Ah ! Le sujet de la nourriture quand on est mère de famille est un sacré-salé sujet ! Lorsque nos enfants mangent peu ou mal, on est mal. Alors que faire ? Tous les pédiatres vous diront, le mien compris :
– Mesdames, du calme ! Un enfant ne se laisse jamais mourir de faim. Fichez-leur la paix, mais supprimez le grignotage entre les repas.
– Supprimez ! Supprimez ! Vous êtes marrant, vous ! Rappelez-moi, docteur Cohen, combien vous avez d’enfants déjà ? Deux ? Ah, mais j’imagine qu’avec vos horaires, vous ne devez jamais être présent à l’heure du diner ! C’est votre femme qui doit s’occuper de tout ça, c’est évident ! Parce qu’avec votre théorie, un jour, je vais devenir folle, docteur : folle à lier ! Non pas que je ne sois pas d’accord avec vous, car il est certain qu’un enfant ne se laissera jamais mourir de faim, mais il va très mal se nourrir, va grandir avec des graves carences alimentaires. Prenons mon fils, par exemple : c’est primordial qu’il mange du poisson pour son cerveau, vu qu’il va devenir médecin, avocat ou youtubeur ! Mais il n’en veut pas, le coquin ! Et la viande rouge, des légumes verts ? On en parle ?
– Bon, je vais vous prescrire de l’euphytose en grande quantité, et si ça ne va pas mieux, je vais vous donner le numéro de ma femme qui est psychiatre, parce qu’il faut vous détendre !
Perso, penser que le fiston à sa mère (hautement difficile, et fifille 2 qui copie tout sur lui) ira au lit sans manger m’est impensable, surtout que je me galère bien la vie, pour ne pas que ça arrive !
D’ailleurs, c’est bizarre, mais lorsque j’étais jeune, j’avais toujours ce fantasme de la Mama juive sépharade, qui au cas où elle recevrait quelqu’un à l’improviste, serait toujours parée d’une boite en fer pleine de biscuits qui trônerait en haut du frigo. Oui, oui, la même boite comme on voit dans les films où est planqué généralement un flingue ou de l’herbe (mais pas celle que l’on trouve dans les prairies). Ou encore, avoir toujours trois plats d’avance prêts dans le frigo ou dans le congélo, comme mes deux grands-mères le faisaient dans le passé.
Et puis, j’ai eu un mari, des petits, un boulot, et là, le rêve est parti en fumée (mais pas à cause de l’herbe dans la boite citée plus haut !). Il a fallu courir faire les courses, rarement avec une liste notée avec soin par mes soins (inexistants !) des produits manquants. C’est souvent à l’arrache avec les enfants après l’école, en réfléchissant à toute vitesse à ce que j’allais leur faire à diner en prenant tout ce que je vois. Après, j’arrive en caisse pour payer tranquillou mes courses… enfin tranquillou… ça dépend ! Si on est entre le 20 et le 30 du mois, il arrive que la carte soit … REFUSÉE ! Oh non ! Je réessaye avec une autre : REFUSÉE ! OMG ! Je regarde dans mon sac, et fiouff, j’ai un peu de cash, mais vient le choix cornélien du tri sur ce que je prends à hauteur de mes sous (bonjour la honte et la frustration maximale à se ronger les sangs !). Parfois, je dois laisser mes courses, remonter à la maison, hurler par texto à mon mari…
Eh oui, je sais, un mythe s’effondre… ce n’est pas parce qu’on habite à Manhattan, qu’on a une carte qui marche tout le temps. Eh oui, une mauvaise gestion des finances guette n’importe qui sur le globe de la terre !
Donc je récupère mes courses en sueur, je remonte, donne le bain, et cuisine. Dès que c’est prêt, je hurle : C’EST PRÊT ! La cavalerie arrive, et s’installe. Certains grognent, et je m’entends prononcer THE phrase que tous les parents de la terre rabâchent (même si je m’étais promis de ne jamais la dire) :
– Vous savez, il y a des enfants qui n’ont rien à manger, alors mangez ce que vous avez, s’il vous plait !
À ce propos, cela m’a donné l’idée d’écrire un livre pour enfants qui mettrait en scène justement cette situation où une famille sera en train de diner, et l’un des petits ferait son difficile (t’as toujours un relou). C’est là que la mère arrive avec cette grande phrase, et elle les emmènerait en un claquement de doigts (comme Mary Poppins) en Afrique, et dans plein d’autres pays différents, où elle leur montrerait la difficulté de se nourrir, et combien il est chouette de pouvoir manger de tout et à sa faim !
