Quand D. répond même aux petites prières…

Après que j’ai fini la relecture complète de mon troisième roman : « N’oublie pas que tu t’appelles Ruth », une histoire des plus palpitante, qui sera disponible d’ici deux trois semaines, un drôle de truc m’est arrivé.
Lundi dernier, une fois que j’ai déposé ma troupe à l’école, et que j’ai pris mes trente minutes de récupération mentale en passant prendre mon café au Star’ du coin, je suis rentrée chez moi pour commencer à écrire, sauf que j’ai eu… un bug !
Un bug ?
Oui, un vrai bug ! Un dysfonctionnement total de mes fonctions mentales. Mon cerveau a refusé d’aligner deux phrases cohérentes l’une après l’autre. En clair, j’étais bloquée. Tiens, c’est curieux ! C’est la première fois que ça m’arrive.
Au bout de deux heures de vide intergalactique devant mon écran, je me suis dit :
– Bon bah ma grosse, ferme-moi cette ordi, et va te vider la tête, même si elle est pas mal vide de base. Parfois, il y a des jours comme ça, où il ne faut pas trop insister, et se dire que demain sera un meilleur jour.
Tu parles ! Mardi matin, c’était tout pareil, même souci ! Impossible de taper quoi que ce soit, jusqu’au mercredi, où là, j’ai commencé franchement à flipper, en me disant des phrases du genre :
– Ça y est, c’est fini, ça marche plus ! Il n’y a pas le moindre mot que j’arrive à rédiger. Tout ce qui sort est pourri, va falloir penser à arrêter… mais qu’est-ce que je vais devenir ?
En gros, je perds espoir, et quand je perds espoir, j’en fais et je me fais des tonnes de tartines de nutella ! Et quand je mange du chocolat, cela veut dire que je dramatise souvent pour rien !
Comme j’ai abandonné mon clavier, ce jour-là, je suis partie chercher mes enfants à l’école avec un peu d’avance sur l’horaire prévu, alors que d’habitude, j’ai tendance à gratter des minutes en plus. Pour patienter, je me suis assise sur un petit banc dans le lobby. Ne faisant rien de spécial, (l’horreur il n’y a pas de WI-Fi), mon regard s’est attardé sur une petite jeune fille, qui devait avoir entre 13 et 14 ans, qui faisait sa prière. À la base, j’étais plus intéressée par sa doudoune jaune Pyrenex posée juste à côté d’elle, parce que je la trouvais trop stylée.
Au bout de deux minutes, j’étais attirée par la façon dont elle priait. Cela me faisait exactement penser à ces gens que l’on observe malgré nous, lorsque l’on est au mur des lamentations. Ces dames qui prient avec force et hargne jusqu’à en pleurer, tant la prière est intense. On est souvent gêné, voire mal à l’aise, d’être témoin de cette intimité que la personne entretient avec son créateur, qui ne devrait pas être dérangée par notre regard, que l’on devrait détourner.
Mais un peu comme avec un accident sur le périph’ (la comparaison est d’un gai !), je n’arrivais pas à faire autrement que de l’observer, tant cette petite donnait…envie. Attend c’est rare quand on te donne l’envie de quelque chose ( sauf Daniel Levy, lui il me donne toujours l’envie d’aimer!). Et là, je repensais (encore) à mes petits états d’âmes, à « mon blocage » que j’espérais passager, en formulant à mon tour ma demande (assez insignifiante, je l’avoues). Bah, oui, si je peux plus vous écrire, faut me comprendre, je serai malheureuse, moi !
Cinq minutes plus tard, je récupérai mes petits, l’un en pleurs, l’une en m’hurlant dessus qu’elle avait faim, et la troisième qui m’expliquait très énervée la dispute qu’elle venait de vivre avec sa copine (c’est fou ce qu’à cinq ans, on peut déjà analyser) :
– Hein, c’est vrai maman, que ça ne se fait pas du tout d’aller parler à une autre copine, et de faire ce qu’elle a fait ?
Et voilà que je me retrouvais avec deux sur trois qui pleuraient sur tout le chemin du retour, totalement engloutie par leurs revendications respectives. Autant vous dire que la petite jeune fille, sa doudoune, sa prière, la mienne, et le reste, m’étaient passés complètement par dessus la tête, qui était partie se promener très très loin… vers D.
