Quand on commence à s’intéresser à l’histoire juive, on voit passer des prénoms féminins emblématiques tels que Sarah, Rebecca, Rachel et Léa. De nos quatre matriarches, j’ai toujours eu un petit faible pour Rachel. Elle, qui a vécu une incroyable histoire d’amour avec Jacob, et qui était aussi la maman de Joseph, auquel je voue une véritable fascination. Je crois que je pourrais écrire un roman tout entier à son sujet, mais après avoir lu Sarah de Marek Halter, l’envie m’est passée.
Aujourd’hui, je me suis penchée sur des inspirations féminines contemporaines en jetant mon dévolu sur trois femmes au destin hors du commun, pour ne pas dire extra-ordinaire ! Bah oui, on n’a pas attendu Les Anges à Dubaï pour avoir des influenceuses, n’est-ce pas ? Trois femmes, trois drôles de dames ! La Rabbanite Esther Jungreis, Charlene Amiroff et la juge Rachel « Ruchie » Freier
Prendre exemple ou avoir un mentor, encourage au façonnement de son propre style, afin de pouvoir, à son tour, créer et partager quelque chose d’unique.
Hormis être une véritable source d’inspiration, ce dossier a pour but de démontrer que la femme juive religieuse n’est nullement soumise et ne se restreint pas à pondre des enfants et swinguer en confectionnant ses boulettes de Chabbat à mains nues.
En lisant cet article, vous ne verrez plus jamais la femme juive religieuse contemporaine de la même manière !
Lumière sur la Rabbanite Esther Jungreis, ou plutôt quand Liz Taylor fusionne avec la bonté… Non, elle n’a pas eu sept maris, mais un seul, et ce, tout au long de sa vie, le Rav Mechoulam HaLevi Jungreis. Elle était blonde. Elle était humble. Elle était combative, mère, écrivaine, conférencière. Rescapée du camp de concentration de Bergen-Belsen, la Rabbanite Esther Jungreis consacre son existence à venir en aide à tous ceux qui en ont besoin, en diffusant le message de la Torah avec passion. En 1947, après avoir survécu à la Shoah, la famille Jungreis arriva à Brooklyn. La Rabbanite ainsi que son mari ont lutté toute leur vie contre « l’Holocauste spirituel » qui se jouait sous leurs yeux aux États-Unis. Elle a mené une bataille acharnée contre les mariages mixtes, qu’elle pensait être une menace pour l’existence et la perpétuité de notre peuple. Elle s’adressait à tout le monde sans exception, y compris aux personnes athées. C’était d’ailleurs, justement, ces dernières qui l’intéressaient plus particulièrement. Ce fut dans cette optique qu’elle a fondé Hineni, une organisation internationale distribuant des centaines de repas gratuits au quotidien, venant en aide aux personnes dans le besoin, physique, psychologique, aux victimes d’attentat.
Esther Jungreis donnait des conférences aux quatre coins du globe et publiait une chronique hebdomadaire. Elle allait régulièrement en Israël et rendait visite aux soldats de Tsahal directement dans les bases militaires pour diffuser la Torah et les encourager à être fiers d’être des soldats juifs. Auteur de plusieurs best-sellers, elle est l’amie et la confidente de tous. À travers ses œuvres écrites, la Rabbanite Jungreiss nous a laissé plusieurs enseignements, dont le très célèbre Un amour engagé. Ce livre a changé la vie de milliers d’Américains, dans un monde sans pitié, où le taux de divorce a atteint les 45 %, dont la moitié implique des enfants mineurs vivant dès lors dans des familles éclatées.
En établissant mes recherches sur elle, la toute première chose qui m’a frappée, c’est sa classe. En toutes circonstances, elle était toujours très « classe » et détonait par ses manières, son chic et ses tenues impeccables. Aux antipodes de ce que l’on peut voir sur INSTAGRAM et ses copains. Je retiens d’elle que de donner une image de soi coquette permet de mieux accrocher les regards extérieurs, et ce, afin de diffuser le message intérieur. Il est vrai que cela peut paraître un brin superficiel, mais si une personne mal fringuée, mâche ses mots, n’a pas de tenue, la majorité des gens ne prendra même pas le temps d’écouter ce que la personne a à dire. Surtout venant d’une femme religieuse. Automatiquement elle sera cataloguée de juive/relige/relou/ au secours fuyons ! Pour reprendre les mots de ma sœur : c’est vrai que c’est plus sympa de manger dans une assiette bien présentée, parce que la pkaila fait rêver seulement par ceux qui en connaissent le goût ! Les autres…
En visionnant ses vidéos, notamment celle où elle a organisé au Madison Square Garden un rassemblement, dit le Kinouss, réunissant des dizaines de milliers de Juifs de tous bords, on a qu’une seule envie : lui ressembler. Les paroles qu’elle prononçait, faisaient écho dans l’âme de chacun. En premier lieu, elle demandait à tout le monde de prononcer des remerciements à D. car le commencement de toute Techouva vient de là.
Je tenais à souligner, le gros point commun entre le Rabbi et la Rabbanite Jungreiss, ces deux leaders aimaient chaque être humain sans distinction. Ils donnaient de l’amour à chaque personne qui croisait leur route. Ce qui nous démontre qu’il n’y pas de limite à l’amour ! C’est aussi ce que Dumbledore explique à Harry Potter lors de la dernière bataille avec celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom dans le tome 7, partie II.
Pour la petite histoire, j’habite au bout de la rue, où se trouve le bâtiment de Hineni. Lorsque j’ai emménagé dans l’Upper West Side, je passais toujours devant cet immeuble. Je voyais bien des choses écrites en hébreu, mais je préférais passer mon chemin. En déménageant aux États-Unis, j’ai toujours été sur mes gardes et faisait très attention à là où je mettais les pieds. J’ai dû prendre ces mesures, suite à une expérience traumatisante, lorsque je m’étais rendue naïvement un Chabbat dans la première synagogue que mon chemin avait croisée. Je vous passe le moment précis de ce Chabbat, lorsque j’ai vu débarquer la femme rabbin, micro en bouche, Talit sur le dos. Là, la bouche grande ouverte, je me suis dit : Wrong place bab’.
Du coup, je ne prêtais pas attention à cet endroit, où il y avait toujours foule. Puis en papotant avec ma petite sœur, elle m’avait parlé de ce Hineni. Après avoir raccroché, je fus perturbée, car je savais que j’avais vu ce nom quelque part. Brusquement mon cerveau souvent lent, pris cette information et l’envoya dans les tuyaux de ma mémoire visuelle. Une fois la connexion validée, je m’étais exclamée : Oh my Lord ! C’est le bâtiment, à côté de CVS, là où je prends mes médocs et mon make-up (oui, j’achète des produits de maquillage en grande surface, car depuis que j’ai converti mes euros en dollars, la posh que j’étais, a déserté mes poches !). Même s’il était déjà plus de 20h00, j’avais remis mon manteau et m’étais mise à courir vers cet endroit. Une fois devant, toute essoufflée, je voyais encore plus de monde que d’habitude devant le bâtiment. Nous étions, en effet, en août 2016 et l’on m’annonçait alors que le Rabbanite venait de décéder… Quelle triste ironie ! Passer autant de temps devant un endroit dans lequel un personnage aussi emblématique donnait son enseignement et ne pas le savoir !
Cet article est pour elle, afin de lui rendre hommage. J’en profite pour lui dire : Merci et pardon. Pour ne pas avoir eu cette curiosité de monter les quatre marches qui me séparaient de vous et d’avoir eu l’occasion de vous dire de vive voix « Hineni : je suis là ! »