Cette lettre d’amour est destinée à tous nos célibataires et divorcés qui rentreront un soir, après avoir eu une date pourrie et qui se diront : « Non, mais sérieux, quoi ? Jusqu’à quand ? »
Si tu es marié, tu peux la lire aussi (elle est pas trop longue, t’inquiète), et la partager en masse avec tes friends. Gros bisous.
À l’époque, mes parents enregistraient souvent des documentaires et des films sur des cassettes VHS (On est loin des films à la demande et HBO !). Un jour, vers mes seize ans pour noyer un violent chagrin d’amour (Juju je te kiffe mais je te quitte ! Ps : à l’occase, tu pourras donner à ma sœur mon jeu Mario 3 que je t’ai prêté ?), croyant mourir sur place, j’avais voulu manger jusqu’à en crever devant l’un de mes films préférés au monde : la Boum/Dirty Dancing/ Rabbi Jacob. Par erreur, j’avais choisi la mauvaise cassette (c’est pas ma faute, elles étaient toutes noires et n’avaient pas d’étiquettes), et été tombée par hasard sur un film des années 80. Malgré les quinze premières minutes manquantes, le scénario m’avait tout de suite captivée : c’était l’histoire d’une jeune dame de 35 ans, Izzy, super jolie, qui travaillait à Manhattan dans une librairie qui accueillait des auteurs très en vogue. Souvent, elle rendait visite à sa Bubby (sa grand-mère ashké) qui habitait à Brooklyn, qui était un sacré personnage (la grand-mère, pas Izzy). Un après-midi, Bubby donne rendez-vous à sa petite-fille dans un parc. De loin, Izzy voit débouler « the Chadhanite »/the marieuse du quartier qui la dégoute un peu ! Son look exubérant, avec son gros cabas doré qui contient mille et une cartes de visite, sa façon de parler, ses manières douteuses, rendent la dame répugnante! Izzy, paniquée par le traquenard que sa grand-mère lui a tendu, tente de s’enfuir et lui explique qu’elle mène une vie au top, avec un appart au top, et qu’elle n’a besoin de personne pour se trouver un mari ! Bubby la retient et lui confie qu’elle se lamente de la voir seule à « son âge » ! À force de persuasion, la Chadhanite et Bobby arrivent à convaincre Izzy de rencontrer au moins une fois Sam, un vendeur de cornichons ! Ce qui ne la fait pas du tout rêver ! (On la comprend ! Faites pas vos mytho les filles ! De base, entre un chirurgien esthétique et un vendeur de patates, le chirurgien part avec un avantage ! Au moins pour toutes les retouches physiques gratuites en perspective !). Pour faire plaisir à sa mère-grand, notre libraire abdique et rencontre Sam lors d’un déjeuner en compagnie des deux entremetteuses. L’ambiance est supra tendue parce qu’Izzy montre clairement à Sam, bien qu’il ne soit pas vilain (il ressemble à Mister Sheffield dans une Nounou d’enfer), qu’elle n’est pas intéressée par lui. Malgré tout, il tente l’invitation à diner, mais sa jolie « potentielle fiancée », froide comme un pot de cornichons, décline l’offre poliment. Sam lui demande par curiosité pourquoi elle refuse de le revoir. Ultra gênée, elle lui répond qu’elle n’a pas l’habitude de faire ce genre de rencontres. Il lui sort du tac au tac :
– C’est bien le changement, parfois !
Izzy veut rétorquer mais il lui coupe la parole et enchaine avec l’histoire qui est arrivée à l’un de ses amis : Ce shmuck venait souvent me voir au magasin, avec son éternelle casquette marron enfoncée jusqu’aux yeux. Un matin, il revient complètement déprimé car un grand vent a arraché de sa tête sa précieuse casquette qui appartenait à son père décédé. Il se lamentait tellement de sa perte que je lui ai filé cinq dollars pour qu’il aille s’en acheter une autre et passer à autre chose. Le lendemain, je vois un homme splendide, très classe débarquer dans ma boutique. J’avais mis du temps à comprendre que c’était bien mon ami. Il portait un costume tout neuf, et un magnifique Borsalino qui valait beaucoup plus que cinq dollars. Tout content, il m’annonce qu’il est fiancé et qu’il va se marier. Moi, incrédule, je lui demande comment il a fait pour réaliser cet exploit en moins de vingt-quatre heures. Il me raconte que la veille avant d’aller au magasin de chapeaux, il s’était arrêté à la cafétéria qu’il avait l’habitude de fréquenter. Depuis des années il était très amoureux de la serveuse, et même si plusieurs fois, il l’avait demandé en mariage, elle refusait sa demande. Savez-vous pourquoi celle-ci a finalement accepté de l’épouser ?
Izzy fascinée par son histoire, avait répondu par la négative et attendait l’explication :
– À cause de la casquette ! Elle n’avait jamais pu voir les yeux de mon ami qui brillaient d’amour pour elle ! Alors vous voyez, parfois, faire les choses différemment nous réserve bien des surprises.
