Avant de passer devant le Rabbin, personnellement, j’avais une image assez idyllique de la journée (et soirée) du Mikvé !
Et puis, je me suis mariée…
Plein de meufs… pardon, de femmes (désolée, en ce moment, j’ai mes origines du 9-2 qui remontent à la surface. C’est le signal que je suis crevée, sûrement à cause du ménage de la Pâques juive qui arrive !) diront :
– Comment c’est un kiff lorsque je plonge entre trois et sept fois selon les rites de chacune (chacun sa route, chacun son chemin, passe le message à ton voisin !), je me sens trop connectée avec Hashem. Avec leur voix de bouffones… pardon, de crâneuses. (C’est fini le 92, oui ? Mais va dormir un peu !).
Déjà, certaines fois sans savoir vraiment pourquoi, la journée du dit « trempage » ne se passe pas supra bien avec le con-joint ! Du coup, pour l’after-Mikvé, c’est chaud ! D’ailleurs, si à l’endroit où vous allez, vous avez l’eau du bain rituel qui est chaude, c’est que vous avez de la chance. C’est beaucoup plus agréable qu’à devoir plonger dans une eau tiède !
Oui mais voilà, ce jour où vous êtes censée retrouver votre homme, vous n’êtes jamais à l’abri d’une fight/dispute cinglante entre vous deux !
Alors, il est normal que lorsqu’arrive le soir où vous devez vous préparer, vous n’avez pas vraiment envie de lui faire cet honneur des « retrouvailles » (qu’il crève, oui !)
Et pourtant….
Je vous vois vous préparer, et vous épiler poil par poil, avec le sourcil fâché (arrêtez, cela donne des rides prématurées !).
Je vous vois vous brosser les dents, faire de grands mouvements. Passer chacune de vos quenottes au fil dentaire, à vous déchiqueter la gencive au passage.
Vous irez même jusqu’à retirer vos peaux mortes, alors que vous auriez préféré avoir la peau vivante de votre mari en souper agrémentée de citrons !
Il faut avouer qu’il est seul à vous mettre dans des états de rage pas possible, alors qu’avec TOUT le monde, vous êtes si sympa, si douce, et si gentille. Du coup, c’est avec rage, que vous vous brossez les cheveux !
Juste avant que la dame/la balanite vous appelle, vous voilà à vous regarder le nombril, alors que ce n’est pas du tout votre style. De plus, vu l’ambiance qui vous attend à la maison, il aurait mieux valu se vautrer devant une série jusqu’à minuit pour galérer le lendemain au moment du réveil !
Mais brave comme vous êtes, vous continuez de faire cette Mitsva, pas que pour le Roi de la maison, mais pour le Roi des Rois, qui nous a commandé de le faire : pour les enfants, leur protection, l’harmonie du foyer…
Et puis, vous savez très bien que malgré les recommandations que vous avez spécifiquement formulées avant de quitter l’appart, la moitié ne sera pas effectuée :
– Écoute, je sais que c’est la guerre froide entre nous, mais comme je ne sais pas pour combien de temps j’en ai, est-ce que tu peux, s’il te plait, s’il te plait, t’occuper de coucher les enfants avant que je revienne.
– Mais y a foot à la télé !
– Et moi j’ai piscine.
– T’en as pour combien de temps ?
– Je viens de te dire que… bon, laisse tomber. Tout dépend, la dernière fois en pleine semaine, c’était Tchik Tchak, mais vu qu’on est samedi soir, il risque d’y avoir du monde.
– Maman, tu vas où ?
– T’occupe petit ! À plus.
À peine la porte claquée, vous entendez l’homme dire à l’un de vos enfants :
– Non mais t’as vu comment ta mère est de mauvaise humeur en ce moment, non mais je te jure… ça ne donne pas envie, mon fils, crois-moi !
Tout en appuyant sur le bouton de l’ascenseur, vous calculez les milliards de point éducatifs que le mari vient de perdre en une seule et unique phrase.
