Nouveauté : pour recevoir mes chroniques via WhatsApp. (On n’arrête pas le progrès), contactez-moi sur junesdavis55@gmail.com

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