Entre les fêtes, la rentrée, le boulot, le voyage en terre sainte que j’avais planifié (dans ma tête au pays des merveilles) pour aller voir mon petit neveu tout neuf, les devoirs à gérer (mon cauchemar éveillé !), les courses, la cuisine, le ménage, trouver le temps de se préparer pour aller au Mikvé, c’est compliqué !
Comme nous toutes, je devais faire tellement de trucs en même temps, que je ne savais même plus quel jour de la semaine nous étions ! Surtout que le Duc de Boulogne alias le Monarque du Maroc a décidé me sucrer ma précieuse aide-ménagère pour je cite :
– Arrêter de se faire arracher le portefeuille ! Ça suffit le racket en plein jour !
Ma réaction à vif : NOOOOOON ! POURQUOI TU ME FAIS ÇA ! POURQUOI ? MOI QUI NE T’AI JAMAIS RIEN DEMANDÉ ! JAMAIS !
– Mais arrête un peu ! On va très bien se débrouiller tous seuls.
– ON ???? Mais tu te rends pas compte de ce que ça représente comme boulot (souvent ingrat) !
– Allez, je vais t’aider, tu vas voir ! Promis !
– Pfff… j’aimerais bien voir ça…
La bonne nouvelle, c’est que le Duc a tenu parole (alors que je n’aurais jamais misé un kopeck !). Après 14 ans de mariage, il a enfin compris que l’esclavage féminin, et la traite des blanches ont été abolis depuis quelques décennies. Et que oui, prendre ses chaussettes portées toute la journée et les mettre directement dans le panier de linge sale, il pouvait le faire ! Un geste élémentaire mais qui pouvait changer l’ambiance de tout foyer lambda (mince, j’aurais peut-être dû autoriser les hommes à lire ma chro du jour ! On ne sait jamais, sur un malentendu, peut-être qu’ils comprendront qu’eux aussi ont cette capacité mentale et physique à nous venir en aide, même si EUX, travaillent !)
L’homme si fier de ses prouesses domestiques (qui me les a presque inscrites dans le ciel), répétait inlassablement :
–T’as vu, j’ai ramassé mes chaussettes ! T’as vu, j’ai posé l’assiette ! T’as vu, je me suis baissé pour ramasser un jouet qui trainait par terre.
Pour le remercier, je lui ai dit que j’allais proposer pour les prochains jeux olympiques, la catégorie « baissages » olympiques. Jeu de mots qui tombe à pic, quand on évoque la préparation au Mikvé (voilà, pourquoi je ne voulais pas que ces messieurs me lisent !).
D’ailleurs, le Jour J. du M, j’ai ce petit rituel que j’essaye de maintenir chaque mois depuis plusieurs années : je me fais les ongles au gel. Oui, oui, je sais, comme les extensions, c’est seulement autorisé ponctuellement par nos Rabbins, pour les grandes occasions telles que son propre mariage ! Mais ne dit-on pas qu’après chaque Mikvé, on se remarie avec son mari, hé, hé ! Je sens que cet argument passera moyen devant la Cour suprême du Seigneur une fois que je l’aurais rejoint la haut (à 120 ans j’espère). Faut que je fasse Téchouva, je sais ! Seulement, c’est mon unique moyen d’avoir les ongles à peu près de faits (après huit jours, je porte en permanence des gants en cuir pour camoufler le désastre). La fille folle qui se galère la vie, tout ça pour du vernis. N’importe quoi, je te jure. N’empêche que, c’est une organisation de fou pour cette saloperie de gel, car cela ne part pas au dissolvant, et à moins de gratter chacun de ses ongles avec des ustensiles de dentiste, faut filer se le faire déposer chez la mani.
Le jour du Mimi, sans FDM, je me retrouvais sans aucune babysitter disponible, puisqu’elles étaient toutes rentrées dans leur famille pour les fêtes. Il y en a même une qui m’a textée :
– Sorry, I am in Ohio now ! Désolée, je suis dans l’Ohio ! À part dans les films, ça existe pas pour moi, des gens qui habitent dans cet état du Midwest.
Tout ça pour dire que j’ai dû trainer mes trois coquelets chez M. Nails. Et rien que de nous imaginer tous les quatre, j’avais une flemme mais une flemme… Mais il fallait le faire ! En arrivant sur place, la gestion de l’attente pour mon grand était vite réglée car lui, qui ne pense, dort, respire, que pour le jeu Fortnite, a téléchargé l’appli sur son phone, et ne s’était même pas rendu compte de l’endroit où nous nous trouvions. Parfait. ( Plus tard, ça aussi je le paierai, c’est certain !)
Pour mes deux poulettes, c’était différent. J’essaye de les « dé droguer » des écrans (c’est la poison ivy de notre génération ! Ma parole qu’ils ne savent plus s’ennuyer même 3 minutes !) Vous noterez la super initiative éducative pile quand je n’ai plus personne pour m’aider à les occuper. Vas-y Simone, on est tous avec toi.
