Quand ta vie se situe entre Pierre Richard et Kate Middleton.

Vendredi matin, je me lève de bonne humeur, car aucun enfant n’était apparu dans la nuit pour essayer de me dégager de mon propre lit. Après l’ablution des mains et du reste, en toute innocence, je pars me faire mon cappuccino maison. Je n’ai aucune idée de ce qui m’attends.

Je suis devant ma machine à café. J’attrape un gobelet en carton. J’enfonce la capsule de lait et oubliant le temps réglementaire. Je retire la capsule et reçois une giclée de lait près de l’œil droit. Pour tenter d’apaiser la douleur de la zone pratiquement brûlée à vif, je chope une serviette qui par miracle n’était pas loin. En bon chat noir qui se respecte, tout en récupérant la serviette, je fais tomber le verre rempli de lait qui se repend sur tout le long du plan de travail. À cause d’une bouteille mal fermée, je fais basculer la boisson bleue (immonde) que mes enfants raffolent. Le mélange ressemble à de l’essence de Schtroumpf ! 

 

Je veux pour éponger les deux liquides, mais ma brusquerie combinée à mon manque de vision, je fais tomber sur mon pied nu le café brûlant que j’avais préparé en amont. Deux brûlures au 2e degré à 30 secondes d’intervalle même pour moi, c’est un joli score. Me faisant cette réflexion, je me mets à rire toute seule en pensant aux gros titres du Daily Planète (s’il existait) : une jeune femme a été retrouvée carbonisée dans sa cuisine juste parce qu’elle voulait se faire un café. 

Je suis encore en train de rire toute seule, quand je me dirige vers ma salle de bain pour prendre de la Biafine pour apaiser mes douleurs. Pensant que j’allais réellement trouver la crème au moment où j’en avais le plus besoin, (y en a qui doute de rien) je m’étais mise à entreprendre des fouilles archéologiques dans ma trousse à pharmacie afin de mettre la main sur cette saleté de tube. Au bout de cinq minutes, je le trouve enfin et l’applique aux endroits brûlés. Au final, il était dans le tiroir de la cuisine que j’avais rangé là en cas d’urgence !). Le mari, qui entre temps avait ouvert les yeux, regardait avec un air étrange le petit tas blanc sous mon œil.

–Qu’est-ce qui t’est encore arrivée ?

–Une succession de gestes maladroits.

Je veux pour lui raconter ma mésaventure, mais tel un rabat-joie, il rabat la couette au-dessus de lui et me demande de lui réserver mon histoire pour plus tard. À ce stade de ma journée, j’étais sûre que je ne pouvais que passer une bonne journée !

Quelques heures plus tard, je reçois un coup de fil de la future maîtresse de mes filles. Elle venait aux nouvelles pour savoir où j’en étais dans l’avancement des devoirs de vacances. Je raccroche en lui jurant qu’on a presque tout fini (on a à peine commencé).

J’ai dû faire un transfert sur mes petits de l’un des cauchemars de mon enfance : les cafards volants et les passeports dit les cahiers de vacances. Si j’en vois un par terre ou exposé en rayon, j’en ai des frissons (passeports ou cafards confondus !). Comme tous les bons parents du monde, les miens m’obligeaient à remplir au moins deux pages par jour. J’aurais volontiers préféré m’ouvrir les veines avec les incollables ! 

Juste après, je me ruais vers mes filles pour leur éteindre sauvagement leurs écrans. Je dus pratiquement trainer leurs corps pour les faire assoir à mon bureau. Si quelqu’un avait vu nos têtes, il n’aurait qu’une phrase à la bouche :

– et trois antidépresseurs pour les Davis, trois Raymond !

Quinze minutes plus tard, (temps qu’il m’a fallu pour les convaincre), nous étions en pole position quand mon père m’appela en Facetime. Je répondais et posais son visage sur le bureau pour le mettre directement à contribution. Lui dans le rôle du gentil grand-père et moi dans le rôle de la mère dépressive qui a envie de se pendre au bout d’une table de multiplication.

En parallèle, j’ai Monsieur Durand, mon imprimeur qui s’était enfin décidé à me rappeler. Depuis que je lui avais payé ma facture, je n’avais plus eu de ses nouvelles. C’est lui qui s’occupe d’imprimer mon premier livre pour enfants Jordy l’éléphant dans sa version bilingue Français-Anglais, Hébreu-Français. La fabrication de ce livre, si court soit-il, a été la montée de l’Everest tant j’ai eu des galères. Monsieur Durand avec son accent du fin fond du Var, me sortait tranquillement qu’au lieu d’imprimer les 140 exemplaires prévus, il n’y en aura que 79.

–Et pourquoi cette différence ?

–On a plus d’encre.

–C’est dommage pour une imprimerie ! Quand vous allez en recevoir ?

–Avec ce p » »g de virus, nos fournisseurs n’en savent rien.

