Quand tu vas au Musée d’histoire naturelle de New York avec tes parents…


Après plusieurs sorties familiales assez laborieuses, voire totalement foireuses, j’avais trouvé tout au fond de mon cerveau The endroit où les emmener qui n’était autre que le très célèbre : Musée d’histoire naturelle de New York. Cet endroit est à couper le souffle par ses animaux empaillés plus vrais que nature. Au moins question « sorties #Cacher#Tsniout #like4me#Junesdavisestdanslaplace# », je frisais le cent pour cent de réussite. J’avais intérêt car je sentais que ma réputation d’« accompagnatrice de visiteurs de la grosse pomme » était sérieusement remise en cause. Notez que j’avais carrément mis de côté le Met, (Metropolitain Museum of Art. À ne pas confondre avec les Mets, l’équipe de baseball, non parce que moi je les écrivais pareil dans mes premières années. Et une honte de plus pour la 12, s’il vous plait. Tout de suite, patron !) parce qu’avec l’exposition sur « la mode & le catholicisme » avec ses énormes croix et ses J-C en veux-tu, en voilà, ainsi que ses robes au ras du derrière, ce n’était même pas la peine d’y penser. Même si objectivement parlant, cette expo est d’une beauté pas possible, qui vaut réellement le détour. Avec mari et enfants, on y a été, pour s’enfuir à toutes jambes en hurlant : « Pardon D., je jure que je ne voulais pas me prosterner devant une idole, j’ai juste voulu faire les lacets de mon fils car j’avais peur qu’il se prenne les pieds dedans et qu’il tombe ».
Ce jour-là, il faisait assez froid (on se les pelait sa mère) et brumeux (le matin, on y voyait rien par la fenêtre. C’était d’une déprime mes aïeux ! Je ne sais pas comment font les anglais. La fille qui est en mode clichés à fond !), j’arrivais péniblement à convaincre mes parents de se mettre en route. Après l’énoncé du programme, ma mère s’était montrée plutôt enthousiaste, mais mon père l’était nettement moins, et me demandera trois fois, sous trois formules de phrases différentes :
– Mais dis-moi, c’est long ton truc ? On est obligés d’y aller ? Avec tout ce que tu nous as montré jusqu’à maintenant, on peut très bien rester ici… au chaud !
– Fais-moi confiance, tu vas voir papa, c’est extraordinaire.
– Mouais… à chaque fois tu dis ça. J’ai remarqué que depuis que tu habites ici, tu qualifies un peu tout et n’importe quoi « d’extraordinaire ».
Sur ce, je rigole et lui tends sa veste (parce qu’il a un peu raison. À force de ce « cotoyage » forcé, j’ai dû être contaminée par le virus américain où les gars te disent toute la journée qu’ils vont super bien, que tout est « awesome », ce que tu fais est « amazing », que tes gosses sont « fantastic » alors que bof (non, je rigole) bref, leur blabla habituel. Sûrement qu’au bout d’un moment, tu ne fais même plus attention car là, nous avons la preuve évidente que leur excitation pour rien a fini par déteindre sur moi… Junes ! Noooooooo ! Faut que je me ressaisisse, et que je redevienne française, sinon bientôt on va me retrouver à manger des Mac & Cheese devant les Kadarchiantes avec pour compagnon un paquet de chips. Je serai finie et aurai la peau grasse, en plus.
On arrive aux portes du musée, et toute de suite, ma maman est impressionnée par le squelette géant d’un dino. Elle s’élance dans la queue pour prendre nos tickets.
Scoop Junes Davis : mais en vrai tous les new yorkais le savent, donc c’est pas vraiment un scoop : certains musées de la ville sont gratuits. Ne vous faites pas avoir par le prix indicatif affiché (en moyenne 27 dollars) car en réalité, on vous demandera uniquement une donation. Avant de vous remettre vos tickets, la personne du guichet vous demandera combien vous voulez donner, vous n’êtes obligé de rien, mais si vous êtes d’humeur généreuse, même cinq dollars, c’est bon.
– Ah mais c’est pas mal, finalement ! Tiens, c’est même une bonne idée de nous avoir amenés ici. (Je précise que mon père est marocain et plus précisément un meknassi, d’ailleurs, j’ai une super blagounette en fin de chronique). Le rapport à l’argent est devenu un véritable festival de blagues entre nous, mais attention, c’est uniquement parce qu’on est nous-même maroco qu’on peut se permettre de charrier.
On parcourt le rez-de-chaussée qui est époustouflant… euh pardon… sympa. On continue, et je les laisse s’extasier devant les girafes. On en profite pour soulever le fameux problème de la Chehita/le coupage qui rend un animal cacher, lié à son cou (vous imaginez si les Chohet avaient réglé le cas de cet animal, on aurait pu se faire des sandwichs à la girafe. J’ai une vision très nette de la situation dans les banquets de mariage, les traiteurs auraient laissé le cou tel quel avec plein de laitue autour. Oh purée, rien que d’imaginer le truc, cela me donne encore plus envie de devenir végétarienne à 100 pour cent, même si je le suis déjà à 80. Information ô combien cruciale sur ta vie mais tellement inutile !). On décide d’explorer les autres étages. On avance vers le monde aquatique qui est tout aussi magnifique. Peu après, on atterrit dans la section : « hommes des cavernes et l’évolution de l’humanité » (d’ailleurs, le squelette Lucy est exposé là-bas sous verre. C’est un peu leur Joconde à eux. Purée, Léonard de Vinci doit se retourner dans sa tombe, que j’ai pu comparer un reste d’humain à son chef d’œuvre. Je sens qu’en montant là-haut, je vais avoir des comptes à régler avec certains. Rassurez-moi, vous serez là en renfort, hein ! Vous ne me laisserez pas toute seule. Je compte sur vous les amis.)