By the way, s’il y en a un qui me pique l’idée, je lui coupe le bras et les mains sans hésiter ! (Désolée, en ce moment je regarde la série the Walking Dead avec des zombies, donc si à la suite de ce texte, vous trouvez des excès de violences, pardonnez-moi. J.D.)
Enfin bref, jusqu’à la semaine dernière, je me débrouillais comme je pouvais jusqu’à coller le dimanche soir des menus types sur le frigo à la vue de tous les autres habitants de la maisonnée, quand un soir, ça a vraiment explosé. Mon fils est rentré de l’école en m’expliquant d’emblée qu’il avait passé une sale journée. Il a regarde le menu, et m’a informée qu’en plus, il avait déjà eu du riz le midi même. Je lui ai dit que je comprenais, et lui ai proposé autre chose :
– Blé ? Pates ? Blinis ? Couscous ? Une droite ?
– Ah non, mais tu comprends rien, je n’aime rien de tout ce que tu vas préparer ! Le mieux, c’est que je me commande de la pizza. (Il a 12 ans)
– Si tu touches ce téléphone, je te préviens que je te fais manger par le nez chaque grain de riz de ma marmite, car c’est fini ! Même pas en rêve je change de menu !
C’est le doc qui allait être fier de moi ! Finie la négo, ce n’est pas lui qui va faire la loi, c’est moi. (Même si j’ai des gouttes de sueur tellement je sens le combat venir)
D. merci, le fiston m’écoute. J’exige des excuses parce qu’on parle pas comme ça à sa mère, surtout quand celle-ci n’est pas fermée au dialogue. Et là, sans que je comprenne, tout est parti en vrille : hurlements, cris, claquage de porte… En gros, c’est mamounette qui s’en prend plein la poire à cause de sa mauvaise humeur, et le repas n’en est qu’une excuse.
Et puis ça me rappelle quand il avait deux ans, quand il faisait déjà le difficile (parce que je le laissais), puis 3, 4, 5, jusqu’à aujourd’hui, et là, je dis stop à cette effroyable peur que j’ai (de je ne sais pas où) qu’il aille au lit sans manger le pauvre, car je n’aurais pas rempli mon rôle de mère nourricière. Ras-le bol, d’être limite l’esclave-cuisinière de chacun, en pensant toujours à mettre 1 élément sur 3 (féculents+légumes+proteines) qui leur plaira !
D’ailleurs, faut que je le note aux amerloques, parce que question nutrition, et norme du sucre, ils ont un sacré problème les cocos : le meilleur gouter pour les enfants : du pop-corn qu’ils disent.
Anyway, ce soir-là, je prends mon courage à deux mains, et me dis que je ne cèderai pas, mais avant, je vais essayer de comprendre pourquoi il a eu une journée pourrie. Sauf que lorsque j’ouvre la porte… mon fiston dort à poings fermés. Je décide de le laisser, et de continuer à préparer le diner que j’avais prévu. Je fais manger mes mouflettes (elles aussi ont eu du riz à midi, mais je n’entendrai pas une plainte sur le sujet), je les mets au lit, et bonne nuit.
Le Roi du Maroc sonnem ce qui réveille le grand. Je vais lui ouvrir, je n’ai pas le temps de voir ce qu’il a dans la main, car le petit prince de la maison vient me voir le visage tout chiffonné. Je lui demande si ça va mieux. Il me dit oui, mais il ne fallait pas que je le laisse dormir, car il a plein de trucs à faire :
– Franchement, t’en avais besoin. Allez, va manger ce qu’il y a sur la table.
Et c’est là que le fiston et moi, nous entendons une voix au loin :
– Laisse chérie, je lui ai commandé une pizza, car je sais qu’il est un peu difficile.
Oh boy, mais c’est pas vrai ! Et après, on se demande pourquoi il m’arrive de craquer devant le pédiatre de mes gosses… va vraiment falloir que je parle au Roi, pour que l’on soit surs et d’une même voix face à nos enfants.
Mais alors : Faut-il forcer un enfant à manger le repas de sa mère ? Forcer non, mais ne pas lui céder de faire tout ce qu’il veut, oui ! Parce que si je prends l’exemple de Chabbat : Personne ne moufte mot, car ils savent qu’il n’y a pas le choix, vu que je ne peux pas cuisiner. Il y a seulement ce que j’ai fait ou rien ! Et en bonus, on remercie tous D. au grand complet d’avoir une table avec plein de bonnes choses, enfants compris !
Je vous embrasse. À mercredi pour une Vdm hyper spéciale genre préventive, qui m’est arrivée il y a quelques mois à la PlayRoom de mon immeuble. Comme j’ai fini mon prochain bouquin : Le temple du Temps (470pages !), j’en suis à la relecture, je pourrai vous écrire plus régulièrement. Gros bisous.
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