Il est tellement inconfortable de parler du cancer ! Qui plus est, du cancer du sein ! Au secours ! Sérieux, il y a des sujets bien plus fun sur le marché, alors pourquoi en parler ? Malheureusement encore beaucoup trop de femmes sont touchées par cette saloperie de maladie. Mais en vrai ça arrive comment ? Et bien, cela arrive comme ça ! Du jour au lendemain ! Tiens, c’est comme il y a quelques mois par exemple, je me suis réveillée un matin avec quelque chose de pas normal à la poitrine. « C’est bizarre, me dis-je alors. Cette boule n’était pas là hier ! ». Pour me rassurer je concluais qu’avec les hormones, souvent pleins de trucs vont et viennent ! « Allez c’est rien ! », concluais-je » Affaire suivante !
Trois mois plus tard
« Je crois qu’il va vraiment falloir que je m’occupe de cette affaire tant j’ai mal à ce même endroit. »
De peur d’inquiéter mon entourage, j’avais opté pour ne rien dire à personne (FAIT RARE QUI N’ARRIVE JAMAIS !). Le lendemain matin, la boule au ventre, et un nœud dans la gorge (qui j’espérais non rose !), je courais aux urgences gynécologiques du Mont Sinaï Hôpital.
Dans ces hauts lieux hautement stérilisés, je me pointais au guichet des admissions. Collée devant une vitre, j’avais face à moi une dondon cinquantenaire que j’avais l’air de déranger. Mollement, elle me demandait la raison de ma venue ( pour faire de la poterie, chérie !) et de décliner mon identité Nom/Prénom/Âge/ Assurance. Un médecin qui passait par là, entendit notre échange et m’entraina tout de suite dans une chambre ( ne pas lire cette phrase, hors contexte !). Ensuite, il m’avait demandé de patienter avant de pouvoir m’ausculter. Alors j’attendais. Seule. Toute seule. Je pensais à mes enfants, mon mari, ma famille, ma vie quoi. J’eu le temps de me faire 200 films avec 200 scénarios différents. Autant d’habitude, l’imagination débordante ça a du bon, autant là, c’était pas jojo ! Je me grondais de ne pas avoir été réglo avec ma dernière mamo que j’avais zappé ! Bien sûr, des excuses j’en avais des tonnes, mais que valaient-elles maintenant ? Je broyais du noir et implorais D. Dans ma prière, je lui confiais que j’en avais marre d’être une Rémi Sans Famille, puis j’entendis quelqu’un chanter à tue-tête dans le couloir (style gospel). La voix se rapprochait de ma chambre et je m’étais retrouvée nez à nez avec une très grande et imposante black d’1m 80 de haut et de large. Elle avait des ongles hyper longs roses bonbons, que seules les afro-américaines peuvent porter avec style (même si je ne sais toujours pas comment elles font la vaisselle avec !). Elle avait une tignasse à la Tina Turner et des tonnes de bijoux. La dame me demandait une nouvelle fois mon Nom/Prénom/Âge/Assurance. Nous menions une conversation décalée (comme dans les mauvais streaming) à cause de son fort accent de Brooklyn, je mettais 1000 ans à tout comprendre.
Tout en notant sur sa feuille les infos que je lui donnais, elle continuait de chanter, me calculant à peine. Puis son regard s’arrêta sur mes bottes. « J’adore tes boots, girl !».
Elle levait un peu plus les yeux et me sortait encore : « Hé, my sweet girl, j’adore ton pull ! ». C’est Friends mais version détournée. (Ci-joint photo).
Après elle levait bien sa tête pour me faire face. D’un coup elle explosait : « Oh chérie, toi tu es blanche et blonde ! Tourne-toi un peu que je vois ton petit booty/ popotin de petite blanche ! ». Je me levais et me mis à tourner sur moi-même, (tout ça en attendant le médecin).
–« Je savais que le tien ne faisait pas le poids face au mien. Allez ma sœur, déhanche-toi un peu ! Oui, c’est ça, c’est bien ! Allez ! Tu devrais être grosse comme moi, te remplumer un peu ! Les hommes ils aiment ça ! » qu’elle m’avait dit !
Là, elle continuait de me faire danser en tapant des mains, et fit appeler sa collègue pour qu’elle vienne jeter un coup d’œil à mon pull !
Miracle de la vie, grâce à la nurse aux ongles longs roses bonbons, quand le doc arriva pour me faire ma consult’ j’étais complètement détendue. Tout le long du palpage, la grande black a continué de me parler et de me faire rire. Comme quoi j’étais venue seule pour affronter seule, mais je me suis rendue compte que D. ne nous laisse jamais seule ! Suite à cela, le médecin me rassurait et je pouvais rentrer chez moi, non sans une recommandation sévère que je devais régulièrement me faire consulter, au moins une fois par an.
La conclusion de mon histoire c’est qu’il faut toujours avoir un pull sympa quand on va aux urgences ! La ouf qui comprend rien ! Plus sérieusement, palpons-nous mesdames, palpons-nous ! Et allons consulter !
J’ai une amie extraordinaire qui va visiter toutes les semaines les malades. Depuis que je la connais, elle m’a toujours répétée : « Le rire diminue les cellules cancéreuses. C’est pour cette raison que l’on nous demande de toujours être dans la joie même quand ça ne va pas !». Bien sûr on ne peut pas être toutes comme mes parents, ou mon amie, à faire des tournées aux malades, surtout en cette période de COVID, mais un texto, un Whatsapp, un appel vidéo (ne pas se vexer si la personne répond pas, elle est peut-être toute nue et préfère vous épargner elle aussi !), un appel tout court, une photo avec pour légende « Hello, comment tu vas ? » ou même déposer du pain, un plat, des cookies, un livre, cela change la vie des personnes qui ne sont pas en bonne santé. À nous de devenir cette nurse black qui fait remuer les popotins des patients !
Je dédie cette chronique à toutes les femmes du monde entier qui ont eut cette saloperie et qui se battent tous les jours ! Que D. dans sa grandeur infinie vous envoie une guérison totale.