La rentrée… retour direct vers le passé !

La rentrée… retour direct vers le passé !

Une semaine avant la rentrée scolaire de mes enfants, et plus particulièrement celle de notre fils, mon mari et moi s’interrogions sur les différents moyens de transport qu’il pouvait utiliser pour se rendre à sa nouvelle école. Eh oui, notre petit va faire son entrée en High School (qui n’a rien de musical) à plus de 40 minutes de la maison ! Devant ce casse-tête chinois, nous avions éliminé l’option de la très serviable maman qui s’était gentiment proposé de faire la navette moyennant une somme « symbolique ». Somme, qui équivalait à la valeur du PIB du Nigeria en pleine explosion économique ! N’ayant pas de voiture, mon mari a proposé d’en louer une pour un temps, afin de le conduire tous les matins. Hum… même s’il y en a un qui serait ravi, il arriverait assurément avec 2h30 de retard, donc il est préférable de ne pas compter là-dessus et de boire de l’eau. Ensuite, vint l’option Uber, qui a été aussi vite écartée, car trop coûteuse. Puis, j’ai proposé l’idée de ces bons vieux bus et métros. OMG ! Qu’avais-je dit ? La foudre m’était tombée sur la tête !

–C’est trop dangereux ! T’es tombée sur la tête !

–Oui, enfin a 14 ans, il est grand temps qu’il affronte les dangers potentiels de ce monde, non !?

–Effroyable mère indigne ! Il est beaucoup trop jeune !

Et là, gros flashback dans le temps, lorsque, moi, je prenais le métro dans les années 2000 !

Mes parents bossant comme des chiens partaient très tôt le matin. N’ayant pas le luxe de nous accompagner ou de payer quelqu’un, nous étions tous les 4 enfants, à 7h30 du matin, dans le métro ! Ma grande sœur allait vers Boulogne et ma petite sœur, mon frère, et moi-même (14 ans) devions, après un changement, prendre la fameuse ligne 2 : Porte Dauphine-Nation. Montée : Mairie de Clichy / Descente : Belleville. Je suis certaine que vous connaissez cette ligne vous aussi !

Je devrais attendre quelques années pour prendre l’autre sens de la rame et découvrir Franklin-Roosevelt avec son Champs-de-Mars, ses cinés, ses boutiques, son Häagen-Dazs. Pendant 4 longues années, j’eu le droit à ce joli défilé de stations très connues pour ses pickpockets ! La voix féminine mécanique de la RATP nous le rappelait même et, ce, à toutes les stations et dans toutes les langues : « Attention aux pickpockets ! Watch out for pickpockets ! Cuido con los carteristas ! »

POUR ÊTRE HONNÊTE, J’AURAIS D’AILLEURS LARGEMENT PRÉFÉRÉ DÉCOUVRIR MA PROXIMITÉ AVEC LES INDIENS À TRAVERS LE CINÉMA DE BOLLYWOOD ET NON À CAUSE DE LEURS MAINS SUR MON CORPS À CHAQUE SECOUSSE DU WAGON DE MÉTRO.

On aurait dit que les hommes qui voyageaient sur cette ligne se réunissaient tous les matins et se donnaient deux mots d’ordre : Serrer, serrer et serrer Monsieur ! C’est notre seule chance !

Je revois défiler les stations avec en tête PLACE DE CLICHY. Tous les chouchous en herbe prenaient place sur les strapontins sans peur, ni crainte. Les rentrants de boîtes de nuit qui dégageaient une odeur forte de tabac froid et d’alcool, qui te faisait regretter ton petit dej’ !

PIGALLE, où se mélangeaient le Café Joseph (l’ancêtre du restau le Tips) et son Moulin Rouge avec ses vitrines de mal élevées comme disait ma mère ! Si par malheur, un jour nous passions devant en voiture, je l’entends encore nous dire : « Cachez vos yeux les enfants. C’est pas beau ! » !

ANVERS. BARBES-ROCHECHOUART. Avec les Blacks en djellaba, les Indiens dont certains étaient en turbans, l’avalanche de dames avec leurs sacs Tati à carreaux en vichy rose et blanc. Tu n’avais pas besoin de lire la station pour savoir que tu y étais.

STALINGRAD, où tu en avais eu pour ton grade, car toi ayant déjà ta taille d’un nain de jardin souffrant de problèmes de croissance, tu devais (pas par choix) t’agripper à la barre du métro. Non pas pour t’essayer au Pole Dance, sport réservé à l’époque aux danseuses des quelques stations précédentes, mais simplement pour ne pas tomber sur quelqu’un. Il fallait toujours que je me retrouve juste en dessous des aisselles d’un bonhomme rencontrant de sérieux problème de déo. Je m’en rappelle m’être consolée plusieurs fois, en me disant que j’avais toutes mes chances pour jouer dans Le Grand Bleu 2, vu le nombre de secondes que je pouvais tenir en apnée.

JAURÈS : Le 19ème ! Avec son arrivage de petits Juifs Talit Katan/ Kippa/ Bamba/ Bissli, leurs cartables trois fois trop lourds pour leurs frêles petits corps. Ils n’avaient que 2 stations, mais du haut de mes 14 ans, j’avais peur pour eux dès qu’un gars louche (IL Y AVAIT TOUJOURS UN GARS LOUCHE DANS MON WAGON !) s’approchait d’un peu trop près d’eux !

COLONEL FABIEN était le terminus pour mon minus de frère qui allait dans son école de garçons ! Et enfin BELLEVILLE : la fin du parcours pour ma sœur, les Chinois et moi-même. Nous, nous allions affronter ce quartier parfois malfamé – même si ce n’était plus seulement des gens affamés qui y vivaient. Là il y avait les Asiatiques se rendant au restau Le Président, qui exposait en vitrine ses lapins (ses chats ?) dépecés, grillant depuis la veille au soir !

Il y a eu des tas d’histoires sur ce trajet que je pourrais écrire un livre d’anecdotes. Comme cette fois-là, où j’étais en train de me maquiller (en cachette de mes parents !), quand un monsieur, imam de profession, m’avait à la fois fait la morale : « Allah a dit que ce n’est pas bien de se maquiller » et en même temps m’avait indiqué les endroits où je devais mieux étaler mon fond de teint. Ou quand, à la hâte, un jour j’avais enfilé, entre deux stations de métro, mon pantalon sous la jupe sous le regard ébahi de mes compagnons de voyage et tombant nez à nez avec ma prof de prière ! Me croyant trop rebelle du système, alors que c’était le moyen d’expression que j’avais choisi pour exprimer ce que je refusais.

Aujourd’hui, quand on y repense envoyer ses enfants de moins de 10/11/14 ans dans le métro est impensable, mais il y a 20 ans (je suis vieille, sa race !) c’était commun ! Les enfants se déplaçaient seuls en transports ! C’est vraiment depuis le décès effroyable d’Ilan Halimi que l’insouciance s’est muée en peur tout à fait justifiée ! Après, je n’idéalise pas l’époque ou MC Solaar chantait « Rabbin, prêtre, imam. Priez, aidez-OIM ». Je vous passe sous silence les vols de portable, les fous, les alcooliques… mais à la différence d’aujourd’hui, il y avait beaucoup moins d’indifférence lorsque quelqu’un rencontrait des embêtements.

Bon bah d’accord, mais alors pour mon fils on a fait quoi au final ? Quelle question, voyons ! Quand on prit la ligne 2 pendant une bonne tranche de vie, prendre sur soi et de se lever 1h plus tôt afin de l’emmener soi-même, cela ne fait

même pas peur ! Gros bisous mes amis. Très bonne rentrée

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