Donc, pour s’occuper, l’une de mes filles tentait de me faire un massage du cuir chevelu ainsi qu’une queue de cheval, même si je lui avais déjà expliqué des tas de fois que maman porte une perruque et que tout le monde risque de voir mes vrais cheveux, tout en la rassurant que j’appréciais fortement cette complicité « capillairienne ».
Tandis que l’autre avait élu mes genoux comme fauteuil amovible, essayait d’attraper par mille et une façon possible mon téléphone, qui était coincé dans les plis de ma jupe. Je ne vous raconte pas la situation minable dans laquelle j’étais : Moi, essayant de retenir mon casque, et d’empêcher les pans de ma jupe de remonter bien plus haut que nécessaire. Tout ça, en tentant de rester immobile pour laisser la gentille dame me peinturlurer les doigts de pieds. Trop occupée à être partout à la fois, je ne m’étais pas rendue compte que pendant tout ce temps la dame m’avait posé du vernis normal à la place du gel. Oh boy ! Il fallait tout enlever, tout recommencer, et surtout le lui dire !
Hyper gentiment, elle m’avait répondu avec un grand sourire :
–Toi, donner plus Tips, et moi recommencer tout ce que tu veux (même ta mère !).
Vas y qu’en prime, elle rigole avec ses collègues sur mon dos, et sous mon nez ! Et c’était reparti : enlève le vernis, remets le gel, fais valser ton pied, l’un après l’autre. Je jetais de temps en temps un œil sur le fiston, qui papotait en ligne avec ses copains pendant qu’ils jouaient tous ensemble. Par chance, mes mouflettes s’étaient chauffées pour un petit vernis, elles aussi. Je m’étais mordue la langue quand fifille 2 avait choisi la couleur vert criard et paillettes jaunes fluo. Peu importait, du moment que ça les occupait. Les voilà tous calmes, je m’étais dit que je pouvais aller jusqu’à ma tradi : épilation complète des avant-bras. Vu le nombre d’années que je m’y colle, j’aurais dû me mettre au laser, mais j’attends juste Marty et le Doc pour qu’ils viennent me chercher en Dolorean pour revenir dans le passé parce que depuis un épisode précis de ma vie, où mes avant-bras sont devenus une véritable obsession :
À l’âge de 23 ans, j’avais un collègue, David Laloum, (même après 15 ans, je me rappelle de son nom complet, c’est pour dire !). Un jour, je portais un t-shirt manche ¾ de grande relige. Le gars était venu papoter avec son café et sa clope au bec jusqu’à mon box, alors que j’étais en ligne avec une cliente super importante mais un peu difficile (une vraie casse pied, oui !). Pile au moment où ma cliente notait un truc et qu’il y avait un blanc dans la conversation, voilà que le collègue me sort :
– T’as plein de poils sur tes avant-bras, faut tout épiler ! Ça me dégoute ! J’aime les femmes imberbes ! Si tu acceptes de sortir avec moi, je t’emmène chez mon ex, elle a un spa. (C’était le précurseur de Christian Grey, mais dans sa version tunisienne).
La honte de ma vie, car ma cliente avait tout entendu. J’avais raccroché, avec une envie forte d’envoyer mon tel à la figure de David Laloum mais à la place, je lui avais hurlé que JAMAIS ON SORTIRAIT ENSEMBLE ! Depuis, je me suis juré qu’il n’y aurait plus jamais de poils sur mes avants bras. Saleté de David !
En rentrant chez nous, et en pensant à tout ce que je devais faire, à défaut de n’avoir plus de poils sur les avant-bras, j’en avais un gros dans la main ! J’avais la grosse flemme de me récurer comme un sou neuf, même si j’étais toute contente à la perspective de retrouver mon mari et dire bye bye à cette séparation qui nous oblige à vivre un peu comme des colocs qui partagent un appart et des gosses ensemble.
Trois heures plus tard, une fois dans l’eau bouillante de mon bain, à me nettoyer tous les endroits dont j’ignorais même l’existence avant les cours de préparation au mariage, je remerciai tout à coup Hashem d’avoir pensé à nous, les femmes. IL nous oblige à nous poser et à nous occuper de nous, minimum une fois par mois, parce que Lui seul sait et comprend l’emploi du temps surchargé que nous avons au quotidien. Il nous a donné ce cadeau de faire une pause forcée. Cela me fait toujours penser à cette chanson de Corneille « et si le bon D. était une femme… », même si on sait qu’Il est tout à la fois.
Alors OK, même si parfois j’ai la flemme, je retrouve mon flegme, grâce à ce kiffe concret de la vie qu’est la préparation et les retrouvailles du soir du Mikvé.
Si vous souhaitez papoter avec moi sur ce sujet, si parfois c’est carrément trop dur pour vous d’y aller, Tata est là sur junesdavis55@gmail.com.
Gros bisous mes chéries. À très vite.
Trailer de mon prochain article : Lettre d’amour à tous les célibataires et divorcés du monde.