–Pas de soucis, vous me remboursez la différence alors.

–Ah non ma petite dame, chez nous on ne rembourse rien. On préfère vous faire un avoir.

Pour que moi, je ne me fasse pas avoir, je commence à prendre ma voix de duchesse offensée. En écho, j’entends mon père qui demande à ma mère de l’aider à trouver le paquet de pépites « parce qu’il va y avoir de la bagarre. J’adore les bagarres ! Allez ma fille, ne te laisse pas faire. » Mes filles qui font tout sauf travailler se mettent à m’encourager aussi.

–Allez vas-y maman.

Tout le long de cette conversation, j’ai l’impression d’être sur un ring de boxe. Durand contre Davis. Faites vos jeux, rien ne va plus ! Je finis quand même par trouver un arrangement avec lui. Trop fière d’avoir réussi à ne pas me laisser faire (sans l’aide de mon mari), j’abandonne mon père (qui était à la moitié du sachet) à mes filles et cours rapporter ma victoire au Roi du Maroc. Pourquoi ? Pourquoi je continue à lui raconter ma vie ? Le mari s’énerve, me dit que je n’y connais rien en business, que je devrai le laisser gérer ces trucs-là.

–Mais tu ne sais même pas ce que j’ai conclu avec lui.

–Je vais l’appeler et lui régler son compte.

Supra contrariée, je l’entends appeler Monsieur Durand du Var. Je veux tout casser, car après trois minutes, le mari m’annonce qu’il a conclu 140 exemplaires comme prévu, mais avec deux semaines de retard sur la production.

–MAIS ÇA NE M’ARRANGE PAS ! J’AI DES ÉCHÉANCES AVEC DES LIBRAIRES !

–Ah mais je n’en savais rien !

–DE QUOI TU TE MÊLES !

S’ensuit une scène de ménage, mais pas dans sa version Chouchou et Loulou, mais plus Noces rebelles. Quand la femme veut prendre des aiguilles à tricotin pour les planter dans cette horrible inégalité entre les hommes et les femmes ! Chacun repart dans son bureau et ne se reparlera plus. Vers 18 h 30, le mari me propose d’aller faire un tour au lac en bas de la maison. En fait, c’est l’Hudson, mais il aime bien l’appeler de cette manière car cela lui rappelle le lac de Créteil. À l’époque où il faisait des tours en passant devant Pizza Kash (RIP). En marchant, on essaye de sortir de sous le tapis nos soucis liés à communication. Plus on avance dans notre promenade, plus on réalise qu’il y avait une accumulation de poussières qu’on avait tendance à planquer et piétiner tout en croyant qu’on avançait dans le bon sens.   
Suite à cette discussion animée, je concluais que ma journée était vraiment pourrie jusqu’au bout. Puis, j’eus une pensée pour toutes ces femmes qui assurent que tout va toujours très bien chez elle. À celles qui n’ont jamais de problèmes « parce que leur mari, c’est une perle rare. Parce que je le vaux. L’Oréal Paris. Et moi, je suis quoi ? Une grosse naze, c’est ça ? ». Pour trouver un peu de paix, on décidait de s’assoir sur un banc. D’un coup, une dame s’approchait de nous et s’excusait de m’accoster pour me demander où j’avais acheté la robe que je portais ce jour-là. De loin, elle m’avait prise pour la princesse Kate Middleton. Après the best compliment of the world, la dame et moi, nous nous s’échangions nos bonnes adresses shopping et au bout de cinq minutes, elle part. 
Je me retournais vers l’homme et le questionnais pour savoir si je ressemblais pour de vrai à Kate. 
Mon magnifique turban vient de chez accesstory.celine/

Non rien à voir. La seule chose que tu as en commun avec elle, c’est qu’elle va être reine et toi, tu l’es déjà puisque tu es la mienne. Et si cet *&^^%$ de Durand se moque encore de toi, j’irai dans le Var pour lui faire avaler son accent ! 
                                                                                                               Avec cette gentille phrase, c’était comme si l’homme avait ajouté des pièces dans la machine à sous que représente le couple. Plus tu mets des pièces de gentillesse, plus tu augmentes tes chances d’avoir le trois cerises ! Alors assise sur ce banc, à regarder le lac de Créteil-Hudson, la réalité me frappait. À différents moments de notre journée, on peut se sentir aussi naze que Pierre Richard et aussi bien qu’une Kate. Qualifier une journée de pourrie ne signifie pas que notre passé, notre présent et notre futur le sont tout autant. Rappelons-nous toujours du fabuleux destin de Yossef. Yossef Hatsadik qui du jour au lendemain est devenu vice-président d’Égypte alors qu’il avait vécu 14 ans en prison. Rien n’est figé. Tout évolue en permanence. Il suffit juste d’y croire que le meilleur est toujours en nous !

Je vous souhaite une excellente semaine ! Gros bisous.

 

 

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