Cette « contrariété » vous prendra aux tripes pendant votre trip ! Jusqu’à vous retrouver devant la Balanite, qui vous demandera avant le grand plongeon :
– Ça va honey? T’as une petite mine.
Et là, vous vous dites :
– Attends, je sais que je ne suis pas maquillée, mais quand même ! Elle en a vu défiler avant moi, ce soir, en total no make up, donc si elle me dit ça, c’est que vraiment, j’ai une sale tronche.
La dame qui n’est pas née de la dernière pluie qui a rempli le bassin d’eau, vous fera une petite bénédiction en bonus après les fameux Cacher (non, tu recommences, t’as un cheveu qui contrairement aux autres, n’a pas voulu se mouiller). Elle vous serrera la main, ce qui voudra dire bravo d’avoir rempli ton contrat malgré tout.
Tout en vous rhabillant, la rage que vous aviez n’est plus aussi vive qu’à l’aller.
Bon, allez, je l’ai fait, y a plus qu’à rentrer le retrouver, même si même pas en rêve il s’approche de moi. C’est vraiment pour la Mitsva propre à la femme que je l’ai fait (en plus, là, pour le coup, elle est vraiment propre !).
Vous rentrez, et c’est avec étonnement que vos enfants (tous) sont vraiment couchés. Tiens ! Que s’est-il passé ? Pourvu qu’il n’ait pas mis la main sur le somnifère que je garde au cas où vraiment je peux plus le supporter.
En tout cas, c’est agréable, et ça change de d’habitude, où je me tape tout et après, on s’étonne que j’aie envie de le frapper !
Vous le trouvez même assis en tailleur sur le canapé, car il vous… attendait ! Il posera la question pour une championne :
– Alors, ça a été ? Y avait du monde ?
C’est quoi cette question ? Remarquez, c’est la même que vous posez chaque fois qu’il rentre de la syna, c’est de bon ton !
Il vous sourit, malgré le fait que vous ne soyez plus très sure du pourquoi vous êtes énervée contre lui, mais vous ne lui rendez pas son sourire (Chmata !). Il se lève. Vous vous asseyez. Il se rassoit près de vous. Il vous tend la main (dans le vrai sens du terme), vous continuez de bouder :
– Allez, femme, arrête de faire ta relou.
Vous avez envie d’exploser : c’est moi qui suis relou maintenant ? Celle qui pendant douze jours te fuit, qui veut t’épargner une énorme faute ?
Et puis sans crier gare, il vous fait rire :
– Bon, j’ai compris. Imagine qu’il y a eu un énorme tremblement de terre, qu’on est plus que tous les deux seuls sur terre, mais genre y a vraiment plus personne ! Est-ce que tu penses que j’aurais une chance avec toi ?
– Je ne sais pas. Faut voir jusqu’où peut aller mon sacrifice ! Est-ce que le repeuplement de la terre dépend de nous, ou il y a d’autres gens quelque part sous les décombres ?
– Que nous. Personne d’autre. Je suis le seul ! Bon évidemment, à part la chanteuse Cher !
– Pourquoi Cher, quel rapport avec elle ?
– Tu sais ce que disent les américains sur elle ?
– Non.
– Que même si c’est la fin du monde, il y aura toujours Cher et les cafards. Les deux espèces sont « inmourables ».
Et contre toute attente, vous vous mettez à rire… puis vous le regardez, et vous vous dites : bon, ce n’est pas un si mauvais bougre, après tout…
Vous le laissez vous enlacer, et vous retrouvez l’être aimé qui vous a tant gavé autant que d’aller au Mikvé, sauf que maintenant, vous avez cette option de pouvoir vous aimer de nouveau, et d’effacer les effluves du passé*.
Vive le Mimi, vive les retrouvailles et enjoy the jewish life, hon’ !
Très bonne semaine.
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*Je suis en pleine écriture de mon nouveau roman : Le Temple du Temps. Tome 1, la moitié du livre se passe au dix-septième siècle, donc je vous préviens d’avance, je risque d’utiliser beaucoup de termes bien ringards… euh pardon, poétiques !