Entretien avec Rav Benchetrit . Et s’il détenait le secret d’un couple qui roule…


Dès la seconde où j’ai su que Rav Benchetrit était de passage à New York, j’ai sauté sur l’occas’ et m’étais renseignée pour savoir s’il était possible de le voir en vase clos. Lui, mon mari et moi. En général, on fait appel à lui, pour des soucis de couple mais pas que… Dans mon cas je souhaitais le rencontrer pour obtenir un avis extérieur, car je l’avoue, un problème me ronge depuis des années. J’ai constamment « l’esprit entre deux chaises » : Doit-on rester aux States ? Revenir en France ? Ou bien faire le grand saut israélien ? À chaque fin d’année scolaire je me prends le chou de fou. Avec cette « non-prise-de-décision », me basant sur le dicton : « Tu sais ce que tu as, mais tu ne sais pas ce que tu auras », depuis sept ans maintenant, je continue de vivre dans la Grosse pomme sans vraiment la croquer, de m’investir quoi, et ce, dans tous les domaines. Donc il était temps d’en avoir le cœur net.
Par chance, on m’a très vite répondue par l’affirmatif. J’avais mon rendez-vous de pris le dimanche matin à 9h00. Génial ! Maintenant, comment allais-je faire pour y trainer le Roi du Maroc ? C’est pas du tout son truc au Duc.
Le soir venu, j’avais attendu qu’il soit détendu pour lui balancer la nouvelle, sur un ton qui se voulait naturel. De suite, il m’avait mitraillé de remarques, (exactement celles auxquelles je m’étais préparée) :
–Depuis quand j’ai besoin d’un Rabbin pour savoir ce que je veux faire dans ma vie ? On n’est pas capable de prendre nos décisions tout seuls. Allo ? On n’a pas de cerveau, ou quoi ?
–Ne cite pas Nabila, elle n’a rien à faire dans notre conversation celle-là. D’ailleurs, j’ai vu sur son Insta qu’elle était enceinte.
–M’en fiche. Et puis d’abord, comment tu veux qu’une tierce personne qui ne nous a jamais vus auparavant, va pouvoir nous aiguiller.
–Déjà, je pense que par son expérience et le défilé de couples qu’il a vu, il va tout de suite capter notre profil.
–Je suis pas sûr Mimine, je le sens pas. Et puis, 9h00 du mat, un dimanche à Brooklyn, c’est coton. Cela me parait un brin ambitieux.
–J’ai planifié la Baby Sister. Écoute, tu as raison sur tout, mais on ne perd rien d’aller le voir. Avec son intelligence et sa vision des choses (j’adore ses cours), je te jure qu’on a tout à y gagner.
–Mmmfggg ! avait été la réponse de Micka.
Passé le challenge d’être à l’heure, son sans difficultés (je vous épargne les détails !), nous sommes enfin assis face au rabbin.
Je n’avais pas prévu d’avoir le cœur qui cognerait aussi fort, car j’étais impressionnée (la fayotte en puissance !). À ma décharge, ce Rav, c’est la star des Rav !
Très vite, les présentations sont faites et mon taux d’adrénaline redescend peu à peu. Je lui expose la raison de notre venue. À peine ces quelques mots échangés, ses yeux dotés de rayons X, scannent notre couple au peigne fin. Moi pérruquée, avec ma jupe imprimée léopard et ma petite veste en jeans, mes bottes de motard (mais pourquoi je me suis habillée comme ça ? Je croyais que j’allais où ? Au festival des cougars ?), et mon mari avec sa petite calotte qui menaçait de se barrer à tout moment (je ne supporte pas le mot calotte mais j’ai appris au bout de beaucoup de temps à m’y faire, sans grincer des dents).
Pour la forme, il nous pose des questions usuelles telles que : nos âges, nombre d’années de mariage au compteur, nombre d’enfants, niveau de religion, jobs respectifs… etc etc. Rav Benchetrit à éviter un grave incident conjugal quand mon mari lui a débité que je ne bossais pas. Sentant le poids de tout mon corps sur son pied Micka s’est vite rattrapé en hurlant presque :
–Écrivain. Elle est écrivain. Pardon chérie. J’oublie toujours.
–Y a pas de mal, mais je vais finir par me faire tatouer sur le front, mes cinq couvertures de bouquins, pour rappel. Prépare-toi, le sixième sort dans pas longtemps.
On discute encore et Rav B. nous demande :
–Alors comme ça vous hésitez à faire votre Alya. Très bien mais pourquoi cette hésitation ?