S’entêtant à son idéal, Izzy décline toujours l’offre à diner de Sam. Heureusement que notre héros ne s’avouera pas vaincu pour autant… Je vous laisse découvrir la suite car ce serait dommage de vous spolier.
Ce movie avait eu le mérite de me faire changer complètement ma vision des rencontres amoureuses. Après 1h15 j’avais fait exploser en éclats tous mes rêves de petite fille avec le prince charmant qui viendrait chez mes parents sur son cheval blanc !
Ah oui ! Je devrais vous donner de suite le nom du film aussi si vous voulez le voir, même s’il m’a fallu vingt et un ans (la vache ! Ça fait mal ! Je suis vieillllllle !) pour connaitre le titre que j’avais retrouvé grâce à la série Kimmy Schmidt.
Samedi soir dernier, à l’épisode 8, sur les coups de 3h00 du mat, (merci la sieste Chabbatique ! La fille qui a rien compris au Chabbat, et qui fait que de dormir, bref !). Je suis en trance quand je reconnais « Sam » grâce à son regard, en mode tous cheveux blancs, qui doit avoisiner les 70 piges ! Complètement stupéfaite, je pousse de grands hurlements intérieurs (parce que j’avais peur de réveiller mon Duc qui dormait-ronflait à côté. Parfois, je le pousse dans son sommeil pour qu’il change de position et qu’il ARRÊTE DE RONFLER ! Mais chut, vous lui dites pas si vous le croisez un jour.) Je tape sur Google et OMG j’ai enfin le nom du film : Crossing Delancey ! YEAH BABE !
Je ne vous cache pas que j’avais craint de le visionner de nouveau, de peur qu’il ait mal vieilli ! Alors que pas du tout ! Surtout avec cette réplique culte qui ferme la bouche aux plus pimbêches d’entre nous, quand Izzy confie à son amie que l’idée même de sortir avec un vendeur de cornichons la rebute, et qu’elle lui balance :
– Et alors ? Il faut bien que quelqu’un en vende !
J’avais fait graver cette réponse sur l’un de mes nombreux menhirs, stockés dans le jardin d’Obélix, pour être certaine de ne pas virer méprisante. (Parce que j’avais une très forte tendance à la « condescendante manie » et à me comporter parfois un peu comme Izzy avec certains gars).
C’est pour ça que toi, mon lapin, quand tu sortiras d’une énième date méga pourrie, qu’une bonne amie qui t’aime sûrement a cru que ça allait GRAVE coller entre vous, ne lui en veux pas ! Alors que toi après cinq minutes avec cette personne, tu avais juste envie d’aller la cogner ! Toute la soirée tu as pensé aisément aux mille et une façons de l’égorger car elle t’avait décrit un type (ou une fille) super, en oubliant de préciser : super chiant, super perché, super lourd, super radin, super moqueur, râleur, écorché vif par un divorce compliqué etc. Tu as toutes les raisons du monde d’en avoir marre parfois, mais je t’en prie, ne perds pas espoir ! Ne hurle pas que tu vas finir seul(e) et que personne ne t’aime et ne t’aimeras jamais ! Je sais ce que tu te dis : j’ai 25, 35, 45, 55 ,65, et le temps file, BORDELLLLLLLLL, que tu vas finir entouré(e) de 20 chats, sans jamais avoir la force de te laver, ni de sortir de ton lit, car à quoi bon ? Pour qui ? Pour quoi ?
Lis bien ces mots, mon poussin, qui viennent d’une femme mariée (que tu as envie de buter car elle ne sait pas de quoi elle parle ! Pour qui elle se prend avec sa lettre, je me mêle !), qui pour d’autres raisons que toi, a été très angoissée à cause de ce problème commun : le temps qui passe…
Le Temps est parfois notre ennemi car les années avancent et ne prennent pas en compte où nous en sommes dans notre vie. Parfois, il peut aussi s’avérer être un ami en nous aidant à nous remettre d’une peine de cœur, ou de la perte d’un être cher. Alors après plusieurs galères personnelles, j’en suis arrivée à la conclusion qu’il vaut mieux s’en faire un allié plutôt que de devenir aliénée par sa faute !
Je te souhaite all the best et de trouver ton partenaire de vie, si c’est que tu souhaites. Ne t’inquiète jamais car tu vas le trouver et il va te trouver. Vous avez juste besoin tous les deux d’un délai avant de vous rencontrer et de vous aimer fort ! Dans les moments relou : n’oublie jamais que ta famille, tes amis, et même moi, petit sucre, on t’aime !
Si tu as besoin de papoter sur ce sujet, écris-moi sur junesdavis55@gmail.com. Ou si tu veux connaitre un bout de mon histoire, mon premier bouquin est pour toi : « la Genèse » sur junesdavis.com. Je t’embrasse fort.