Parfois, j’imagine des gens dans le ciel, qui bossent dans des bureaux, avec un ordi devant eux, qui notent toutes nos pensées, nos questions, et nos attentes. Chaque ange gère un groupe de personnes, et essaye de répondre le plus vite possible à leurs demandes. J’en ai déduit qu’il n’y avait pas assez d’effectifs en terme d’anges, parce que c’est très rare que l’on nous réponde instantanément… sauf que ma demande du mercredi allait être traitée dans les plus brefs délais, puisque dès le lendemain matin, j’avais ma réponse…
Le jeudi matin, toujours en mode dépressive :
– Au revoir, le monde de l’écriture. On a eu de belles années, mais il faut partir. Ça en est fini de Junes Davis. Il n’y a plus qu’à jeter l’ordi et que j’aille faire mes courses. Au moins, je serai utile à ça.
Sur le chemin, avec mon caddie de mamie, je croise ma voisine du 12ème étage, que j’adore. C’est l’une des rares américaines avec qui j’ai vraiment plaisir à discuter, à rire, sans qu’elle soit bourrée de manières comme les autres, où à chaque mot qu’elles prononcent, elles débitent des phrases toutes faites, sans prendre vraiment le temps d’écouter !
Au contraire, Lulu de son prénom (c’est vraiment son prénom, pas un diminutif, comme je le pensais !) est intelligente, drôle, et franchement sympa. La preuve avec la première chose qu’elle m’a dite en me voyant :
– Congrats for your book ! Félicitations pour ton livre ! J’ai vu la maquette de ton roman. J’ai hâte que tu le traduises en anglais, que je puisse me régaler.
Elle est comme ça, Lulu. C’est le genre de personne qui va toujours vous encourager pour tout. C’est hyper agréable de s’entourer de gens comme elle. Je rebondis sur ce qu’elle me dit, et lui fait part de mon angoisse passagère (la fille qui se prend la tête, et qui prend vraiment la tête à tout le monde. Mon mari et mes amis le savent, si je tombe, tout le monde tombe avec moi, y a pas de raison !). Je l’entends me répondre :
– Honey, c’est complètement normal, ce qui t’arrive ! C’est comme si tu venais d’accoucher d’un bébé.
– Excuse-moi, dear, mais j’ai déjà accouché de mes bébés, toi aussi, d’ailleurs, et on peut affirmer que cela n’a rien a voir ! On en parle de la douleur, du bonheur, de la galère, de la…
– Junes, je te parle mentalement parlant, tu viens d’accoucher d’un projet ! Même la mère la plus motivée au monde, ne peut pas physiquement parlant retomber enceinte la même semaine où elle a donné la vie. C’est impossible. Il faut laisser du temps au corps, et dans ton cas, à ton cerveau, pour souffler. Ne fais rien aujourd’hui, ni next week ! Profite pour aller boire une bière dans un bar (??), tuer deux trois chats errants (???), faire de la peinture sur soie et de la poterie médiévale, et tu vas voir que tout va revenir à la normale.
Au moment de nous quitter, j’embrasse Lulu bien fort, et la remercie chaleureusement pour ses conseils très justes.
Et puis, m’est venue une réflexion quand je rangeais mes courses…
Ce qui a été fort, ce n’est pas tellement mon micro-tracas, ou la réponse de ma voisine.
C’est surtout qu’Hashem répond même à la plus petite des prières.
Je suis sûre que l’apaisement que j’ai trouvé à travers les paroles de Lulu, est grâce à cette petite jeune fille, et à sa prière si sincère. Elle priait tellement fort, qu’on aurait pu voir des rayons de soleil émaner d’elle. Et comme je me trouvais à proximité, il est clair que j’en ai en quelque sorte bénéficié !
Je me suis dit que si Hashem a pris le temps de me répondre pour une chose aussi insignifiante que mon petit bug, je suis persuadée que les prières que l’on dit lors de réels soucis (les vrais, pas les faux qui servent à rien, à part à nous pourrir la vie pour rien), sont forcément entendues. C’est obligé ! Je n’imagine même pas l’impact que cela aurait sur nos amis, nos familles, le peuple juif tout entier, et même le monde qui nous entoure, si chacun d’entre nous se mettait à prier de temps en temps, comme la petite poulette que j’ai vue à l’école. Cela émettrait obligatoirement les mêmes rayons de soleil, mais à plus grande échelle… sauf que cette fois-ci, ce sera vous, le soleil qui illuminera votre cœur et ceux des autres !
Alors bonne nouvelle, je suis en déblocage (même si on s’en fout!). Je vais recommencer à pencher un peu plus sur mon livre de prière (on est content pour toi, même si c’est une décision tout a fait personnelle), et je vous retrouve next week!
Gros bisous.
Tous les livres de Junes Davis sont disponibles sur junesdavis.com

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