Lors de mes dernières vacances à Miami (qui remontent à la semaine dernière), entre les deux fêtes, nous sommes partis en famille au CVS (superette américaine) ouvert 24/24, pour acheter de l’eau, afin de nous éviter de mourir totalement desséchés de l’intérieur !
Arrivés aux caisses, et après avoir fait le tri, de plus de trente-quatre produits qui ne servent strictement à rien, que nos enfants avaient posé « vlan-que-je-te-prends-tout-le-magasin-hop-ni-vu-ni-connu », on s’apprête à payer.
D’un coup, j’entends un enfant qui appelle sa maman. Plus les minutes passent, et plus ce même garçon réclame sa mère de façon plus intense :
– Houlà ! Ça sent l’enfant perdu ! me dis-je.
Je décide d’aller à la rencontre du petit bonhomme, et c’est guidée par ses pleurs, que je découvre un garçon qui doit avoir entre huit et neuf ans, totalement paniqué, portant une kippa. Ça m’étonne pas plus que ça, parce qu’il faut dire qu’à Miami, on compte autant de bouches (et le reste) siliconées, que de feujs au mètre carré !
Bref, je me penche vers l’enfant, et lui demande :
– Alors petit, t’as perdu ta maman ? Tu veux que je t’aide à la retrouver ?
Pris de peur, il se remet à pleurer de plus belle, et détale comme un lapin à travers les rayons. Mes enfants, curieux comme leur mère, viennent juste de me rejoindre quand je finis de recevoir cette crampe légendaire. Alors je décide d’envoyer mon fils l’aider. Peut-être qu’entre enfants, ça passera mieux ! Mais pas du tout, le voilà en train de mettre encore plus de distance entre lui et nous.
Sans se démonter, on se met à courir après le petit perdu, en lui criant :
– Reviens petit ! ON VEUT T’AIDER ! S’IL TE PLAIT, LAISSE-NOUS T’AIDER À RETROUVER TA MAMAN !
J’avoue que de loin, quelqu’un qui serait extérieur à la scène aurait pu me confondre avec une folle psychopathe, qui fait peur aux enfants !
D’ailleurs, il a carrément préféré se réfugier chez une grand-mère qui passait par là, et qui achetait une pelle (une pelle ? Ils vendent même des pelles, c’est fou ça !).
Avec son analyse légendaire, mon fils me dit :
– Comment il s’en fiche de nous ! Je comprends pas pourquoi il demande à la vieille et pas à nous !
– Mais je n’en sais rien, mon fils, j’en sais rien ! Et on dit pas la vieille, on dit la dame âgée.
Voyant que la mère-grand a pris les choses en main, on retourne voir mon mari imperturbable, qui n’avait pas bougé d’un pouce. Je lui raconte ce qu’il vient de se passer, et la seule chose qu’il me sort, c’est :
– Ah, c’est pour ça que je t’ai vu courir avec les enfants. Excuse-moi, mais on aurait dit une malade, même moi, tu m’as fait flipper !
– J’essayais d’aider !
– Oui, oui. Par contre, tu devrais donner un petit coup de peigne à ta perruque.
En allant au rayon peigne, je vois qu’un attroupement s’est formé autour du petit. En tendant l’oreille, je comprends que la mère a bel et bien oublié son mouflet dans le magasin.
L’attroupement se déplace à l’entrée du CVS, pile à l’endroit où mon mari et moi attendons notre taxi pour partir. Entre temps, le responsable, le manager, trois dames, et quatre messieurs, commentent la nouvelle, et essayent de rassurer le petit avec des paroles réconfortantes, mais rien ne se passe. Et puis, de nulle part, mon mari s’approche du garçon, et lui demande :
– Dis-moi, toi. Tu ne connaitrais pas par hasard le numéro de téléphone de ta mère ?
Verte de jalousie que le petit se mette à répondre à mon mari tranquillement. Il l’informe que oui, bien sûr qu’il connait le numéro. Micka lui tend son portable, et le laisse composer les chiffres.
Ce qui nous donne tous l’air bête, de ne pas y avoir pensé plus tôt ! Comme quoi, un geste et quelques neurones qui fonctionnent, peuvent nous sauver des situations même les plus épineuses.
Mon homme a la fameuse maman au bout du fil (qui va prendre cher, les gens ont des Kalachnikovs à la place, des yeux. C’est tout le CVS qui l’attend de pied ferme pour lui passer le savon du siècle !), et elle lui explique qu’elle rapplique de suite. Elle pensait que son fils était avec le papa.
Effectivement, à peine deux minutes plus tard, la mère arrive, se confond en excuses auprès de son fils, et veut filer à l’anglaise, sauf que nous sommes aux Etats-Unis, et qu’elle se fait mitrailler par la mère-grand. Elle réitère son explication, remercie mon mari chaleureusement (bas la patte, galeuse, il est à moi, tu dis merci, et tu dégages, sinon, tu vas vraiment avoir des problèmes !). La mère veut s’en aller (avec son fils, cette fois), mais le petit la retient, car il veut qu’elle lui achète un marqueur pour écrire dans le noir (encore un truc qui sert à rien, mais que les enfants adorent !). Sa maman lui dit :
– Oh non, Honey, sorry, on doit rentrer !
Mon fils, qui a suivi toute la scène, se met à avoir un fou rire. Je me retourne, et lui demande ce qui le fait rire :
– Si c’était toi qui m’avait perdu, même deux minutes, c’est pas un marqueur que tu m’aurais acheté pour te faire pardonner, mais tout le magasin !
– Pas faux, mais ma culpabilité n’aurait servi à rien !
– Si, ça m’aurait servi, à moi ! Je sais ce qu’il me reste à faire pour avoir la nouvelle version de la PS4.
– T’es pas sérieux, j’espère ? Tu sais que ce qui s’est passé est très grave, et que la mère et le fils ont eu de la chance de tomber sur des gens « normaux »…
Et c’est sur cette grande conversation que nous sortons enfin du magasin.
Plus tard, nous sommes tous d’accord pour affirmer que mon mari a été le héros de la soirée :
– Tu vois pas ! J’ai juste pensé qu’à neuf ans, un enfant devait sûrement connaitre le numéro de sa mère ou de son père, rien de spécial !
Mais surtout, je me suis remise en question par rapport à ce qui s’était passé. Il arrive parfois dans la vie, que l’on croise des enfants ou des adultes qui sont en galère, mais qui n’ont pas forcément envie d’être secourus, par nous ! La preuve, j’ai eu beau insister et encore insister à vouloir aider ce petit, pour faire ma « bonne action » du jour, mais j’ai dû me rendre à l’évidence que cette Mitsva ne m’était tout simplement pas destinée…
Il fallait dorénavant que j’apprenne à m’incliner/ lâcher l’affaire dans certains cas, pour laisser la place… aux autres !
Cependant, si VOUS, vous avez besoin de moi, n’hésitez pas à me contacter sur junesdavis55@gmail.com
Je vous embrasse, et vous retrouve lundi pour une chronique un peu (mais pas beaucoup) explosive : Poissonnière ou Tsadekette, à nous de choisir !
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