Déjà, pour commenter la photo qui illustre cette sortie familiale : NE PAS FAIRE ATTENTION aux chaussettes que porte mon fils mises de façon tyrolienne :
– Tu comprends maman, il y a des tiques qui peuvent nous dévorer la peau jusqu’à l’os !
– Des quoi ?
– De tiques ! T’as pas lu chez le pédiatre, la mise en garde ? Pourtant, c’est ton rôle de te tenir informée !
Pour l’avoir fréquenté assidument depuis plus douze ans, je sais de source sûre (la mienne) que mon petit chéri a toujours aimé prendre des risques et vivre dangereusement, et ça, depuis petit. Autant les deux autres auraient tendance à vouloir se rouler dans l’herbe, à courir pieds nus dans le foin, autant lui, c’est une autre « personnalité ». Mais il faut rendre à César ce qui est à César, c’est Fiston d’amour qui a eu cette brillante idée d’aller tous à la cueillette de pommes pour en avoir des toutes fraiches les soirs de Rosh Hachana/ la nouvelle année * (éléments à avoir sur son plateau en ps).
De base, j’avais hésité à les accompagner, parce que j’avais eu un petit problème à la cheville qui m’a fait porter un bandage, me faisant boiter un peu. Du coup, je trouvais périlleux d’aller marcher dans les champs, mais sous la pression des miens, j’ai du céder. Le truc c’est qu’en arrivant là-bas, nous avons croisé beaucoup d’inconnus, qui eux aussi étaient là pour la cueillette. Gentils et ultra civiques comme sont les américains, chaque fois que l’un d’eux me croisait, il me demandait :
– Bah alors ! Vous vous êtes fait ça comment ? Qu’est-ce que vous avez au pied ?
Cela m’a vivement rappelé mes souvenirs des derniers mois grossesse, quand j’avais le ventre tout dehors (je précise parce que ma belle-sœur elle, quand elle est enceinte, a le ventre tout dedans !) et que plein de personnes que je ne connaissais absolument pas, me demandaient dans la rue :
– Alors, c’est pour quand ? C’est quand votre terme ? Oh la la, vu votre ventre, vaut mieux que ça sorte bientôt !
Et après le vingtième, « vous avez quoi ? », je me suis dit qu’il avait été dommage que je ne me balade pas avec un panneau où aurait été inscrit : je me suis fait piquer par un moustique, et cela m’a déclenché une infection sévère. D’ailleurs, après avoir vu ma photo via WhatsApp, ma mère m’avait dit d’un air lugubre : c’est peut-être la gangrène, cours chez le docteur ! C’est pas normal, ce jaune qui coule ! Blague douteuse quand tu as tendance à faire des crises d’angoisse pour un rien. Bref ! Pendant que nous commencions à arracher des pommes de leur arbre, j’entendais derrière mon dos qu’une bagarre générale entre mes enfants avait éclaté. Ils s’étaient mis à s’envoyer des pêches et des pommes (oui, il y avait des pêches aussi), avec des cris stridents, des cheveux tirés, voire arrachés à pleines poignées, avec distribution de coups de pieds sans vergogne par celui qui visera le mieux. Tout ça pour quoi ? Si j’avais bien compris, c’était parce qu’ils voulaient tous les trois être assis sur le petit chariot qui servait à mettre nos fruits. Puis ensuite, il y a eu un incident : fifille 1 qui était déjà dans le chariot, sous la pression des coups est tombée à la renverse, les quatre fers en l’air, en se prenant en pleine figure plus de trois kilos de pommes granny smith. Reflexe du mari qui me regarde paniqué :
– Mais enfin chérie, fais quelque chose !
Réflexe d’une mère qui s’est occupée non-stop de ses gosses pendant l’été et qui compte les heures avant la rentrée (mercredi !) :
– C’est pas mon problème, et que le meilleur gagne !
Vu la tête de mon homme, choqué par ma réponse, il a fallu lui prouver que je rigolais (alors que non), j’allais ramasser ma petite gueuse du sol, qui était tout aussi choquée que son père, mais pour d’autres raisons (la trace de la granny smith restera dix bonnes minutes incrustée sur sa joue, la pauvre chérie !).
Une fois remis de nos émotions, la rumeur est parvenue jusqu’à nous qu’il y avait aussi des poivrons et des tomates de toutes les couleurs. On s’est tous mis en route pour aller en cueillir, motivés par une phrase mythique prononcée par fifille 2 :
– Pour faire une bonne salade cuite pour les fêtes.
Au bout de quinze minutes de cueillage intense, mon mari et moi étions épuisés et tout dégoulinants à cause de l’effort exceptionnel fourni ! Du coup, ceux qui bossaient là-bas toute l’année nous avaient regardés avec un air amusé, car nous donnions une image assez pitoyable de gens urbains qui côtoyaient pour une journée le monde agricole. Je vous passe les détails où pour agrémenter cette cueillette, il y a avait à disposition des jeux style « interville » avec montée de vachette. Mon mari se croyant vraiment dans la peau d’un Cowboy à la dent dure, s’est dit qu’il allait relever le défi pour se rétamer le nez au sol, après seulement deux secousses comme tout homme de la ville !
Vers la fin, en ramassant des aubergines (oui, il y avait aussi des aubergines, c’était une grande ferme), j’avais eu une pensée pour nos ancêtres, qui pour vivre, devaient labourer les champs, en pensant à l’évolution de l’humain car la seule chose dont moi j’avais envie après cette journée, c’était qu’on me laboure le dos !
Pour conclure, la vie à la campagne n’est définitivement pas pour moi. L’envie d’aller vivre dans un Kibboutz m’avait bien effleuré l’esprit à l’âge de 18 ans après avoir vu Pour Sacha (la scène dans le champ de coton avait particulièrement traumatisée une petite relige comme moi !) mais après cette expérience c’est : Vive la ville et sa pollution !
Le positif, c’est qu’on est revenus avec de très bons produits locaux, ce qui m’a évité d’aller au supermarché, même si finalement, la moitié s’est avérée pourrie, tout ceci pour la modique somme de 85 dollars. Je vous embrasse. À très bientôt. Shana Tova oumetouka.
Ps : Avant Roch Hachana, procurez-vous les ingrédients suivants : Les Dattes, les Haricots blancs, les poireaux, les betteraves, de la Courge, de la Grenade, de la Pomme (chez certains : cuite dans du sucre) et miel, une Tête de bélier (ou de poisson). Gros Bisous et passez de super fêtes.
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