Là, mon mari lui sort la réponse de français de base :
–Parce qu’on adore Israël.
Comme c’est un Rabbin, mon mari est persuadé (à juste titre) qu’il va forcément nous pousser à organiser notre retour vers la terre Sainte et nous dire que finalement on s’est déplacés pour rien. Sauf que, Rav Benchetrit n’est pas n’importe quel Rav. La suite va nous démontrer pourquoi il est incroyable.
–Moi aussi j’adore Israël. Mais pourquoi vous y pensez ? Par idéal sioniste ? Pour être en accord avec la Torah et augmenter votre niveau de pratique ?
La dernière question était pour mon mari :
–Oui, je suis quelqu’un de très spirituel.
–Ah ! C’est bien. Vous devez surement étudier beaucoup alors.
–Pas vraiment mais…
Là je commence à reculer ma chaise en mode « on est venus ensemble mais je le connais pas », tant je n’assumais pas sa réponse (La femme traitresse !) :
–J’adore Le Kotel !
Jetant un coup d’œil au Rav, je reconnais ce sourire sur le côté. Mon père fait le même quand quelqu’un lui sort une phrase aussi bateau. Très gentiment et avec tact (il est très fort !) il s’était mis à lui expliquer que le Kotel, c’est très sympa mais qu’il n’ira que pour les grandes occasions, c’est-à-dire maxi trois fois dans l’année !
–Alors quoi d’autre ? Désirez-vous que vos enfants reçoivent une éducation totalement israélienne avec tout ce que cela comporte. Finir à treize heure. Voir son fils de 18 ans aller à l’armée… Mais surtout avez-vous constituer un dossier ?
–Un dossier ?
–Oui un dossier d’Alya. Monsieur, Madame, avez-vous déjà écrit ensemble vos objectifs de couple ? Prochaines vacances, enfants à venir, cours de Torah à étudier tous les deux, loisirs prévus à deux et en famille.
C’est là qu’on s’est pris une bonne claque dans la tronche, parce que finalement sommes-nous crédibles dans nos projets divers et variés ? On avait surtout l’air de deux rigolos qui ne font rien de concret. Le Rav Benchetrit, nous proposa un exercice simple à réaliser, qui semblait être l’anti-disputes par excellence. Pendue à ses lèvres, je notais ses mots sur mon calepin imaginaire :
–Dès que les enfants sont couchés, une fois par semaine minimum, vous vous asseyez tous les deux, munis d’une feuille et d’un stylo. Vous allez noter tous les domaines importants qui concernent votre couple et votre famille, en pensant global. Exemple pour le dossier Alya : il faudra déterminer la ville, puis le quartier où vous souhaitez vous établir. Quelle éducation vous désirez donner à vos enfants ? Quel type de boulot vous comptez faire là-bas ? Se renseigner sur d’éventuelles équivalences ? Etc… etc… Vous écrirez dans deux colonnes différentes  » les pour et les contre » … Oui, Monsieur, « habiter loin de sa belle-famille pour mieux s’entendre » peut-être aussi un critère à prendre en compte. Après avoir constitué ce Dossier et avoir pris soin de faire de sérieuses recherches, vous organiserez bun voyage de reconnaissance, seuls ! Sans les enfants, pour mieux vous rendre compte des choses sur place.
Là, nous avons soulevé le point de l’Alya mais cela concerne aussi toutes les autres décisions familiales, de manière à tout mettre à plat. Avec cette méthode vous n’aurez plus de discordes.
Je trouvais ce conseil simple et ingénieux à la fois et me demandais, pourquoi je n’y avais jamais pensé plus tôt, cela nous aurait évité des millions de prises de bec. On concluait ce riche entretien avec la promesse de plein de boulot en perspective.
Le soir même, motivés comme jamais, nous appliquions sa méthode, en mode « on a des devoirs à faire ». Cependant, il y a un point épineux qui n’a pas été mentionné : ne pas être d’accord sur « les pour et les contre ». Après quelques semaines d’entrainement, même si ce n’est pas encore l’accord parfait (je refuse de mentir et de vous vendre le truc : ah mais oui c’est LA formule magique !), il y quand même une très nette amélioration sur les prises de décisions communes. C’est pourquoi je vous recommande à fond la méthode mes amis.
Et surtout merci au Rav Benchetrit pour sa dévotion !
Si vous aussi, vous avez des conseils sur « Comment gérer son couple ? » n’hésitez pas à m’envoyer un message junesdavis55@gmail.com ou me mettre un commentaire. Je serais ravie de les lire. À mercredi. Je vous embrasse.
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