Quand tu es au plus mal et que tu essayes d’appeler quelqu’un…

L’autre jour, j’étais en train de cuisiner (principale activité de ces quatre dernières semaines !) quand le fils de ma proprio s’est mêlé des affaires de sa mère, alors que ni elle, ni moi, ne lui avions demandé de le faire ! Par téléphone, je venais de vivre une violente interaction avec lui, car le gars m’avait sorti des vertes et des bien mûres sur ma petite personne, pile quand je faisais griller mes poivrons. Quel toupet ! Après avoir raccroché, j’étais toute chamboulette !
Note de l’auteur : Ce mot poétique est une fine allusion à toutes les boulettes que je me suis enfilées pendant ces fêtes. Y a plus qu’à rouler jusqu’à la salle de sport ou… réutiliser mon trampoline que j’ai acheté avant juillet. J’ai vite laissé tomber l’activité parce que passé l’âge de six ans, c’est chaud question confiance en soi. Chaque fois que je me voyais faire des bons, j’avais l’impression d’être dans la peau de Phoebe dans Friends, la séquence où elle courait comme une folle en plein Central Park parce qu’elle s’en fichait des gens contrairement à Rachel qui avait méga honte d’elle. Là, c’est pareil, faut que je surmonte le regard des autres (notamment celui de mon mari) ou… que je me procure ma propre Phoebe ! Faut que je vérifie s’ils en vendent sur Amazon.
Anyway, pour trouver un peu de réconfort, mon premier réflexe est d’appeler mon Duc de mari sur sa ligne directe au boulot. Je me souviens comme si c’était hier, du jour où il m’avait donné le number :
– Je te préviens Junes, tu m’appelles seulement en cas d’urgence !
Ma parole que Trump avait dû employer le même ton quand il a fait enregistrer à Mélania (quelle bombe celle-là!) le numéro de sa ligne au bureau ovale. Donc, je l’appelle et prends ma voix de femme ébranlée par la vie :
– Allô, c’est moi.
– Ça va ? Tout va bien ? Pourquoi tu m’appelles ? Je suis au bureau !
– Oui, je sais ! Je viens d’avoir une violente interaction avec le fils de…
– Fais attention à ce que tu dis, on est sur écoute.
En fait, il doit pas du tout travailler à Wall Street, mais pour le FBI ou la CIA. Le gars me ment depuis le départ ! Je ne vois pas d’autres explication !
– Donc je te disais avec le fils de…
– C’est réglé ?
– Oui, mais…
– Tu me racontes la suite ce soir, je dois y aller. Hé Jean-Mi, attends-moi, je t’accompagne pour un café !
Après cet appel qui n’a servi à rien, je tente ma mère :
– Ah c’est toi Juju ! Ça va ?
– Euf… pas terrible, parce que je viens de me disputer avec quelqu’un et…
– Ah mais je t’ai pas dit ! Je viens de me prendre la tête avec ta sœur, t’as pas idée.
– Laquelle sœur ?
– Peu importe ! Viens, je te raconte.
Je raccroche et décide d’appeler ma sœur (celle qui venait de se disputer avec ma mère, justement). Elle me raconte à son tour son désaccord avec la mama. Un des plaisirs de ma vie est de faire style de n’être au courant de rien et d’écouter la version de l’autre. C’est divin !
Juste après, ma sis’ me demande comment je vais :
–Ah bah si tu le demandes… je viens de parler avec le fils de la…
– Attends ! Y a mon doudou qui vient de se réveiller. Hello petit cœur, hello petit amour, hello mon bébé. C’est qui la beauté à sa mère ? Hein, c’est qui ? Viens je te passe tata au téléphone.
– Nooooon. (Arrêtez de faire ça, jeunes mamans. Arrêtez !). Bon, je vais te laisser, t’es bien occupée…
– C’est bon, tu disais, alors ton voisin. Oh, oh, oh tu l’as entendu, il a dit papa ! Il est tellement en avance !
– Nevermind ! On s’appelle plus tard.
On lui pardonne, elle vient d’accoucher il y a à peine 2 semaines, et on souhaite longue vie à son baby.
Tout en raclant le riz de ma poêle que je viens de brûler, je fais défiler la liste de mes contacts, et porte mon choix sur une pote « vite-fait »* :
– Hello ma belle ça va ?
– Merci, ça roule… enfin pour être tout à fait honnête, je viens de me prendre une flopée de remarques salées par le fils de ma proprio, depuis, je suis contrariée :
– Contrariée par quoi exactement ?
– Bah il a dit que j’étais une ci, une ça et ça.
– Franchement Junes, quand je t’écoutes, je me dis que tu n’as vraiment aucun problème dans ta vie ! Tu vis à new York, quoi ! ( ???) ! L’Empire State Building ! Les taxis jaunes, je veux dire !
Pense à tous ceux qui habitent au Guatemala, ou en Ouganda. Ta pseudo petite contrariété est limite… ridicule.