Ma mère nous fait la remarque en regardant le monde des indigènes que ce qui est cool avec les américains, c’est que tout reste très puritain. On ne voit rien du tout au niveau des corps humains même si les hommes et les femmes ne portent qu’un simple pagne. Je suis plutôt soulagée parce qu’avec l’exposition de soutifs suspendus de la sortie de la veille (voir chro d’avant !), je suis sur la sellette familiale question organisation de sorties. Hélas, à la seconde où ma maman prononça cette phrase, on se retrouvait devant le seul et unique endroit de tout le musée où pour je ne sais qu’elle raison, les pagnes s’étaient envolés et l’on voyait tout de chez tout, chez les femmes, et tout autant chez les hommes.
Ma réputation était faite ! C’était mort pour moi. Je leur faisais traverser la zone des nudistes aux pas de course. Bien sûr que ce n’est qu’une représentation et que c’est de la science, mais quand même, nous n’étions pas super à l’aise avec toute cette « exposition » de peau. Surtout quand il y a plein de gens, dont des français, qui reconnaissaient mon papa et qui s’arrêtaient pour lui dire :
– Bonjour, ça va Monsieur Le Rabbin. Un petit selfie ?
Pour faire diversion, je proposais qu’on aille directement manger ! Ils acceptaient volontiers. Je leur vendais mon petit restau comme un truc succulent qu’il fallait ABSOLUMENT qu’ils tentent. Surtout le maïs en épis grillé au cheddar et le choux fleur saupoudré de paprika.
– T’es sûre de ton truc ?
– Mais oui, allez on y va. Je ne vous cache pas que personne dans ma famille ne veut jamais y aller parce que c’est genre trop spécial pour eux, mais pour vous, ça va être top.
– Bon, on te suit, avait conclu ma mère.
Je les faisais avancer en leur promettant en endroit typiquement new yorkais où l’on peut largement se rendre à pied. Sauf qu’il s’était mis à pleuvoir à torrent et que pour trouver un taxi, c’était la guerre humaine ! En Uber, il y a plus de 28 minutes d’attente, et nous étions pressés par le temps car nous devions aller chercher mes kids qui finissaient à 3pm. On bravait l’intempérie, même si j’entends que ça grognait sec sur plusieurs blocs. Le clou du spectacle fut qu’une fois arrivés devant mon fameux restau, on pouvait lire sur l’écriteau cloué à la devanture :
« Fermeture définitive ».
– Oh my Goood ! Je suis désolée.
– Non, non, c’est pas grave, me dira mon père, même si tu sentais que c’est plus pour nous éviter une violente rébellion.
Voyant leurs mines décomposées, je proposais une solution de repli à mes soldats, c’est à dire de nous diriger vers Kosher Market place pour aller manger des …. hot dog. Et nous voilà tous les trois sous la pluie à manger notre repas trois étoiles. Pour me rattraper de mon grand fiasco, je texterai le Roi du Maroc qui se chargera de notre prochaine sortie qui n’était autre que la visite du « One world Trade center » et là, je n’aurai pas d’autre choix que de m’incliner face au Duc qui avait visé juste. Il y aura ce moment assez émouvant où nous serons tous les quatre (mon mari nous a fait l’honneur de venir avec vous) devant le monument dédié aux tours jumelles ou un homme de religion protestante pria avec une ferveur inouïe qui nous incitera nous aussi, à réciter une prière en hébreu. Pas le Kaddish mais presque. C’est l’avantage d’avoir un papa Rabbin sous le coude, avec son livre de prière dans la tête, il sait exactement quoi faire, dans n’importe quelle situation.
Nous étions d’un coup en mode Hassra comme dirait Cyril H. (En même temps, une sortie organisée par un Ashkénaze, je dis ça, je dis rien, mais fallait pas s’attendre non plus à une grosse rigolade, non plus.) alors le mieux, c’est que l’on se quitte sur une touche sympathique avec ma fameuse blagounette :
C’est l’histoire de deux mouches qui se rencontrent au mois de juillet. L’une d’elle dit à l’autre qu’elle aimerait bien partir un peu au soleil. L’autre lui dit qu’elle aussi, et a une super idée :
– On a qu’à se faufiler dans le porte-monnaie d’un vacancier, et on se retrouve en septembre.
– Super. Let’s go (oui, y en a une qui faisait du franglais comme mes filles).
Septembre arrive, c’est la rentrée pour tout le monde, mais la première mouche n’a plus de nouvelles de la deuxième jusqu’en février. Elle la revoit toute pâlotte et lui demande :
– Oh la la ! Mais où t’étais passée depuis tout ce temps ? J’ai cru que t’étais morte, moi.
– Ah non pas du tout, j’étais simplement dans le portefeuille d’un meknassi, et ce n’est que maintenant qu’il l’a ouvert.
Je vous embrasse mes chéris.
À très vite, et n’hésitez pas à m’envoyer un message pour vous procurer mes livres. Gros bisous.

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