– Euh… OK. Bon bah je vais te laisser alors, je dois aller piqueniquer en haut de la statue de la liberté.
– Ouais, c’est ça, à plus.
Après cet appel, j’étais sciée, et au lieu de broyer du noir, je voulais broyer mon tel pour de bon ou… continuer de chercher une âme charitable. À ce stade, c’était plus pour l’expérience que j’appelle une bonne amie :
– Ah mais Junes, on ne sait pas pourquoi ton type a réagi comme ça. Si ça se trouve, le fils de la proprio venait de se disputer avec sa femme et que sa colère est retombée sur toi. Dis-toi que tu as fait une bonne action, tu l’as laissé s’exprimer, et peut-être grâce à toi, il s’est réconcilié avec sa femme.
– Ah oui, j’avais pas vu ça comme ça. T’as peut-être raison. Merci chou.
Calmée, je refais chauffer de l’eau pour mon riz, en me disant que cette bonne copine a toujours un peu tendance à sortir des théories « psycho » un peu trop tirées par la barbe de Merlin. Cependant, je m’en fiche, car après tout, elle a pris le temps de m’écouter, et ça c’est sympa. Puis d’un coup, pendant que je gratte ma poêle, mon tel se met à sonner. Premier réflexe : ne pas répondre, parce que cela doit être du télémarketing ! Je jette quand même un œil au numéro, et découvre les initiales BFF (Best Friends Forever ) s’afficher sur l’écran :
– C’est moi, Ju. J’ai senti « au son » de ton texto que t’étais pas bien. Qu’est-ce qu’il se passe ? Vide ton sac chanel avec moi.
– Je préfère les Gucci en ce moment. Oh laisse tomber, c’est rien.
– Allez, je te connais comme ma première crêpe ! Dis-moi.
– Tu vas me trouver ridicule.
– Jamais.
– Bon ok. Avec le fils de…
Note de l’auteur : Vous noterez cette capacité très particulière (qui ne sert strictement à rien dans la vie) à pouvoir répéter la même histoire, au mot près, 300 fois de suite. Ce qui agace beaucoup mon entourage, car au bout du 4e « répétage » de ma part, certains pètent un plomb : « Si j’entends encore une fois ton anecdote, je t’étouffe à mains nues ».
Donc après 3 minutes avec ma BFF, le miracle de l’amitié opère :
– C’est pas nouveau, en 2012, quand vous veniez d’emménager, tu t’étais pas déjà frittée avec lui ? T’avais repéré que c’était un malotru. Écoute, tu as bien fait de le remettre en place. C’est bien tu te sois pas laissée faire, tu as été forte. Après, se prendre des insultes, c’est jamais agréable. Tu as fait ce que tu avais à faire ! Allez, va te faire un cappuccino, tu l’as bien mérité.
Et tandis que je fais mousser le lait, mets ma capsule Nespresso (Hi, George !), je continue de papoter avec elle et OMG, cette histoire est passée au stade des oubliettes !
Alors si toi aussi un jour, tu as besoin d’être épaulé, soutenu, compris, qu’importe ton problème (sauf si tu m’écris pour me dire que tu t’es cassé un ongle ! Un pied, une jambe, et même le petit doigt de pieds, c’est acceptable mais pas un ongle cassé, c’est no way. Je t’envoie fissa chez une manucure et on en parle plus.) Promis, je ne ferai jamais intervenir les arguments tels que : « Pense à la famine dans le monde, le paludisme, la couche d’ozone, la Peta qui a raison de protéger les animaux. C’est mal de les tuer pour en faire des fourrures. Vive Stella Mac McCartney qui n’utilise que du cuir végétal. Vive la fashion week ! » Attends, je disais quoi là… ah oui, si tu as besoin d’une oreille attentive, écris-moi, j’aurai peut-être pas de réponses à ton problème, mais je ne te réduirai pas en morceaux sous prétexte que tu es déjà à terre (j’attendrais que tu ailles mieux pour ca ! Non je plaisante !) parce que finalement. dans ce monde. on a juste besoin de temps en temps d’un ami.
Je vous embrasse mes bibis, (oui, comme les chapeaux). Énorme bisous. À très vite.

Ps : Je voulais rebondir sur cette méthode « de remontage de moral » qui consiste à montrer à celui qui ne va pas bien à quel point il existe plus malheureux. Euh… comment vous dire…
Non seulement cela n’arrange pas le moral de l’autre, mais en plus, il se sentira encore plus misérable. Allons à votre bon cœur, m’sieurs, dames, un peu d’empathie le matin au réveil dans ses céréales, ça peut que faire du bien ! Of course, on peut pas toujours comprendre l’autre, mais laisser sortir « la contrariété passagère » a un effet immédiat pour calmer l’autre, c’est magique ! Psssssh…

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